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On pose les vraies questions… à une ergothérapeute

Comment savoir si mon bébé a un retard de développement moteur ?

Par
Gabrielle Tremblay-Baillargeon
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Dans la série Les vraies questions, on rencontre un.e spécialiste afin de lui poser toutes les questions qu’on se pose dans nos group chats de parents, mais qu’on n’ose pas demander au médecin pendant nos rendez-vous.

Ce mois-ci, on a rencontré Josiane Caron Santha, ergothérapeute, pour parler de TDAH, de développement moteur et de vélo sans les petites roues.

Comment savoir si mon bébé a un retard de développement moteur?

Un bébé suit généralement une séquence naturelle de développement, bien qu’il y ait des variations individuelles. Ce qu’on veut observer, c’est une progression régulière. Par exemple, un bébé devrait soutenir sa tête entre 0 et 3 mois. Si à 4 mois il a encore de la difficulté à le faire ou si cela demande un effort marqué, il est préférable de consulter.

Vers 4 à 6 mois, il devrait commencer à se retourner d’un côté à l’autre. Entre 6 et 9 mois (souvent autour de 8 mois), un bébé devrait pouvoir passer de la position allongée à une position assise par lui-même.

Le plaisir dans le mouvement est aussi un indicateur clé. Un bébé engagé dans ses déplacements explore différentes positions et interagit activement avec son environnement.

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Il est important d’être attentif si un bébé semble stagner ou s’il « saute » une étape clé, comme le quatre pattes. En cas de doute, même mineur, il est toujours préférable de consulter. Les parents sont les meilleurs experts de leur enfant, et leurs observations sont précieuses.

À quel âge un enfant devrait-il savoir faire du vélo sans petites roues?

L’apprentissage du vélo sans petites roues varie généralement entre 4 et 7 ans, selon différents facteurs :

Coordination et force musculaire : L’enfant doit apprendre à pédaler tout en dirigeant son guidon, ce qui demande un certain niveau de coordination entre le haut et le bas du corps.

Expériences préalables : Des outils comme la draisienne (vélo d’équilibre) ou le tricycle aident beaucoup à développer l’équilibre et la force nécessaires.

Culture familiale : Les enfants issus de familles qui intègrent le vélo dans leurs activités quotidiennes (ex. : balades avec un siège pour enfant ou sorties régulières) s’y intéressent souvent plus tôt.

L’essentiel est d’offrir à l’enfant des expériences progressives et positives, adaptées à son niveau de confiance et à ses capacités motrices.

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Quels sont les « red flags » à surveiller dans le jeu au parc pour un enfant d’âge préscolaire?

Le parc est un espace où les enfants développent à la fois leurs habiletés motrices, sociales et cognitives. Il est donc intéressant d’observer comment ils interagissent avec l’environnement et les autres enfants. Voici quelques signes à surveiller :

Sur le plan moteur : Un enfant qui évite certains équipements (balançoires, modules demandant de grimper) ou qui chute fréquemment pourrait avoir des difficultés à coordonner ses mouvements ou à évaluer les risques.

Au niveau social : Observez s’il joue avec d’autres enfants ou s’il les évite. S’il est incapable de suivre de simples règles sociales (ex. : attendre son tour), cela peut être un indice d’un problème à surveiller.

Variété des jeux : Un enfant qui se limite à une seule activité (ex. : manipuler des cailloux encore et encore) ou qui ne montre aucun intérêt pour les jeux symboliques (ex. : faire semblant d’être un roi en haut d’un module) pourrait avoir des défis d’imagination ou de motricité.

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Il est important d’évaluer si l’enfant semble prendre plaisir à jouer et s’il explore différentes activités. Un enfant constamment frustré, demandant beaucoup d’aide ou s’éloignant des autres, pourrait bénéficier d’une évaluation.

Comment l’ergothérapie peut-elle aider un enfant avec un TDAH?

L’ergothérapie aide à surmonter les défis spécifiques auxquels l’enfant fait face dans ses occupations quotidiennes, que ce soit à l’école, à la maison ou dans ses loisirs.

Le rôle principal de l’ergothérapeute est de comprendre les besoins et les forces de l’enfant, et de proposer des stratégies adaptées.

Pour un enfant avec un TDAH, cela peut inclure :

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Observer les causes des défis : Difficultés motrices, problèmes d’attention, manque de motivation ou surcharge sensorielle.

Travailler les habiletés spécifiques : Améliorer l’autorégulation, développer des routines, ou encore renforcer des habiletés sociales.

Outiller l’environnement : Créer des espaces adaptés et réduire les distractions pour faciliter la concentration.

L’objectif est que l’enfant puisse mieux comprendre ses besoins, apprendre à s’autoréguler et développer des compétences qui renforceront son estime de soi.

Quels sont les « milestones » en autonomie d’hygiène et d’habillement à surveiller?

L’autonomie chez l’enfant se développe progressivement, et voici quelques repères importants :

Entre 4 et 5 ans : L’enfant devrait pouvoir s’habiller seul pour des vêtements simples (t-shirts, pantalons), bien qu’il puisse encore avoir de la difficulté avec des boutons ou des lacets.

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Hygiène : Il devrait être capable de se laver les mains, de gérer la toilette seul et de brosser ses dents, même si ce n’est pas encore parfait.

L’essentiel est d’observer un désir d’autonomie : l’enfant veut imiter les adultes, apprendre de nouvelles habiletés et participer activement à sa routine. Offrir des opportunités pour pratiquer ces gestes est essentiel à son développement.

Comment aider un enfant difficile avec les aliments ou qui pourrait avoir un ARFID?

L’ARFID (trouble de restriction ou d’évitement alimentaire) est un diagnostic réservé aux cas sévères, mais même un enfant sans ce diagnostic peut présenter des comportements préoccupants : Évite-t-il des groupes alimentaires entiers? A-t-il un poids ou une croissance inquiétants?

Si un enfant montre des signes de sélectivité alimentaire significative, il est important de consulter une équipe multidisciplinaire (nutritionniste, ergothérapeute, parfois psychologue).

On ne force jamais un enfant à manger et on évite les stratégies comme cacher des légumes dans une purée.

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Les expositions positives sont clés : intégrer des aliments dans des jeux ou des activités sensorielles sans les obliger à les consommer. Par exemple, manipuler des aliments, les sentir ou les toucher peut réduire les résistances avec le temps.

Mon enfant mord ou frappe souvent les amis à la garderie. Comment l’ergothérapie peut-elle aider?

Les comportements agressifs chez les jeunes enfants ont souvent une cause sous-jacente :

Difficultés de communication : L’enfant ne sait pas encore exprimer ses besoins autrement.

Surcharge sensorielle : Trop de stimulations peuvent déclencher une réaction impulsive.

Grand besoin de sensations : Certains enfants frappent pour mieux ressentir leur propre corps dans l’espace.

L’ergothérapeute aide en identifiant la source du comportement et en mettant en place des stratégies adaptées : apprentissage des habiletés sociales, utilisation de pictogrammes pour favoriser la communication ou ajustement de l’environnement pour réduire les surcharges.

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Si nécessaire, l’ergothérapeute collabore avec d’autres professionnels comme le psychoéducateur ou l’orthophoniste pour une approche globale.