Logo

Oui, c’est possible de vivre sa « best life » en étant séparé.e

Portrait de trois mères qui ont « réussi » leur séparation.

Par
Gabrielle Tremblay-Baillargeon
Publicité

Parfois, une séparation peut amener du positif : plus de temps pour soi, moins de charge mentale, plus de moments en amoureux.se avec sa nouvelle conquête… Oui, on s’ennuie de nos enfants, mais on peut aussi s’accomplir comme parent séparé, malgré les tabous.

Portrait de trois mères qui ont « réussi » leur séparation.

Éloise : « Je retrouve la personne que j’étais avant d’avoir les enfants »

Éloïse s’est séparée en 2019 du père de ses deux filles qui ont aujourd’hui 15 et 18 ans. Après 25 ans ensemble, elle et son ex avaient évolué, comme ça arrive souvent, dans des directions différentes. « Je ne voulais pas que mes enfants voient l’amour comme ça, explique-t-elle. On était rendus des colocs. »

Depuis, elle fait une garde classique une semaine sur deux. La maison familiale a été laissée au père. Elle s’est racheté un condo à quelques rues de là.

Après quelques mois plus difficiles, la famille a trouvé son beat — et Éloïse, elle, a cheminé en tant que femme. « Je retrouve la personne que j’étais avant d’avoir les enfants, raconte-t-elle. Il y a un côté très enivrant, super stimulant à ça. J’ai tout donné à la famille et je me suis un peu perdue là-dedans. »

Publicité

L’avantage de la garde partagée, pour elle, c’est donc cette liberté nouvellement gagnée.

Pas besoin de demander la permission pour sortir : il n’y a aucune concession à faire.

Sauf que pour Éloïse, l’avantage ne dure pas longtemps. Et la culpabilité, elle, revient rapidement au galop. « Quand tu fais des enfants, t’as pas envie de les voir juste une fois de temps en temps. Tu veux les voir tous les jours. Oui, c’est le fun d’avoir un moment à toi, mais ça dure deux jours à peine, et après tu t’ennuies », me confie-t-elle, ajoutant au passage qu’elle se sent aussi encore mal de faire vivre ses filles dans leurs valises — sa plus jeune déménage une bonne partie de ses affaires chaque dimanche.

Quatre ans après sa séparation, Éloïse n’a toujours pas refait sa vie avec quelqu’un d’autre, et son ex non plus. Le deuil suit son cours. « Le plus grand défi, de ma séparation, c’est ça : briser notre noyau de quatre, indique-t-elle. On vit encore avec, mais il est éclaté. »

Publicité

Léonie Pelletier : « C’est le meilleur des deux mondes, littéralement »

Léonie est aussi séparée du père de ses deux garçons depuis près de cinq ans. « Ça ne marchait plus depuis un bout, mais on avait vraiment tout essayé, raconte-t-elle. Les enfants étaient encore petits, et c’est ça qui m’a fait hésiter longtemps. »

Je me souviens de la publication Instagram de Léonie qui annonçait sa séparation. « On ne fait pas des enfants pour se séparer », écrivait-elle. Peu importe l’âge de nos enfants, quand on éclate la famille, c’est vraiment par nécessité. Se séparer, ça comporte une grosse part de stress — financier, pour Léonie, notamment, mais aussi émotif : pour passer au travers, il faut être décidé.e.

« Je pense que j’avais vraiment besoin de me retrouver moi en tant que personne. Je me suis laissée aspirer par la maternité. Moi, sans eux, je fais quoi, je suis qui? Tout était à réapprendre », explique l’entrepreneure derrière Oui l’agence, lancée l’année de sa séparation.

Publicité

Après quelques essais-erreurs, la famille fait maintenant une garde une semaine sur deux. Léonie jubile presque. « C’est le meilleur des deux mondes, littéralement, estime-t-elle. La semaine où j’ai les enfants, je suis investie à 100 %. Je suis une meilleure personne, une meilleure mère en étant séparée. Je peux remplir toutes mes cases : sociales, professionnelles, familiales… »

Maude Painchaud Major : « Je ne me verrais pas retourner en arrière »

Ça fait maintenant six ans que Maude s’est séparée du père de ses deux filles, qui avaient à l’époque 5 et 8 ans. Après une quinzaine d’années, la relation s’était effritée. « On avait tout essayé : la thérapie de couple, se donner du temps ensemble et chacun de notre bord… Pour moi, les sentiments amoureux ne revenaient pas », me raconte la sexologue.

Aujourd’hui, les deux parents suivent la formule 5-2-2-5, une garde éprouvée qui leur convient à tous les deux, mais qui a pris quelques années à se mettre en place.

Publicité

À travers sa séparation, Maude a remis en question beaucoup de choses, dont la place de la charge mentale dans sa vie, mais aussi son rapport à la parentalité tout court. « Mon défi aujourd’hui, c’est d’être sereine par rapport au fait que j’ai autant porté pendant plusieurs années et que [mon ex] pensait que c’était juste normal comme séparation de la charge. Encore à ce jour, c’est difficile de ne pas lui en vouloir », affirme Maude, super transparente.

Pour elle, la séparation a donné un second souffle à son développement personnel.

« Je suis vraiment heureuse dans la garde partagée, je ne me verrais pas retourner en arrière et avoir la garde à temps plein », confie-t-elle.

Pas de culpabilité à l’horizon : Maude est contente d’avoir du temps pour elle et de pouvoir délaisser l’étouffante routine à coup de quelques jours par semaine.

Publicité

Aujourd’hui, elle est en couple avec une femme. « Des lectures féministes et sur le couple m’ont amenée à questionner l’hétérosexualité, explique-t-elle. Je me suis longtemps conformée au modèle de la famille hétérosexuelle. Mes prises de position sont plus radicales maintenant. C’est pas de la faute de mon ex : c’est moi qui ai essayé de fitter dans un moule qui, finalement, ne me convient pas du tout. »