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On pose les vraies questions… à une nutritionniste
Dans la série Les vraies questions, on rencontre un.e spécialiste afin de lui poser toutes les questions qu’on se pose dans nos group chat de parents, mais qu’on n’ose pas demander au médecin pendant nos rendez-vous.
Ce mois-ci, on a rencontré Cosette Gergès, nutritionniste pour Nutritionnistes en pédiatrie, pour discuter de sucre, de suppléments alimentaires et des sapristis de lunchs.
Comment entretenir une relation saine avec le sucre?
Tout d’abord, il faut développer une saine relation avec tous les aliments – pas juste le sucre! Pour y arriver, le premier truc, c’est de voir l’aliment régulièrement et de ne pas avoir l’impression qu’il est exclusif à certains moments, comme un anniversaire ou Pâques.
Il faut aussi éviter d’imposer un ordre chronologique dans la présentation des aliments. On va souvent dire : « Il faut que tu finisses ton assiette pour avoir ton dessert. » Ce genre de stratégie, tout comme le fait d’obliger les enfants à manger, d’essayer de mettre un ordre dans la consommation des aliments ou de négocier un nombre de bouchées à prendre d’un repas, c’est à éviter.
La restriction, l’interdiction, ou la honte, ça permet rarement de développer une saine relation avec un aliment, peu importe lequel.
Pourquoi les laits d’avoine ou de noix ne sont pas recommandés pour remplacer le lait maternel?
Vers 9 à 12 mois, si l’enfant a une alimentation variée, donc qu’il a des sources de fer qui sont bien intégrées et qu’il mange des fruits et des légumes, on peut proposer un autre lait que le lait maternel ou la formule.
La première option qu’on recommande en guise de breuvage, c’est du lait de vache 3,25%. Pourquoi celui-là en premier? Parce que les jeunes enfants ont besoin de gras pour stimuler leur croissance et le développement de leur cerveau.
La raison pour laquelle on recommande moins les autres boissons, comme celles à base d’avoine ou de noix, c’est parce que leur valeur nutritive diffère beaucoup d’une variété à l’autre et d’une compagnie à l’autre. Certaines sont pauvres en protéines ou en matières grasses, d’autres ne sont pas enrichies en calcium, en vitamine D ou en B12…
Pour moi, choisir une autre boisson que le lait de vache, ce n’est pas un oui ou un non d’emblée : c’est une zone grise. Il faut être très prudent. Avant de considérer une alternative au lait de vache, consultez un professionnel de la santé.
Comment savoir que bébé mange assez pour ses besoins en fer?
En fait, il ne s’agit pas de calculer, puisque le taux d’absorption du fer par le corps varie selon les enfants et leur alimentation.
On ne peut pas forcer une bouchée, on ne peut pas forcer une quantité.
Il faut plutôt s’assurer de proposer à chaque repas un aliment riche en fer et un aliment qui améliore l’absorption de la source de fer présente au repas, soit des aliments dits riches en vitamine C, comme les agrumes, les fraises, les poivrons, les brocolis, etc. Le reste n’appartient qu’à l’enfant.
Comment faire aimer le poisson aux jeunes enfants?
Il y a deux choses qui fonctionnent bien. La première, c’est de modeler le comportement : il faut en manger nous-mêmes. Après tout, nos enfants veulent faire comme nous! Par contre, si vous n’aimez pas le poisson, ne faites pas semblant de l’aimer.
Les enfants ont un détecteur à bullshit incroyable. Si vous leur dites n’importe quoi, ils vont perdre confiance en vous.
Le deuxième truc, c’est de les exposer à l’aliment. Dans le cas du poisson, on peut aller à la poissonnerie, regarder des images dans un livre… Ça aide l’enfant à en savoir un petit peu plus sur le poisson avant qu’il n’atterrisse dans son assiette. Ensuite, on peut en changer la présentation : en croquette, en filet avec une sauce, en cubes sur une brochette…
Dernière chose : évitez de cacher l’aliment. La mauvaise bonne idée qui va peut-être vous traverser l’esprit, c’est de mettre du poisson dans les pâtes, puis de ne pas le dire à l’enfant. Encore une fois, l’enfant risque de perdre confiance en vous. Il risque de ne plus vouloir manger des pâtes parce qu’il redoutera que vous y ayez caché quelque chose.
Est-ce que les suppléments ou les vitamines sont recommandés pour les enfants?
Si un enfant a une alimentation variée, le seul supplément recommandé, c’est la vitamine D. À partir de l’âge de un an, les besoins des enfants sont de six cents unités internationales par jour, toutes sources confondues, donc qu’ils soient ingérés dans des produits laitiers ou via un supplément.
C’est d’ailleurs pour ça qu’il est indiqué de prendre un supplément de quatre cents unités internationales par jour.
Si jamais vous avez des soucis au niveau de l’alimentation de votre enfant, consultez un médecin, une nutritionniste ou un pharmacien avant de vous procurer quoi que ce soit.
Comment choisir les meilleures céréales pour le petit déjeuner?
Sur l’étiquette nutritionnelle, souvent, le point de référence est une portion de 55g. Dans cette optique, pour le sucre, on vise en bas de 8 à 10 grammes par portion. Pour les fibres, on vise en haut de 4 à 10 grammes par portion.
Ensuite, on s’assure que dans la liste des ingrédients, on ne voit pas d’édulcorants, donc tout ce qui est aspartame, sucralose, sorbitol, saccharine, etc. Parmi les bons choix, il y a les Squares à l’avoine, les Raisin Bran, les Shreddies et les Cheerios nature.
Il faut également que ce soit des céréales que l’enfant aime manger.
Si vous achetez quelque chose qui a juste l’air d’une botte de foin, personne ne voudra manger ça!
Pour rendre le tout plus intéressant et soutenant, on peut aussi ajouter des graines de chia ou de chanvre, un lait plus protéiné, ou mélanger deux sortes de céréales.
Est-ce que c’est normal que mon enfant revienne de l’école avec son lunch presque intact?
D’abord, pas de panique. N’assumez pas qu’il n’a pas aimé ce qu’il y a dans sa boîte à lunch. Posez plutôt des questions : est-ce que t’as eu le temps de manger? Est-ce qu’il y en avait trop? Est-ce que la collation prise en avant-midi était trop grosse ou trop collée à l’heure du dîner?
Vous pouvez aussi encourager votre enfant à participer à l’élaboration de sa boîte à lunch. Savoir à l’avance ce qu’il y a dedans, ça peut aider à mieux en apprécier le contenu.
Comment savoir si mon enfant mange trop?
Un enfant ne peut pas trop manger. Ils écoutent leurs signaux de faim et de satiété.
Un enfant ne fait pas de gourmandise. Ça, c’est propre à l’adulte.
Dans le partage des responsabilités en ce qui a trait à l’alimentation, le « combien » relève de l’enfant. Le parent est responsable de la qualité, de la variété de l’alimentation et de l’heure des repas. L’enfant, lui, va déterminer l’ordre dans lequel il mange ses aliments, la quantité qu’il va manger, puis s’il a faim ou pas.
C’est lui qui est dans son corps, alors on essaie de leur faire confiance et de ne pas trop intervenir.
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