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Passion champignons maison
« Avoir des champignons » personne ne veut ça.
Vraiment? Ça dépend lesquels.
La pandémie n’a pas fini de nous surprendre avec ses nouvelles modes et façons de voir la vie, faire pousser ses propres champignons comestibles à la maison commence à devenir aussi hawt qu’une combinaison café thirdwave + paire de Birkenstock pour les millénariaux.
En effet, les mycologues amateur.e.s poussent comme des champignons (désolée) un peu partout au Québec en ce moment et il n’est pas trop tard pour embarquer dans le bac de terre (OK, on arrête les jeux de mots poches). On vous explique comment.
Explosion de champignons
Décidément, la passion des champignons se fait sentir depuis le début de la pandémie comme l’explique Judith Noël-Gagnon, biologiste et copropriétaire de la Mycoboutique. « Nos ventes en ligne ont vraiment augmenté en un an. On devra agrandir le sous-sol parce qu’on ne fournit pas à la demande en ce moment », confie-t-elle.
Mais comment expliquer un tel engouement? L’intérêt des gens envers les champignons se traduirait par une recherche de simplicité dans le DIY alimentaire, selon Geoffroy Renaud, fondateur de Champignons Maison. « Les gens s’y intéressent parce que ça peut pousser sur un espace restreint, ça ne demande à peu près rien à part de l’humidité et ça mange vos déchets alimentaires ».
L’intérêt des gens envers les champignons se traduirait par une recherche de simplicité dans le DIY alimentaire.
Bon. Alors comment on s’y prend si on veut manger ses propres moisissures fraîches (miam miam)?
On va se concentrer sur 2 façons pour y arriver : une assez simple et une plus complexe pour les mycologues en quête de défi.
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La trousse de départ
Beaucoup de débutant.e.s qui voudront se lancer dans la culture des champignons à la maison se procureront une petite boîte de départ dans une boutique comme celles de Judith et Geoffroy.
Vous l’aurez deviné, c’est la méthode la plus facile. Suffit d’arroser la substance que contient la boîte quelques fois par jour pour voir émerger de beaux bouquets de pleurotes ou de délicieux shiitakes en quelques semaines. Ces boîtes peuvent produire de 3 à 4 récoltes habituellement.
Suffit d’arroser la substance que contient la boîte quelques fois par jour pour voir émerger de beaux bouquets de pleurotes ou de délicieux shiitakes en quelques semaines.
Même si elle n’a pas le pouce vert, Camille Lavictoire-Boulianne a justement tenté l’expérience récemment. « J’ai toujours aimé les champignons. J’habite près du marché Atwater, et je me suis mise à cuisiner davantage avec la pandémie : je me suis dit que c’était l’occasion d’essayer de les faire pousser moi-même ».
La comptable de 24 ans a commandé une trousse de départ de pleurotes roses il y a quelques semaines. Elle a pu faire deux bonnes récoltes jusqu’à maintenant, mais la troisième s’annonce moins importante. « Le bloc commence à être sec, même si je l’arrose autant. Je pense racheter une boîte et me construire un bac pour la mettre dedans, ce sera plus joli. », explique-t-elle.
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Les délicieuses récoltes roses que Camille mange dans ses omelettes, ce sont les fruits. Et la substance dans la boîte, ce sont les racines : ce qu’on appelle le mycélium aka la clé pour faire pousser ses champis avec notre technique numéro 2 plus «expert».
Le mycélium, c’est comme un estomac, mais qui fonctionne un peu à l’envers. En lui donnant des déchets alimentaires ou du marc de café, de la paille, du carton mouillé, name it, il produira un fruit, qu’est le champignon.
Le mycélium, c’est comme un estomac, mais qui fonctionne un peu à l’envers.
Magique, hein ? Pas tant en vrai. C’est juste la nature qui opère.
Pour un mycélium réussi, il faut réunir quelques éléments de base: des tiges de champignon (qui contiennent un peu de mycélium pour starter la patente), de la «nourriture» qu’on appelle substrat (déchets alimentaires et autres) pour le faire grandir, de l’humidité constante et de l’oxygène.
Même si ça semble relativement simple, il y a des enjeux à considérer dans cette science fongique et fascinante.
« Il faut faire très attention aux bactéries qui pourraient se multiplier dans le mycélium maison. Si une autre bactérie se propage dedans, ça pourrait le faire pourrir et empêcher le champignon de pousser. C’est pourquoi le substrat doit être pasteurisé avant. Nous, on procède en laboratoire pour s’assurer que le champignon sera le seul micro-organisme à croître dans le substrat », raconte Judith Noël-Gagnon.
«Si une autre bactérie se propage dedans, ça pourrait le faire pourrir et empêcher le champignon de pousser».
Ouin. Ça avait l’air facile quand on parlait de carton mouillé, mais le laboratoire, mettons que c’est moins user friendly.
Geoffroy Renaud lui a une autre technique pas mal plus «cowboy». Il affirme retirer les parties qui seraient visiblement colonisées par d’autres moisissures avec une cuillère lorsqu’il en voit, et laisser le mycélium faire son œuvre pour le reste. Un peu comme on ferait en enlevant un morceau de moisi sur du vieux pain (quoi, vous ne faites pas ça !?)
Comme on commence à le comprendre, faire son propre mycélium n’est pas de tout repos. Parlez-en à Thomas, un mycologue amateur depuis maintenant 3 ans, qui a toujours eu beaucoup de plaisir à cueillir les champignons en forêt, mais qui s’est buté à quelques échecs face à la concoction de son mycélium maison.
«Ça fait 3-4 mois que j’essaie. Je peux plus abandonner après avoir mis autant de temps et d’efforts. Ce qui est un peu plate, c’est que ça prendra 2-3 semaines avant que tu saches que tu as manqué quelque chose».
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«Ce qui est un peu plate, c’est que ça prendra 2-3 semaines avant que tu saches que tu as manqué quelque chose».
Avec du recul, Thomas avoue que d’acheter un kit préconçu est peut-être l’option la plus simple pour quiconque souhaite commencer à cultiver des champignons, pour pouvoir mettre autre chose sur sa pizza que de la paille mouillée.
Mais tout de même, on ne veut pas vous décourager : selon nos sources, des champignons frais cultivés dans le confort de votre logement, c’est vraiment délicieux. Ça l’air que les pleurotes bleus, ça goûte un peu la noisette grillée.
Bons champignons!
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