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Patte de lapin et talon de paye : la superstition dans le monde des affaires
Vous voyez ce cher petit chat doré presque chaque fois que vous allez manger une soupe tonkinoise. Les Japonais et les Vietnamiens l’appellent maneki neko, les Chinois, zhāocáimāo, et c’est un symbole de prospérité.
Ce n’est pas le seul objet qui éveille la fibre superstitieuse des boutiquiers. Selon une coutume turque qui s’est répandue autour de la Méditerranée, un globe oculaire bleu stylisé que l’on appelle nazar boncuk protège les boutiques et les domiciles contre le «mauvais œil». On ne doit jamais l’acheter soi-même, mais plutôt le recevoir en cadeau.
Et vous avez sûrement déjà aperçu un billet (normalement une petite coupure) placardé derrière la caisse. Il s’agit du premier billet encaissé par le magasin. Sans pouvoir identifier précisément les origines du rituel, on dit qu’il apporte chance et richesse. C’est une coutume répandue à travers le monde.
Je te gage un 5
Ces pratiques indiquent une certaine tendance à la superstition chez les propriétaires et patrons qui croient que la luck joue pour beaucoup dans le succès d’une entreprise. Mais elles sont plutôt anodines. Par exemple, Coco Chanel affectionnait particulièrement le chiffre 5 et son parfum le plus populaire est là pour nous le rappeler.
Coco Chanel trippait tellement sur le 5 qu’elle a lancé toutes ses collections un 5 mai, c’est-à-dire le cinquième jour du cinquième mois de l’année.
Ça prend parfois des proportions qui dépassent l’anecdote. La même Coco Chanel trippait tellement sur le 5 qu’elle a lancé toutes ses collections un 5 mai, c’est-à-dire le cinquième jour du cinquième mois de l’année. A-t-elle réussi à cause du 5 chanceux ou parce qu’elle avait un talent indéniable? Les amateurs de pattes de lapin vous diront que c’est un peu des deux.
Chose certaine, les superstitions améliorent la performance. Patrick Roy avait bien raison de parler à ses poteaux, finalement. Mais c’est aussi vrai pour ceux qui doivent prendre des décisions au quotidien comme les gens d’affaires, car ce genre de pratique augmente la confiance et l’efficacité.
À grosse compagnie, gros rituels
Et que faire de ces rituels de compagnie qui frôlent parfois la superstition? Les exemples de multinationales qui imposent des rituels quotidiens à leurs employés abondent.
Chez Walmart, avant chaque ouverture de magasins, les «associés» se mettent en cercle et entonnent un chant de ralliement motivateur. C’est vrai que chanter en groupe, ça aide à oublier qu’on travaille au salaire minimum.
Apparemment, Yelp encourage les employés de son quartier général à frapper sur un gong après une bonne vente. On raconte aussi que chaque jour à 14h, toute l’équipe s’adonne à une séance de calage de Redbull. On appelle ça la power hour.
Ces rituels donnent peut-être une certaine gratification à ceux qui atteignent leurs quotas, mais l’effet ne semble pas se répercuter sur le sentiment d’appartenance des employés puisque Yelp souffre d’une rotation de personnel effrénée.
Ne jamais dire «superstition, je ne boirai pas de ton eau»
Mais revenons aux superstitions. Car au-delà des patrons, les clients aussi sont superstitieux.
Chaque vendredi 13 aux États-Unis, les commerces font entre 800 et 900 millions de dollars de moins que lors d’une journée normale.
Des études montrent que les vendredis 13 sont de très mauvaises journées pour les commerçants. Chaque vendredi 13 aux États-Unis, les commerces font entre 800 et 900 millions de dollars de moins que lors d’une journée normale. Consciemment ou non, le client moyen aura tendance à rester chez lui et à moins dépenser.
Plusieurs compagnies crient vengeance et exploitent la superstition des clients. Si on en croit la promotion que la compagnie aérienne Icelandair a annoncée le 7 juillet 2007, la numérologie est un excellent outil de marketing. Ou encore le concours de Walmart Lucky in Love Wedding Search qui a permis à sept couples de célébrer gratuitement leur mariage avec 77 invités.
Appeler son restaurant déjeuner «Supeggstition», une bonne idée?
Du plus petit chaton en or, au plus grand cri de ralliement de Walmart, la superstition a tendance à se glisser dans toutes les sphères du monde entrepreneurial. Certains dirigeants de compagnies ont leurs bobettes chanceuses, au même titre que les cols roulés noirs de Steve Jobs.
Si l’astrologie, la numérologie, et des centaines d’autres pratiques et rituels sont parvenus à accompagner l’humanité à travers sa grande histoire, on peut en conclure qu’il est tout à fait raisonnable d’être un peu irraisonnable.
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