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On pose les vraies questions… à une éducatrice spécialisée
Dans la série Les vraies questions, on rencontre un.e spécialiste afin de lui poser toutes les questions qu’on se pose dans nos group chats de parents, mais qu’on n’ose pas demander au médecin pendant nos rendez-vous.
Ce mois-ci, on a rencontré Joanie Mercier, éducatrice spécialisée à la clinique La valise aux merveilles, afin de jaser de routine, de diagnostic et de sentiment d’épuisement parental.
Comment faire pour ne pas perdre patience après nos enfants chaque matin ?
Il faut connaître nos limites! À la clinique, on aime bien dire aux parents de choisir leurs batailles. En y pensant ou en discutant avec notre co-parent, on peut déterminer ce qu’on accepte et ce qu’on n’accepte pas. Si on est deux à faire la routine, c’est important d’avoir la même ligne directrice.
Enfin, il faut garder en tête qu’un enfant, ce n’est pas un mini adulte. Les enfants ont des capacités limitées par moment. Il faut être compréhensif avec eux : on ne peut pas s’attendre à un même niveau de rapidité pour s’habiller qu’avec un adulte, par exemple.
Comment savoir si mon enfant a un diagnostic ou s’il a juste de la difficulté avec les consignes ?
Comme parent, c’est normal de se poser des questions. On ne fait pas exprès, mais on a tendance à comparer avec les autres enfants, on regarde les grilles de développement… Ceci dit, évitez Dr Google et, surtout, évitez de comparer votre enfant à celui des autres. Un enfant, ça se développe de façon différente.
Par contre, si vous remarquez des comportements que vous associez à un diagnostic, allez vérifier s’ils sont pareils partout avec les autres intervenants et adultes qui interagissent avec votre enfant : des éducateur.ices, la famille, les gardien.nes…
En faisant ça, pourrez être rassuré ou du moins, vous mettre sur une bonne piste. Si vous réalisez que le comportement problématique ou qui vous inquiète se répète partout, c’est peut-être une bonne idée d’aller consulter.
Je déteste la routine. Est-ce que je suis obligé d’en avoir une avec mes enfants ?
Je sais que c’est plate, la routine, mais c’est tellement sécurisant pour les enfants. Quand c’est bien rodé, on passe au travers, et finalement, on a plus de temps pour faire autre chose.
Comment avoir une transition plus smooth entre deux maisons quand on est séparés?
Il y a plusieurs solutions. Pour les tout-petits, on peut avoir un calendrier imagé de la garde avec un collant qui représente chaque parent. Il pourrait aussi y avoir une copie à la garderie pour que l’enfant puisse s’y référer et qu’il sache qui vient le chercher le soir. De plus, on peut sélectionner un bien précieux de l’enfant (un toutou, un livre préféré) qui peut le suivre dans les deux maisons : quelque chose qui est à lui et pas à la maison de papa ou de maman.
Enfin, même si on a deux maisons, il faut idéalement avoir une certaine cohérence dans les règles. Les choses qui ne sont pas permises chez maman ne devraient idéalement pas l’être chez papa, et vice-versa.
C’est quoi les signes avant-coureurs du TDAH?
Ce qu’il faut savoir, c’est que le TDAH se situe au niveau du cortex préfrontal. Cette partie-là du cerveau va vraiment plus se développer entre 5 et 7 ans. C’est pour ça que dans la grande majorité des cas, les professionnels vont attendre l’entrée au primaire pour poser un diagnostic. Avant ça, on ne sait pas si c’est une immaturité du cerveau qui pourrait simplement changer avec le temps, et on ne veut pas mettre une étiquette à un enfant qui n’en a finalement pas besoin.
Par contre, c’est sûr qu’on peut voir des signes qui peuvent susciter beaucoup de questionnements : un enfant qui papillonne beaucoup, qui n’est pas capable de rester sur place pour faire une activité, par exemple.
C’est sûr qu’un enfant, ça n’a pas une grosse capacité d’attention, mais je parle d’un enfant qui butine d’activité en activité, qui n’est pas capable de se mettre à l’action, de commencer une tâche, et aussi un enfant qui, quand il se met à l’action, n’est pas capable de s’arrêter.
On surveille aussi un enfant qui a de la difficulté à se calmer, qui va être très excité. Chez une petite fille, ça se manifeste aussi beaucoup par la parole excessive. Tous ces signes-là ne sont pas nécessairement un TDAH, et il ne faut surtout pas en vouloir aux professionnels qui vont vous dire qu’il ne font pas de diagnostic avant l’entrée au primaire. Ils laissent une chance au cerveau de votre enfant!
Comment faire pour ne pas se sentir rushé le soir après l’école ?
Le mieux, c’est d’avoir une routine solide. On peut avoir préparé le souper d’avance, faire affaire avec un traiteur, avoir déjà coupé nos ingrédients pour le souper.
Aussi, plus l’enfant vieillit, plus on peut le faire participer. Il ne toutefois faut pas lui faire voir ça comme une punition, mais plutôt comme une opportunité. « Viens m’aider à faire avancer le train, puis on va avoir plus de temps ensemble après. » Occuper l’enfant va aussi faire en sorte qu’il aura moins tendance à nous coller en disant : « J’ai faim, je suis tanné, occupe-toi de moi! »
Est-ce que je devrais envoyer mon enfant à la maternelle 4 ans ?
C’est toujours du cas par cas, selon l’enfant et le contexte. À la base, la maternelle 4 ans a été créée pour pallier une certaine pénurie de places en garderie. Les maternelles 4 ans et les groupes de 4-5 ans du CPE se basent tous les deux sur Accueillir la petite enfance, qui est le programme éducatif du gouvernement du Québec. Bref, les enfants apprennent la même chose. La seule différence, c’est qu’à l’école, on a un plus gros ratio d’enfants par rapport à l’adulte, et que les élèves ont un accès plus rapide à des spécialistes (orthophonistes, éducateurs spécialisés, etc.), parce qu’ils sont déjà dans le système scolaire.
Si votre enfant a déjà une place dans le milieu de garde, il faut se poser des questions avant de faire la transition.
Un enfant en milieu familial qui est le seul grand avec des tout-petits qui sont dans des apprentissages de base, oui, ça peut être gagnant pour lui d’aller en maternelle 4 ans. Sinon, l’enfant n’évolue pas et peut même régresser un peu. Mais ce n’est pas le cas pour tous les enfants!
Un enfant en CPE ou en garderie en installation suit le même programme éducatif, donc pas besoin de le changer tout de suite. Dans les faits, c’est 4 trente sous pour 1 piasse.
Il y a d’autres aspects à considérer, aussi : en maternelle, par exemple, tu dois faire un lunch et gérer les vacances scolaires, la semaine de relâche et les journées pédagogiques. Avez-vous un plan pour la période estivale? La majorité des camps de jours n’acceptent pas les enfants de 4 ans – il faut donc y penser avant de faire le saut.