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Partager sa localisation : entre praticité et intrusion

Pour ou contre partager sa localisation avec ses ami.e.s ?

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Aux utilisateur.trice.s d’Apple, avez-vous remarqué l’application préinstallée sur vos appareils Find My ? Un outil bien pratique pour retrouver des AirPods perdus ou un téléphone égaré… Mais aussi pour savoir où se trouvent vos ami.e.s, en tout temps.

Selon Civic Science, le succès de cette pratique s’explique en partie par la simplicité d’utilisation et le fait que ces applications soient déjà intégrées à nos appareils. Et si Find My en est un bon exemple, d’autres plateformes s’y mettent aussi ; pensons à la Snap Map ou encore à la nouvelle fonction de localisation d’Instagram. Résultat : le partage de localisation tend à devenir une habitude, surtout chez les membres de la génération Z, dont 65 % affirment partager régulièrement leur position avec leurs ami.e.s, partenaire et/ou membres de la famille.

Deux réactions reviennent souvent lorsqu’on évoque cette fonctionnalité : d’un côté, son utilité en matière de sécurité ; de l’autre, une certaine réticence face aux potentielles atteintes à la vie privée.

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Pour creuser le sujet, j’ai fait ce que toute bonne journaliste ferait : un sondage en story Instagram où j’ai demandé à mes abonné.e.s s’ils étaient pour ou contre le partage de leur localisation avec leurs ami.e,s. Puis, j’ai aussi eu la chance de discuter avec quatre jeunes de la génération Z, Anna, Laura, Sasha et Stéphanie, qui m’ont éclairée quant aux différents aspects de cette pratique.

Partager pour se protéger

Selon une étude menée en 2023 par Life360 auprès de 1 200 adultes américain.e.s, 66 % des membres de la génération Z associent spontanément le mot « sécuritaire » au fait de partager leur localisation. Sans surprise, c’est également le sentiment qui est revenu dans mes échanges avec mes quatre intervenantes. En effet, même si elles admettent ne pas se retrouver souvent dans des situations à risque, elles trouvent rassurant de savoir que quelqu’un sait où elles sont en tout temps. « Pour les premières dates, ça me rassure énormément. Si quelque chose tourne mal, au moins mes ami.e.s sauront où je suis », confie Anna. L’étude de Life360, démontre d’ailleurs 78 % des répondant.e.s disent partager leur position lors d’une première date.

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Et même si elles sortent entre filles, la localisation s’avère toujours aussi utile : « J’aime savoir que mes ami.e.s sont bien rentré.e.s. J’ai beau leur demander de m’écrire quand elles arrivent, elles oublient souvent. Avec la localisation, je peux aller me coucher plus sereine », raconte Laura.

Sasha et Stéphanie mettent également un autre aspect du partage de la localisation : sa praticité. « Je l’utilise quand je veux appeler quelqu’un et que je veux voir si la personne est occupée au travail ou à l’école. C’est juste pour ne pas la déranger », explique Sasha. Stéphanie, elle, y voit un avantage social : « Je l’utilise tous les jours. Je peux voir qui est dans le coin, et c’est tellement plus facile d’improviser une activité ! »

Entre accessibilité et intrusion

Mais toutes les utilisations du partage de localisation ne sont pas aussi bienveillantes, un constat corroboré par une étude publiée en 2023 intitulée How Girls Really Feel About Social Media, où 45 % des répondantes estiment que la pratique a des effets négatifs. À ce sujet, Anna concède qu’une pression vient nécessairement avec le fait d’être constamment joignable. « On s’attend à ce que tu répondes toujours à tes messages, et je pense que partager sa localisation accentue cette idée. Du genre : je vois que t’es chez toi, pourquoi tu me réponds pas ? »

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Selon une étude menée par All About Cookies auprès de 1 000 Américain.e.s, 25 % des répondant.e.s disent regretter d’avoir partagé leur localisation avec des ami·e·s proches. En discutant avec Laura, j’ai vite compris pourquoi : « Parfois, je suis à un endroit où je ne devrais pas être. Chez un ex, par exemple », avoue Laura en riant. « Je n’aime pas forcément les interrogatoires ou les remarques qui suivent quand mes ami.e.s voient ma localisation. »

Sasha s’est aussi retrouvée dans des situations un peu inconfortables : « Je suis une home body et je n’aime pas particulièrement être invitée à des trucs. Alors, il m’arrivait souvent de dire que j’étais occupée, en oubliant que mes ami.e.s avaient ma localisation. Je me suis déjà fait reprocher d’avoir menti, alors que je voulais juste rester tranquille à la maison. » Elle ajoute : « Au moins, maintenant, je suis plus honnête. Ça ne sert à rien de mentir. » Et Sasha est loin d’être la seule à s’être retrouvée dans cette situation : toujours selon l’étude All About Cookies, 33 % des répondant·e·s admettent avoir déjà été pris·es à mentir à propos de leur localisation.

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Une question de confiance

Face aux aspects plus négatifs du partage de localisation, les quatre participantes s’entendent pour dire que cette pratique doit s’accompagner de limites. « Partager sa localisation, c’est une entente que tu conclus avec quelqu’un : ce n’est pas une décision à prendre à la légère », explique Sasha. En effet, celle-ci estime que c’est un geste plutôt intime : « Par exemple, quand tu partages ta localisation, la personne sait exactement où tu habites, parce que tu es souvent chez toi. Je trouve ça quand même particulier. »

Le partage de localisation est souvent perçu comme une marque de confiance, voire comme un signe de proximité.« Évidemment, je ne partage pas ma localisation avec n’importe qui », précise Stéphanie. « Seul.e.s mes ami.e.s les plus proches y ont accès. »

Mais même entre ami·e·s proches, les participantes s’entendent pour dire qu’il est important de définir clairement ses limites. Par exemple, Stéphanie se sent à l’aise de partager sa localisation, notamment parce qu’elle n’a pas d’ami.e.s qui « jouent à la police ». « Si c’était le cas, je réévaluerais probablement », précise-t-elle.

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Sasha est d’accord. Si aucune situation désagréable ne lui est encore arrivée, elle reste vigilante : « Si une amie se fâche parce que je suis allée quelque part sans la prévenir, j’arrête tout simplement de partager ma localisation. »

Partager, oui… mais pas n’importe comment

Partager sa localisation, c’est un peu comme prêter les clés de chez soi : un geste à la fois rassurant et potentiellement intrusif.

Comme l’ont démontré mes quatre intervenantes, les avantages sont bien réels ; l’outil peut se révéler pratique, à condition que tout le monde soit sur la même longueur d’onde. On comprend qu’il vaut mieux établir ensemble ses limites et définir clairement sa façon d’utiliser cette fonction. Après tout, l’étude de All About Cookies le montre bien : dans la grande majorité des cas, le partage de localisation est utilisé avec bienveillance. Selon les données, 78 % des utilisateur.trice.s le font pour des raisons de sécurité, contre 22 % qui l’utilisent plutôt pour « espionner ».

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Donc, le véritable enjeu n’est peut-être pas de trancher entre « pour » ou « contre », mais plutôt de savoir avec qui et comment on choisit de partager cette donnée aussi personnelle.

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