Être aux études à temps plein, c’est rock’n’roll (surtout à l’université, quand on a un loyer à payer et que l’on aime s’impliquer dans 1001 projets on the side). Alors que je m’essoufflais à terminer ma session, j ’ai eu une pensée pour les étudiant.e.s qui, en plus d’avoir à gérer une vie étudiante, une vie sociale et des responsabilités d’adultes, doivent assumer des responsabilités parentales.
Deux femmes à l’agenda planifié au quart de tour ont eu la générosité de me prêter un peu de leur temps pour me jaser de ce à quoi peut ressembler leur quotidien de maman aux études.
Un réel travail d’équipe
Daïna est une maman monoparentale de deux enfants de 13 ans, Ulysse et Zaïa. Elle vient tout juste de terminer un certificat en études critiques des sexualités et entame un certificat en études féministes. « Je commence mon certificat cet été, question d’alléger mes deux prochaines sessions et de pouvoir passer plus de temps avec mes enfants. »
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La famille a dû faire la transition entre un mode de vie où les trois passaient beaucoup de temps de qualité ensemble à faire des projets créatifs et à participer à des événements de cirque à une routine où maman doit courir (ou sprinter) après le temps pour arriver à jongler avec l’école, le travail et la vie familiale.
« Septembre 2021, Ulysse et Zaïa rentraient en secondaire un alors que moi, je retournais à l’université, raconte Daïna. On a pris le temps pendant l’été juste avant de préparer leur transition pour qu’ils puissent être assez autonomes : on a planifié ensemble leurs déplacements et je leur ai montré comment prendre le métro. »
« Au début, même si je savais qu’ils étaient assez autonomes pour faire leur routine du matin sans moi, je me levais tôt quand même, parce que je me sentais coupable de rester au lit sans les accompagner là-dedans », confie la maman.
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« Maintenant, on a une petite routine établie tous les matins, ajoute sa fille Zaïa. Ulysse se réveille en premier et il me réveille avant de partir à l’école, et moi, je fais la même chose avec maman; je la réveille avant de quitter. On ne passe pas nos matins ensemble, mais je pense qu’on a trouvé la manière de fonctionner qui nous convenait le mieux. »
Ramener les devoirs à la maison
Daïna a constaté que le fait qu’elle soit aux études en même temps que ses enfants contribue à enrichir les conversations autour de la table lors du souper. « Dans mes cours, tout est en lien avec la justice sociale, dit-elle. Quand on se voit au souper, on jase de ce qu’on a appris à l’école et ça génère des discussions tellement intéressantes! Je trouve ça cool de pouvoir leur transmettre mes valeurs, ainsi que des bribes de mes apprentissages. Je les vois devenir de mini-militants! »
Malgré tout le beau que le retour aux études lui apporte, Daïna souligne le fait que les chargé.e.s de cours et les enseignant.e.s ne reconnaissent pas toujours le rôle de parent dans le cadre scolaire.
« On ne sait jamais si le prof va être compréhensif face à ce qu’on vit, mentionne-t-elle. Si j’ai passé une partie de ma nuit à réconforter ma fille parce qu’elle était angoissée et que le lendemain, j’ai un examen, mais que je suis super fatiguée, l’enseignant ne sera pas nécessairement sensible à ma situation. Ça peut être difficile de suivre le même rythme que les autres et d’avoir les mêmes plages horaires. »
Une fois son baccalauréat par cumul réalisé, Daïna envisage peut-être de poursuivre ses études à la maîtrise pour effectuer de la recherche par rapport aux enjeux reliés au fait d’être une mère monoparentale.
Au terme de son parcours scolaire, elle souhaite se lancer en intervention : « J’ai eu un parcours un peu tumultueux, on peut dire ça comme ça, ce qui me rend extrêmement sensible à la réalité des mères en situation de précarité, indique-t-elle. J’ai envie de contribuer à ce que les ressources pour ces personnes-là se multiplient. »
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Être sur les mêmes bancs d’école que sa fille
Valérie est tombée enceinte dans sa vingtaine alors qu’elle étudiait à l’UdeM en cinéma. Lorsque sa fille Sara a eu 7 ans, la maman a décidé de retourner aux études et de changer de domaine. « J’avais vraiment envie de faire quelque chose que j’aime dans la vie, alors j’ai commencé un baccalauréat en traduction », explique-t-elle.
Une telle décision demande des sacrifices et des compromis, mais pour Valérie, c’était une occasion de montrer à sa fille que tout est possible. « Je pense avoir transmis de belles valeurs à mon enfant en prenant cette décision-là pour moi, dit-elle. Sara m’a vu travailler fort, elle m’a vu stresser, mais elle m’a surtout vue être fière de moi, et je trouve que ça n’a pas de prix. »
Trois ans plus tard, à la cérémonie des diplômes, Valérie a récolté le fruit de ses efforts devant les yeux de son enfant. « Cette journée-là, j’ai vu dans son visage qu’elle était vraiment fière de moi », se remémore la maman.
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Sans son entourage en or et ses voisin.e.s généreux.ses, Valérie ne sait pas si elle aurait pu s’épanouir autant. Selon elle, le secret quand on est un parent étudiant, c’est de bien s’entourer pour s’offrir de petites pauses une fois de temps en temps.
Aujourd’hui, après une majeure, un bac et une maîtrise, elle est de retour aux études, mais dans la même institution que sa fille cette fois. « À la rentrée, Sara m’a aidée à me connecter au portail et à comprendre ce que c’était, un “code MS”… C’est drôle. Je suis contente de vivre ça avec elle! J’apprends beaucoup de ma fille. »
Sara avoue penser au parcours de sa mère quand elle a envie de tout lâcher. « Quand je me rappelle que ma mère a accompli tout ça avec un enfant à sa charge, c’est comme un reality check. Je la trouve vraiment inspirante. »
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À la suite de ces échanges, qui dépeignent une infime partie de la réalité, je constate que les universités doivent continuer de faire des efforts pour permettre aux parents étudiants de s’épanouir dans leur parcours scolaire. Ces initiatives devraient pleuvoir de partout pour permettre aux étudiant.e.s d’avoir accès à un environnement d’apprentissage sain et équilibré… encore plus quand ils doivent se claquer trois brassées de lavage en revenant à la maison.