On pose les vraies questions… à une physio périnéale

Dans la série Les vraies questions, on rencontre un.e spécialiste afin de lui poser toutes les questions qu’on se pose dans nos group chats de parents, mais qu’on n’ose pas demander au médecin pendant nos rendez-vous.

Ce mois-ci, on a rencontré Corinne Vanier, physio périnéale et fondatrice de Pelvie Physio, pour parler de fuites urinaires, de kegels et de comment prévenir les descentes d’organes (!).

L’idée, c’est de prévenir les symptômes pelviens chez la femme enceinte, mais aussi en postnatal.

Tous les physios fonctionnent différemment, mais chez moi, on y va avec 3 rencontres. La première se fait après le premier trimestre. On fait une évaluation du plancher pelvien et on donne des exercices adaptés pour prévenir les prolapsus, soit la descente d’organes, et les incontinences urinaires, notamment.

À la deuxième rencontre, on évalue les abdominaux et on donne des exercices à faire et à ne pas faire, surtout pour celles qui s’entraînent. Puis, à la dernière séance, qui se fait vers 33 ou 34 semaines de grossesse, on enseigne aux mamans à étirer leur plancher pelvien pour prévenir les déchirures, à pousser pour favoriser une poussée plus efficace, les positions de travail et les modalités de gestion de la douleur plus naturelles.

Enfin, on parle aussi de toutes les bonnes pratiques à mettre en place en postnatal pour favoriser la guérison.

Les kegels, ce n’est pas un exercice adapté à tout le monde, et il n’y a pas juste une manière de les faire. D’abord, il y a différentes formes : on peut varier la charge, donc le niveau de difficulté, le temps de contractions, le nombre de répétitions et la vitesse à laquelle on fait nos contractions, le nombre de séries… Tout ça, ce sont des paramètres qu’on va ajuster selon les besoins de la cliente.

Le périnée, c’est un muscle interne : il n’est pas facile à identifier si on ne l’a jamais travaillé avant. Si l’exercice est vraiment trop difficile pour mon muscle qui est déjà fatigué, ça va générer des tensions qui peuvent à leur tour engendrer des symptômes.

Oui! Même si l’accouchement s’est bien déroulé, il y a quand même des microdéchirures dans le muscle du plancher pelvien qui peuvent se produire. Quand ils sont blessés, nos muscles profonds s’endorment pour favoriser leur guérison. L’affaire, c’est qu’ils ne vont pas se réveiller tout seuls, d’où l’importance de faire une réadaptation pour réactiver le plancher pelvien.

Ensuite, même si c’est une déchirure minime, il peut y avoir des impacts. À long terme, ce n’est pas idéal d’avoir des cicatrices adhérentes dans notre vagin parce que ça peut créer des dysfonctions au niveau du muscle.

Même si je n’ai aucune blessure au plancher pelvien, il y a fort à parier que mes abdominaux profonds, eux, ont été inhibés, donc endormis, par la grossesse. Ça aussi, c’est quelque chose qu’on veut réadapter et qui ne va pas se réinstaller tout seul si on ne le travaille pas.

Ça peut prendre du temps avant qu’on en ressente les symptômes : une incontinence plus importante, un organe qui est rendu vraiment bas, des maux de dos…

Parmi les plus courants, je note :

• Mal au dos, au nerf sciatique, aux fessiers, à la symphyse pubienne, aux abducteurs
• fuites urinaires (même si c’est juste une petite goutte quand tu ris)
• lourdeur vaginale
• incontinences au niveau des selles et des gaz
• diastase persistante
• douleur lors des relations sexuelles

Ça ressemble pas mal à la réadaptation après un accouchement vaginal. La nuance, c’est qu’on va mettre plus d’emphase sur des techniques manuelles, par exemple en massant la cicatrice de la césarienne. Aussi, c’est une réadaptation abdominale de A à Z. La césarienne va 100% inhiber notre enveloppe de l’abdomen et les abdominaux profonds. Notre « core » a été coupé et il faut en faire la réadaptation.

C’est un mythe que les femmes qui ont accouché par césarienne n’ont pas besoin de réadaptation. Quand on regarde les données, le nombre de symptômes pelviens est quasiment égal pour celles qui ont eu une césarienne que pour celles qui ont eu un accouchement vaginal.

On appelle ça un verrouillage abdo-périnéal. Pour avoir un verrouillage efficace, il faut un plancher pelvien qui est fort, endurant, et donc qui est capable de bien contracter, et ça prend des abdominaux profonds qui sont forts et endurants, aussi.

Le verrouillage, c’est l’exercice du contrôle moteur : ce qui est important, c’est le timing d’activation, plutôt que la force ou l’endurance. Il faut donc faire l’exercice de kegel, en plus de la contraction du transverse de l’abdomen, ce qui équivaut à gainer son ventre en rentrant un peu le nombril, en même temps qu’on éternue.

Si ça coule pareil, c‘est qu’on a besoin d’une réadaptation des abdos, du plancher pelvien, ou des deux.

C’est une nouvelle spécialité dans le monde de la physio : ça fait peut-être 10 ans que c’est populaire, ce qui signifie que le besoin est beaucoup plus grand que l’offre.

La plupart des physio que je connais ont de longues listes d’attente, et en région, il n’y en a presque pas.

En faisant les étirements et les exercices de renforcement recommandés par votre physio!

Sinon, le yoga pelvien peut aider à mobiliser le bassin. Ce n’est pas nécessairement spécifique au plancher pelvien, mais l’exercice va tout de même aider à préparer à l’accouchement en travaillant les articulations du bassin, qui doit être mobile pour que le bébé puisse passer sans problème.