On pose les vraies questions… à une chiropraticienne pédiatrique

Dans la série Les vraies questions, on rencontre un.e spécialiste afin de lui poser toutes les questions qu’on se pose dans nos group chat de parents, mais qu’on n’ose pas demander au médecin pendant nos rendez-vous.

Ce mois-ci, on a rencontré la Dre Amélie Bourque, chiropraticienne chez Chiropedia, pour discuter de problèmes d’allaitement, de posture devant la télé et du fameux frein de langue dont tout le monde parle sur Instagram.

C’est impossible de contrôler la posture de sommeil d’un enfant à cet âge-là. L’important, c’est surtout d’éviter une mauvaise posture du cou sur son oreiller. On veut qu’il soit quand même assez droit pour qu’il puisse dormir confortablement sans être trop surélevé.

Je recommande toujours un oreiller en écailles de sarrasin qui évolue avec la croissance de l’enfant. On commence en mettant moins d’écailles dedans, et plus l’enfant grandit, plus on le remplit.

Une césarienne, c’est un événement très stressant pour un bébé.

Naturellement, quand le bébé descend dans le canal vaginal, il y a un remodelage des os crâniens qui se produit. Les os se compressent et, après la naissance, ils reprennent leur position normale. Durant une césarienne, ce remodelage n’a pas lieu.

En plus, une compression de la cage thoracique se fait naturellement lors du passage du bébé dans le canal vaginal. Cette compression-là aide à expulser les sécrétions des poumons. Avec une césarienne, le bébé peut avoir plus de sécrétions dans les poumons, ce qui peut engendrer des complications.

Enfin, en tant que chiropraticiens pédiatriques, on va s’interroger sur les raisons de la césarienne. Est-ce parce que le bébé était mal positionné? Y avait-il des contraintes quelconques? Est-ce que l’accouchement a été très long? Par exemple, si le bébé était en siège, ça peut engendrer des tensions et des blocages qu’il faut surveiller.

Les recommandations sont les mêmes que pour un adulte devant un écran d’ordinateur : s’assurer que l’écran est à la hauteur des yeux et que l’enfant regarde droit devant lui. Au besoin, on peut soulever l’écran en utilisant des coussins, par exemple.

L’idéal est de veiller à ce que son dos soit assez droit, donc de l’asseoir sur une chaise ou un siège adapté.

Pour la télévision, c’est la même chose. Il est préférable que l’enfant soit assis avec le dos bien appuyé sur le fauteuil.

Un bébé peut naître avec des tensions, des blocages articulaires, et des tensions au niveau du cou, peu importe la position qu’il avait dans le ventre ou le type d’accouchement. Par exemple, le bébé peut avoir de la difficulté à tourner la tête d’un côté plus que de l’autre ou à ouvrir grand la bouche.

Ce sont tous des problèmes que nous pouvons traiter en chiropratique. Notre travail, c’est de s’assurer que la mobilité de chaque articulation est optimale pour que l’allaitement se passe bien. On vérifie l’impact des tensions et des blocages pour que tout fonctionne correctement.

En même temps, il y a les fameux freins restrictifs de la langue dont on entend de plus en plus parler et qui peuvent être un enjeu pour l’allaitement. On évalue et on vérifie le problème en examinant la bouche du bébé pour voir comment la langue bouge. Si on détecte un frein restrictif, on peut orienter le parent vers une clinique spécialisée pour une intervention appropriée.

Si votre bébé dort souvent la bouche ouverte, il est pertinent de prendre rendez-vous pour une évaluation.

Il pourrait avoir un frein restrictif qui empêche la langue de se coller au palais et de garder la bouche fermée pendant le sommeil. Il pourrait aussi s’agir de tensions dans la mâchoire qui empêchent la fermeture de la bouche.

La position de la langue sur le palais est importante pour le développement. Si la bouche est toujours ouverte, la langue ne se colle pas au palais, ce qui peut empêcher le palais de s’élargir correctement. Ça peut engendrer d’autres problèmes de croissance, y compris des problèmes de dentition.

Je pense que beaucoup de gens ont vu des vidéos sur TikTok où des personnes se font craquer par des chiropraticiens, et ça peut faire peur aux parents. Mais non, on ne fait jamais craquer les bébés ou les enfants, jamais de la vie!

La colonne vertébrale des bébés est en plein développement. Elle est composée principalement de cartilage, et n’est pas encore développée comme celle d’un adulte. Quand on traite les bébés, on utilise une pression très légère, comparable à celle que l’on appliquerait sur une paupière. Cette pression est maintenue et dirigée pour relâcher les tensions et faciliter le mouvement de la vertèbre selon le blocage.

Plus tard, lorsque la colonne vertébrale devient plus solide, par exemple quand l’enfant commence à marcher, on peut faire des manipulations plus traditionnelles. Mais même à ce stade, les craquements ne sont pas extrêmes comme chez les adultes, mais plutôt des libérations articulaires adaptées à la taille et à la maturité de l’enfant.

Dernière chose : c’est très important d’aller voir un chiropraticien qui a une formation en pédiatrie. La spécialisation demande une formation supplémentaire pour traiter les enfants de manière appropriée.

Quand on aide des enfants qui ont des retards moteurs, on veut vérifier pourquoi l’enfant n’est pas capable de réaliser ce mouvement. On évalue toujours les enfants de la tête aux pieds, en regardant la mobilité de la colonne vertébrale ainsi que celle des articulations des bras, des jambes, des hanches, et des épaules. Souvent, un retard moteur comme l’absence de quatre pattes peut être lié à un blocage articulaire. Est-ce que l’enfant est inconfortable dans la position ou est-ce qu’il a une restriction de mouvement qui l’empêche de se déplacer ?

Les blocages peuvent être présents depuis la naissance, en raison de la position du bébé dans l’utérus ou de l’accouchement, ou encore à cause des postures qu’on fait prendre à l’enfant sans s’en rendre compte.

Après l’évaluation, on fournit des recommandations pour améliorer sa posture et ses mouvements pour favoriser un développement moteur optimal.