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Oui Manon : des cartes de souhaits pas plates
Fin janvier, après un temps des Fêtes moins profitable qu’à l’habitude pour l’industrie, les créateurs de cartes de souhaits affirmaient que les jeunes et leurs technologies avaient tué la pratique. Le leader du marché international des cartes, Hallmark, a même dû réduire ses opérations et son effectif.
Peut-être que la compagnie irait un peu mieux si elle avait dans son inventaire l’irrévérence des cartes et cadeaux de Oui Manon. De plus en plus connue avec ses produits distribués partout à travers le Québec, l’entreprise montréalaise réjouit et fait sourire grâce à ses cartes de souhaits pleines de gouaille et de références à la culture pop, mais aussi tout un arsenal de tasses à café, de tote bags et d’affiches.
Ces items qui se ramasseront sous des sapins d’un coin à l’autre de la province et qui feront rigoler mamie autant que votre petit cousin ne sont pas que de mauvaises traductions ou adaptations de cartes ou slogans en anglais! Plutôt, ce sont des offrandes faites par l’équipe à son omnisciente Big Boss, Manon, celle qui approuve tout.
À l’approche du grand jour de déballage, Manon n’étant pas disponible, on s’est entretenu avec JP Loignon, copropriétaire et ambassadeur de facto de la marque, pour en apprendre plus sur l’entreprise, ses cartes et ses tasses.
Des cartes à la twist Québ
Si vous vous êtes déjà demandé comment ça se fait que les « taglines » de Oui Manon sont aussi punchées, c’est peut-être en partie grâce au travail de jour de JP Loignon. En effet, l’entrepreneur est aussi musicien et vocaliste, notamment à l’émission Y’a du monde à messe, à Télé-Québec, ce qui lui donne certainement le sens du timing!
Comme JP me l’explique, Oui Manon, c’est la société mère, celle qui englobe les autres, incluant les cafés La graine brûlée, dans le Village, et le Oui mais non, dans Villeray, ainsi que toutes leurs opérations de marchandise et de cartes de souhaits. « Les trois compagnies prennent de l’expansion, et moi, je suis là plutôt pour le côté créatif, ce qui touche à l’idéation, alors que mes trois partenaires d’affaires gèrent les entreprises au quotidien », explique-t-il.
« On a même élaboré (la vie de Manon) au complet, elle vient d’où, elle a quel âge, en quoi elle a étudié. Tout ça pour mieux la faire vivre »
Ses trois associé.e.s et lui ont ouvert leur premier café, le Oui mais non, en 2014. En plus d’offrir cafés et bouchées, l’équipe a doté l’espace d’une boutique-laboratoire, pour tester la vente de toutes sortes de produits, notamment des tasses et des cartes. Mais l’équipe était loin de s’attendre à un tel succès.
« On se disait que les cartes de souhaits en anglais, ou mal traduites, on ne se reconnaissait pas là-dedans en tant que Québécois. Alors, pourquoi pas essayer d’en faire nous-mêmes, avec une twist québ?, explique JP Loignon. C’est là qu’on a commencé à vendre les cartes de souhaits et les tasses. Dès le départ, il y avait quelque chose de très joyeux, genre la compagnie qui se prend pour ta meilleure amie. Qui parle au “je”, qui essaie de te faire rire, de te faire passer un bon moment, comme si tu étais chez ton meilleur ami. »
Avoir une matante comme marque
Pari réussi : grâce à ses slogans uniques et son univers visuel, Oui Manon a une identité de marque qu’on peut facilement reconnaître sans même voir son logo. Ça passe évidemment par l’irrévérence et la gouaille que l’on retrouve sur ses cartes, tasses et autres produits, mais aussi par un timing dans la syntaxe et une puissance humoristique dans leur succession, lorsqu’on les voit sur l’étal de la boutique. Bien qu’il ne soit pas concepteur-rédacteur dans une boîte de comm, JP a néanmoins des réflexes de pro.
« Quand Manon est née du Café Oui mais non, j’ai tout de suite élaboré le ton. J’ai pris le rôle de rédacteur, avant de passer la puck à d’autres. J’ai identifié son type de joual, de références, j’ai créé un genre de blueprint pour reconnaître toujours Manon, même si ce n’est pas moi qui rédige tout », explique le jeune musicien et entrepreneur.
« On a même élaboré sa vie au complet, elle vient d’où, elle a quel âge, en quoi elle a étudié. Tout ça pour mieux la faire vivre et qu’elle continue d’orienter l’ensemble de nos compagnies. C’est drôle, parce qu’il y a un moment où on a commencé à se dire “Mais Manon, elle dirait pas ça de même” ou “Ah, ça ne plairait pas à Manon”. »
Pour ceux et celles qui sont en retard sur leur shopping des Fêtes, où à qui il manquerait un petit quelque chose de spécial à glisser dans un bas de No ël ou sous le sapin, Matante Manon s’occupe de vous! Avec 150 modèles de tasses, 250 modèles de cartes de souhaits, des t-shirts, des macarons et même des chandelles, il y en a pour tous les goûts!
« On se disait que les cartes de souhaits en anglais, ou mal traduites, on ne se reconnaissait pas là-dedans en tant que Québécois. »
Dans une industrie qui bat de l’aile, Oui Manon apparaît comme une exception, celle qui confirme que si on fait bien ses affaires, la demande viendra. Et si Manon est parvenue à ressusciter la tendance de l’échange de cartes de souhaits chez les jeunes, que pourrait-elle bien faire d’autre?
Bien des choses, et apparemment, JP Loignon aussi! Durant la pandémie, il a accepté une position comme président de la Société des commerces du Village, à Montréal. Mais son quotidien de musicien lui plait, et son rôle chez Manon aussi. Car au-delà d’être une muse et une marque, les copropriétaires souhaitent aussi faire de Manon un genre d’incubateur ou de conservateur, qui collabore au fil des saisons et des projets avec différents artisan.e.s locaux.
« On a déjà toutes sortes de collaborations avec des artisans locaux, et on veut continuer à agrandir cette offre, mentionne JP Loignon. Si je pense par exemple aux cartes de souhaits, on veut en faire pour toutes les occasions. Une fois qu’un Noël tu as offert à toute ta famille des cartes différentes, celui d’après, tu en voudras d’autres, tu veux pas juste brasser les cartes et les redistribuer différemment. Et puis la demande grandit aussi! On est maintenant dans 84 boutiques au Québec, alors en vendant de plus en plus, ça nous donne envie de continuer et de maintenir l’offre. »