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Partir en voyage avec nos parents: oui ou OMG PLUS JAMAIS?
J’ai une petite tendance à m’organiser un brin à la dernière minute quand je pars en voyage. On dirait presque que j’aurais besoin de pré-vacances pour trouver le temps de planifier… mes vacances. Anyway. Je confiais cette fâcheuse habitude à mon père autour d’un petit repas dominical… et sa réaction m’a prise de court. « Viens donc au Mexique avec moi! » Il partait dans moins d’une semaine (ouep, je ne tiens pas du voisin). Spoiler alert : j’ai spontanément refusé l’invitation.
On va se dire les vraies affaires. Je les aime mes géniteurs, mais je me rends compte que pour moi, « décrocher » ne rime pas vraiment avec « parents ». En fait, ça ne rime pas du tout. Niet. Est-ce parce que c’est dur de développer un lien funné avec quelqu’un qui t’a plus souvent dit « Va te brosser les dents! » que « Veux-tu un autre verre? » Est-ce parce que je n’ai pas envie de faire le tour du monde avec les deux plus grandes figures d’autorité de ma vie (oui oui, encore à 32 ans)?
Et j’ai pensé à tous ces gens qui voyagent volontairement avec un — ou même leurs deux créateurs! — sans sourciller. Heureux, comblés, CONSENTANTS. Ça m’a frappée. Pourquoi est-ce que je n’avais aucune envie d’en faire autant? Je suis allée jaser avec des adeptes, question de voir si c’est moi qui était dans le champ.
« (…) on n’était pas trop certains au début. » — Valérie, 32 ans
Valérie, 32 ans, a invité sa mère pour la première fois dans un voyage -entre-adultes l’été dernier. « On a loué une maison sur le bord de la mer à North Quincy avec son chum, le mien et nos deux enfants. Je me doutais que ce serait le fun avec maman… Mais sincèrement, on n’était pas trop certains au début. Je me suis toujours bien entendue avec ma mère, mais il y a une différence entre un brunch et 10 jours! Finalement, ça s’est super bien passé. Ça nous a permis de nous découvrir autrement, dans un cadre adulte. Et il faut aussi dire que pour mon amoureux, ma mère est loin d’être la belle-mère fatigante. Je dirais même qu’il s’entend mieux avec la mienne que la sienne! », m’avoue-t-elle du bout des lèvres. Fair enough!
Du côté de Charles, 36 ans, la relation avec son père n’a pas toujours été SI paisible… Mais au fil du temps, les deux hommes se sont trouvé beaucoup d’affinités. Au point de s’envoler vers la Floride il y a une dizaine d’années pour assister en mode père-fils à une conférence de Mike Ferry, coach d’agents d’immeubles. « Un jour, les fenêtres de nos chambres se sont mises à shaker. On a été pris à l’intérieur au moins 12 heures à cause d’un ouragan. On a passé le temps en jasant au restaurant de l’hôtel. J’en garde un super bon souvenir. »
Tellement que Charles, qui a déjà plus d’une soixantaine de voyages derrière la cravate, part maintenant régulièrement avec son père. « On a été au Mexique, à Québec, à Charlevoix… Au fil des années, nos blondes et ma fille se sont jointes à nous. Je suis le premier surpris de cette entente si facile. On s’est découvert le même intérêt pour les beaux hôtels, les bons restos et le vin. Je suis déjà parti avec un couple d’amis, et j’ai regretté après moins de 24 heures. Selon eux, rien n’était à la hauteur. Du maudit niaisage. Avec mon père, c’est toujours trippant. J’imagine que c’est parce qu’on se connaît tellement bien. » Même impression chez Valérie, qui trouve que la relation déjà bonne avec sa mère est significativement « plus nice » depuis ce premier voyage. Elle compte même refaire la grande demande à sa mère pour ses prochaines vacances!
Win win win?
Est-ce que c’est ça, l’affaire? Vu que certain. e. s — si on généralise de façon simpliste, of course — ont vécu plus d’expériences formatrices avec leurs parents qu’avec leurs ami. e. s, le potentiel de mauvaises surprises et de chicanes-qui-laissent-des-marques serait moins élevé? Même qu’un getaway familial pourrait resserrer encore plus les liens? Charles interrompt mon moment plein de naïveté en éclatant de rire. « Nenon, scuse. Non, non, non. J’aimerais apporter une nuance. Si t’as déjà de la misère à endurer un souper avec tes parents, c’est la PIRE idée de partir avec un ou l’autre. Un voyage implique automatiquement des imprévus. Imagine le potentiel de conflits si l’avion est en retard, si un pogne la tourista ou si la chambre n’est pas correcte? » Hum, indeed.
«Il faut nommer ses attentes, comme dans n’importe quelle situation. Avec papa, on en jase avant le voyage. On se dit ce qu’on a envie de faire, si on feel plus relaxe ou excursion, si on a envie de se voir tous les soirs ou pas… » – Charles, 36 ans
Mais si la complicité est déjà au rendez-vous, ça peut être une belle idée de la transposer dans un cadre moins routinier pour enrichir la relation… Tout en gardant en tête qu’on ne part pas sur une fly sans prendre quelques précautions. « Il faut nommer ses attentes, comme dans n’importe quelle situation. Avec papa, on en jase avant le voyage. On se dit ce qu’on a envie de faire, si on feel plus relaxe ou excursion, si on a envie de se voir tous les soirs ou pas… », explique Charles. « De grâce, il faut que chacun ait sa chambre! C’est quand même pas mal important », ajoute en riant Valérie. « En gros, ça peut créer des liens de partir avec ses parents… Et on ne se le cachera pas, ça peut donner des breaks si t’as des kids. » Pas fou!
Papa, maman… On essaie?