Confinement oblige, la majorité des étudiants et étudiantes aux cycles supérieurs de la province ont découvert cette session les joies de l’enseignement en ligne. Plutôt qu’un guide des meilleurs nouveaux cafés third wave, je vous propose donc un palmarès des meilleurs endroits où passer d’interminables heures sur Zoom, dans le confort de sa demeure.
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Son beau bureau organisé
9/10
Quand j’ai su que ma première session universitaire en plus de quatre ans se déroulerait en ligne, je suis prestement passée à l’action. À moi les cahiers neufs à 20$, le protège-bureau qui s’agence avec les accents de couleur de ma chambre et la plante qui trône fièrement sur une étagère au-dessus de ma tête. J’ai un tiroir à peu près rangé, qui recèle un vieux disque dur, environ 4 avis de Revenu Québec et une couple de clés qui ne débarrent rien.
Je m’y sens préparée, professionnelle, impeccable. Quand ma caméra s’ouvre, mon visage est encadré d’une seule tige verte tombante, avec comme arrière-plan un mur couleur coquille d’oeuf. C’est l’endroit parfait d’où écouter, concentrée, mes professeurs parler de littérature québécoise et de poèmes assyriens.
Sauf qu’après deux heures à regarder mon pauvre prof gesticuler à l’écran, entrecoupées de trente minutes à écouter une de mes camarades de classe débiter son historique médical au téléphone puisqu’elle a laissé son micro ouvert, j’ai la bougeotte. Surtout que le budget que j’aurais dû garder pour une chaise ergonomique a plutôt été avalé par la SAQ.
Au final, c’est l’endroit idéal, celui que j’ai aménagé, mais même si ça rend ma formation moins cauchemardesque, j’en viens autant à avoir le besoin essentiel de changer d’air.
Pour: c’est littéralement l’endroit pour lequel j’ai dépensé 100$ chez Bureau en gros
Contre: à un moment donné j’ai mal au dos sur ma chaise poche
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- Photo: Alexis Boulianne
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Son lit
8/10
Comme plusieurs n’ont pas la chance d’avoir assez d’espace pour installer leur propre bureau, il convient d’examiner la solution la plus confortable. Si j’ai la chance d’avoir un professeur qui n’est pas trop à cheval sur le principe de la caméra ouverte, rien ne vaut le plaisir que de m’installer sous mon duvet, entre quelques oreillers et la pile de linge propre que je n’arrive pas à me décider à plier depuis une semaine.
Je peux même fermer les yeux et imaginer que j’écoute un podcast, ce qui est pratique lorsque vient ma sixième heure de Zoom de la journée et que mon champ de vision frétille. Je me surprends même parfois à m’endormir parmi les effluves des feuilles de Bounce, question d’oublier que je suis une formation à rabais, alors que mes frais de scolarités n’ont pas été réduits même si je n’ai droit à pratiquement aucun service de la part de l’université.
Pour: c’est vraiment réconfortant.
Contre: je m’endors vraiment souvent c’est gênant.
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La cuisine
7/10
Sur papier, la cuisine est l’endroit parfait. Une belle grande surface de travail, si j’ai eu le courage de nettoyer ma table, et une fenêtre pas trop sale qui laisse entrer la lumière du matin.
Je peux écouter mes cours en grignotant au rythme d’un castor qui bouffe du bois, tout en regardant la pile de vaisselle croûter au soleil. Ce n’est pas si mal, quand je réussis à demeurer concentrée malgré mon chum qui n’arrête pas de faire du pain, mes deux colocs qui écoutent RuPaul’s Drag Race et le chien qui jappe après les mouches.
Pendant les journées où je me laisse inspirer par Ricardo et Marilou, je peux même suivre ma formation tout en brassant ma sauce à spaghetti végé et en partant le lave-vaisselle (oui, je suis dans un appartement qui a un lave-vaisselle et non, je n’ai vraiment aucune excuse de ne pas faire ma vaisselle).
Un grand potentiel de distractions, donc, mais aussi la possibilité de manger des chips sans penser au lendemain et de faire quelques tâches ménagères pendant son cours.
Pour: accès instantané à mon garde-manger
Contre: comment arriver à se concentrer entre les Pringles et les colocs?
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Le salon
5/10
À mi-chemin entre le lit et la cuisine, le salon n’offre véritablement rien de satisfaisant à l’étudiante exaspérée de tourner en rond entre les quatre mêmes murs depuis le 1er juillet. Le divan n’est jamais aussi confortable qu’il en a l’air. Mes cuisses finissent toujours par avoir des brûlures au premier degré infligées par mon ordinateur qui peine à supporter que je magasine sur Marketplace tout en écoutant un cours en ligne.
Ne vous méprenez pas: ça peut être pas pire, un salon, même si 0% de son aménagement est ergonomique. Je peux regarder mes plantes vertes en essayant de ne pas en devenir une. Admirer la décoration. Regarder mon chum jouer à son jeu de vaisseau spatial sur l’ordinateur. Me demander ce que je fous à retourner à l’école à 26 ans pour faire un certificat dans un domaine qui va juste me rendre plus pauvre.
Au final, il y a quand même les branches aux feuilles dorées qui dansent devant la fenêtre et avec 2-3 coussins, il n’est pas si pire que ça, mon divan.
Pour: au moins mon divan est assez beau pour que je le mette en story sur Instagram
Contre: j’ai probablement gâché ma posture pour le reste de ma vie
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- Photo: Alexis Boulianne
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La salle de bains
?/10
On est juste en octobre, mais qui sait dans quel état je serai pendant ma fin de session quand le soleil sera rendu à se coucher à 16h et que j’aurai mangé mon propre poids en ramen de dépanneur? Peut-être en serai-je venue à suivre mon cours de littérature queer en me faisant un hotbox pendant que la laveuse donne des coups sur la sécheuse. Cling, cling, cling.
Petite, mon père ronflait tellement quand on partait en voyage toute la famille ensemble que je finissais souvent par prendre 2-3 couvertes pour me faire un lit dans le fond du bain. Je connais donc bien le surprenant confort que peut offrir la baignoire. Et puisque je suis probablement l’humain le plus pisse-minute sur la planète, la distance que je parcours quarante fois par jour entre ma chambre et la toilette sera d’autant plus réduite. Je gagnerais beaucoup de temps.
En tous cas. J’y songe.
Pour: probablement tout.
Contre: dur de voir en ce moment.