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Parler de sa santé mentale au boulot, est-ce vraiment possible?
Des chercheurs derrière une nouvelle étude se sont penchés sur la question et les résultats tendent plutôt vers une réponse du genre « pas vraiment ».
En effet, cette étude, qui explorait la santé mentale et la stigmatisation y étant associée en milieu de travail aux États-Unis, révèle que près de 60% des participants interrogés ont vécu des symptômes de problèmes de santé mentale au cours de la dernière année. On apprend aussi que 60% des employés n’ont pas voulu discuter de leur santé mentale au travail au cours de la dernière année.
Ces symptômes négatifs de santé mentale, qui ne sont pas des diagnostics médicaux, restent malgré tout « une norme, pas une exception, et ce, peu importe l’ancienneté en milieu de travail », pour reprendre les termes des chercheurs.
D’ici 2020, la dépression se classera au deuxième rang des principales causes d’incapacité à l’échelle mondiale.
Les symptômes les plus courants étant l’anxiété (37%), la dépression (32%) et les troubles alimentaires (26%). On estime même que, d’ici 2020, la dépression se classera au deuxième rang des principales causes d’incapacité à l’échelle mondiale, juste derrière les maladies cardiaques.
Ouais, on est rendu là.
La peur d’en parler au travail
C’est donc dire que la majorité des répondants ne veulent pas parler de santé mentale au travail. Mais là où bât blesse, c’est dans la relation que les répondants entretiennent avec les départements de ressources humaines et les cadres supérieurs de leurs entreprises.
Ceux-ci ne seraient pas du tout à l’aise à parler de santé mentale ni avec les RH ni avec leurs patrons. Deux points de contact qui devraient, généralement, être considérés comme de bonnes ressources pour aborder ce genre de réalité.
Pourquoi?
C’est rien de nouveau, il y a encore énormément de stéréotypes et de perceptions négatives associés aux problèmes de santé mentale et leurs symptômes. Les gens aux prises avec des problèmes de santé mentale sont perçus comme irresponsables, paresseux et même dangereux!
Dangereux? Ouais, dangereux. Pas surprenant que les gens préfèrent se taire. Quand on passe de « Ouais, Sam m’a dit qu’il souffrait à cause de l’anxiété dernièrement » à « Ouais, Sam pourrait nous péter un câble n’importe quand [insérer regard terrifié] ». Ça ne donne pas trop le goût d’en parler.
Les conséquences
Selon une autre étude de la firme Deloitte, 95% des employés qui callent malade pour de l’anxiété ou du stress utilisent une autre raison comme des maux d’estomac, des virus ou des maux de tête pour justifier leur absence.
Ce serait 80% des employés avec des conditions ou des symptômes de problèmes de santé mentale qui refuseraient d’aller consulter ou de demander les traitements nécessaires.
Pire encore, ce serait 80% des employés avec des conditions ou des symptômes de problèmes de santé mentale qui refuseraient d’aller consulter ou de demander les traitements nécessaires, par honte et par crainte de représailles au travail.
Au Canada, cette réalité génère des coûts d’environ 16 milliards de dollars par années. Ouais, c’est beaucoup de bidous (et beaucoup de temps d’absence). Autour du tiers des absences au travail seraient reliées à des troubles de santé mentale et visiblement, cette statistique pourrait très bien gonfler dans les prochaines années.
Et maintenant?
C’est donc plus que pertinent de réfléchir au rapport que nous entretenons avec la santé mentale au travail, ainsi que de notre propre santé mentale sur nos heures de bureau.
Des solutions existent afin de favoriser une bonne santé mentale au travail. Tout comme il existe des règles et des solutions pour nous protéger physiquement en milieu de travail.
Le Centre canadien d’hygiène et de sécurité au travail a mis au point une plateforme offrant des ressources pour gérer la santé mentale au travail. La Commission de la santé mentale du Canada et la norme nationale du Canada sur la santé et la sécurité psychologiques en milieu de travail offrent d’autres outils.
Au Québec, une plateforme similaire existe. Quelques conseils clé en main y sont d’ailleurs proposés. Il y a bien évidemment les ressources proposées sur le site de la CNESST qui peuvent aussi être utiles.
Donc. Est-ce possible de parler de santé mentale au bureau? Oui, mais non, mais oui, mais non.
Oui ce l’est, lorsqu’on est outillé et que l’environnement de travail est sain et propice à la discussion.
Non, parce que ce n’est pas avec quelques conseils et deux-trois lectures sur le sujet que la stigmatisation reliée aux problèmes de santé mentale au boulot pourront changer du tout au tout.
Parce qu’en ce moment, le portrait global tiré par toutes ces statistiques est un peu désolant. Notre façon de gérer la santé au travail semble parfois calquée sur l’épisode Safety Training dans The Office et c’est triste.