Payer pour sa porno : pourquoi?

Il y a quelques années, à une époque où les clubs vidéo existaient encore, il m’arrivait de regarder les portes battantes qui cachaient les DVD un peu collants et de me demander : mais qui donc paie pour louer des films de foufounes, quand l’internet est composé à 94 % de pornographie? (L’autre 6 %, c’est TikTok pis les courriels de job.)

Quelques années plus tard, les clubs vidéo ont disparu, mais mon interrogation demeure : si l’industrie de la pornographie est si payante, c’est qu’il y a des gens qui paient pour leur porno. Ça peut pas être juste des revenus de bannières publicitaires qui nous informent de célibataires cochon.ne.s à 500 mètres (je suppose que les filles hétéros se font également proposer des célibataires cochons, right?).

Et ce sont peut-être eux qui ont raison. Après tout, il y a de fichues bonnes raisons de payer pour sa pornographie.

Me semblait qu’on avait réglé le cas avec la musique et les films; quand c’est gratuit, c’est souvent que l’artiste n’est pas payé.e, ou presque pas.

Prenez l’exemple de Spotify, avec ses fractions de cennes pour chaque écoute.

Il ne faut pas penser que c’est bien différent dans le domaine de la pornographie. L’effet pervers (lol) de la pornographie dite gratuite sur les PornHub de ce monde, c’est que les revenus des boîtes de production et des acteurs et actrices ont fondu comme silicone au soleil.

PornHub, accusé d’héberger des vidéos d’abus sexuels, a purgé près de 80 % de ses vidéos à la fin de l’année dernière, notamment afin de combattre le piratage et la revenge porn. Un pas dans la bonne direction, certes, mais il n’en demeure pas moins que les compagnies de techno, qui ne produisent pas elles-mêmes de contenu, font beaucoup plus d’argent que les créateurs et créatrices de contenu.

Et contrairement aux musicien.ne.s, les vedettes de la porno peuvent plus difficilement se rattraper avec la tournée et la vente de merch.

Une autre raison de payer : la qualité.

Vous rappelez-vous avant que Netflix soit répandu, comment on regardait nos séries sur des sites louches pleins de pop-ups et avec une qualité d’image qui donnait l’impression d’écouter un VHS dans le fond d’une piscine?

Ben regarder de la porn gratuite, c’est l’équivalent de cette expérience-là. La qualité est bien meilleure quand on paie le juste prix : plus grande sélection, meilleure qualité d’image, téléchargements, films plus longs… vous en avez plus pour votre argent.

… En tout cas, c’est ça qu’on dit. Moi, je ne regarde jamais de porno (heille, ma mère lit mes articles, OK?).

Payer, c’est aussi s’offrir du matériel qui convient plus spécifiquement à nos goûts personnels. Quel que soit votre fétiche (on ne kink-shame pas ici), un site plus spécialisé vous attend.

De la même façon, vous pouvez encourager directement votre modèle préféré avec des sites comme OnlyFans et Fansly, qui peuvent s’avérer très payants pour les gens qui y participent.

Autre argument pour sortir votre carte de crédit en même temps que vos parties intimes de vos pantalons? La pornographie éthique.

C’est quoi, la porno éthique? Le terme est large, mais en gros, c’est une pornographie inclusive, tant au niveau des genres que des types de corps. C’est également une forme de production qui sert avant tout les artistes et artisan.e.s; on s’assure que les actrices et acteurs soient payés à la hauteur de leur travail.

Et si vous êtes tanné.e.s des corps plastiques et de l’aspect souvent misogyne de la porno, vous serez probablement mieux servi.e.s par la porno éthique.

Mais pour ça, il faut payer.

Bref, que ce soit par souci éthique, par solidarité envers les artistes ou simplement parce que vos goûts sont… particuliers, toutes les raisons sont bonnes pour payer pour sa porno.

Après tout, si on trouve naturel de payer un artiste quand il ou elle nous livre son cœur dans les pages d’un roman ou dans les paroles d’une chanson, pourquoi ne pas le faire quand l’artiste nous livre son c… en tout cas, vous comprenez.