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On a testé les tout premiers surfs électriques écolos au Québec
«Ecosurf: La planche de surf électrique arrive au Québec». C’est le titre du communiqué qui m’a poussé à quitter le bitume montréalais pour Sabrevois, une petite communauté pas très loin de Saint-Jean-sur-Richelieu, en cette magnifique journée du mois de mai.
Frustré de ne pas avoir pu visiter Hampton Beach l’an dernier pendant la saison des ouragans et n’étant pas trop friand des vagues des rapides du Saint-Laurent, l’option de pouvoir tester un gadget mi-Seadoo mi-planche de surf sur la rivière Richelieu m’est apparue particulièrement alléchante. «La vision derrière Ecosurf est de proposer une activité qui est à la fois écologique, remplie d’adrénaline et qui peut plaire autant aux téméraires qu’aux plaisanciers ainsi qu’aux familles et enfants, et ce à moins de 1 heure de Montréal», indique le communiqué.
Au nom du droit du public à l’information (OK, pour mon fun aussi), je me suis mouillé (littéralement) pour vérifier s’il y a anguille sous surf (dernier mauvais jeu de mots du texte, promis) derrière cette histoire.
C’est pas la Californie, mais…
Quand j’arrive au Quai Ryan, mon point de rencontre avec Tommy Goyette et François Lebaron, les deux entrepreneurs derrière le projet, le stationnement ressemble plus à un chantier de construction qu’à une plage idyllique. «On va avoir un super beau spot! Ils sont en train de tout refaire pour accueillir les gens dans quelques semaines. Il va y avoir des jeux pour enfants, des vélos électriques à louer et un pavillon pour relaxer», m’explique Tommy, lorsque je lui demande pourquoi la terre meuble et le gravier ont remplacé le sable.
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Pour l’instant, le camion des entrepreneurs flanqué de leur banderole Ecosurf est le seul indice qu’il y a quelque chose à faire de plus ici que de pêcher depuis la jetée en pierre, ce que plusieurs personnes font en ce bel avant-midi.
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Je suis un brin stressé puisque j’ai lu que c’est leur modèle le plus rapide, pouvant atteindre une vitesse de 45 kilomètres/heure.
Comme le vent est tombé et que c’est tranquille sur la rivière, François me propose d’essayer les planches avant qu’on fasse l’entrevue sur leur business. «On va te faire essayer la Carver X. C’est notre bête!» J’avoue qu’à ce point-ci, je suis un brin stressé, puisque j’ai lu que c’est leur modèle le plus rapide pouvant atteindre une vitesse de 45 kilomètres/heure. «N’aie pas peur, à ta grandeur et ton poids, ça va juste être le fun!», me rassure Tommy lorsqu’il croise mon regard angoissé.
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J’enfile mon wetsuit (l’eau est bonne, mais pas tant que ça quand même) et je rejoins Tommy et François pour recevoir les explications.
Le moment de vérité est venu. Je mets ma veste de sauvetage et je me lance à l’eau.
Le fonctionnement est très simple. À l’aide d’une petite manette qui est accrochée au poignet, on peut contrôler la vitesse du moteur situé à l’arrière de la planche qui «propulse un peu comme un Sea-Doo». Une corde avec un aimant assure la liaison entre la manette et le moteur, de sorte que si on se plante et que la corde décroche, la planche s’arrête et ne nous arrache pas la jambe. «Tu peux mettre ton pied dans la ganse en avant si tu veux être plus stable, mais t’es pas obligé. T’es un peu plus libre de mouvement si tu ne le mets pas dedans», m’explique Tommy, qui affirme en avoir fait pour la première fois la veille et avoir «trippé comme un petit fou». «En plus, j’ai aucun background en surf et j’ai catché ça super vite! Je suis sûr que ça va te prendre 45 secondes pour flyer comme un pro!», m’encourage-t-il.
Le moment de vérité est venu. Je mets ma veste de sauvetage et je me lance à l’eau.
J’appuie un peu plus fort et la planche lâche un gros «VRRRRMMMM» alors que le nez décolle de l’eau et que j’essaie tant bien que mal de contrôler la bête tel un cowboy peu expérimenté.
Je commence sur les genoux pour «feeler la planche» comme me l’a conseillé Tommy et j’appuie sur la manette pour démarrer le moteur, mais pas trop fort pour ne pas me faire varloper et souiller mon honneur devant les 2-3 pêcheurs qui me regardent.
Comme ça ne décolle pas trop trop, j’appuie un peu plus fort et la planche lâche un gros « VRRRRRRRRMMMM» alors que le nez décolle de l’eau et que j’essaie tant bien que mal de contrôler la bête tel un cowboy peu expérimenté au Festival Western de St-Tite qui aurait abusé de la 50 avant son premier rodéo.
Évidemment, la première fois que j’essaie de me lever, je m’écrase lamentablement dans la rivière Richelieu, au grand plaisir des quelques marins du dimanche sur leurs bateaux qui me font des vagues au passage.
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Mais je ne me décourage pas pour autant et je rembarque sur mon embarcation. J’essaie une nouvelle tactique. J’appuie d’un coup sec sur la manette pour me donner un boost puis je relâche tranquillement. Décidément, je n’ai pas trop le tour, puisque la planche donne un petit coup au début puis ralenti, ne me permettant pas de me mettre debout.
Je retourne tant bien que mal au bord de l’eau et je déclare à Tommy et François que leur fameux Carver X doit manquer de jus parce qu’un surfeur expérimenté comme moi devrait aisément pouvoir rider ce bidule. «Faut que tu laisses le temps au moteur de partir! Pèse sur la manette quelques secondes, attends que la planche soit plus stable et lève-toi! Là tu vas pouvoir manoeuvrer!» explique Tommy.
Ah. Il me semblait aussi. Je retourne pour un deuxième round avec les conseils de l’entrepreneur.
Je crie des onomatopées telles «Wouhooouuu!», «Aaaaaaaah!» et «Wooooooo!» en passant à côté des bateaux stationnés sur la rivière.
J’appuie sur la manette au fond. J’attends quelques secondes pour que la planche soit à vitesse maximale et je me lève d’un bond.
Je comprends d’un coup ce que Tommy voulait dire par «tripper comme un petit fou». Je crie des onomatopées telles «Wouhooouuu!», «Aaaaaaaah!» et «Wooooooo!» en passant à côté des bateaux stationnés sur la rivière.
Je dois avouer que le sentiment, même s ’il est très différent du surf ou même du wakesurf, est génial. Il me rappelle un peu celui du wakeboard, où l’adrénaline procure une sensation d’euphorie.
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En revanche, je remarque que la Carver X est beaucoup moins réactive qu’un wakeboard ou même qu’un surf. Je dois appuyer pas mal fort sur le devant de la planche pour qu’elle tourne efficacement.
Je réussis finalement à faire quelques boucles à toute vitesse pas très loin du quai et je retourne voir Tommy et François. Je leur expose mes observations et Tommy me propose d’essayer la Carver Twin, un modèle fait pour les personnes de plus petite taille, moins rapide, mais plus manœuvrable, afin de voir la différence de feeling.
J’échange donc de planche et effectivement, je vois tout de suite la différence. La Twin est beaucoup plus facile à contrôler. Elle me fait penser à un skateboard cruiser qui flotterait sur l’eau. Très réactive, je peux tourner sec plus facilement et pomper avec mon pied comme une planche de surf.
Je tente quelques boucles pendant que François me prend en vidéo et que Tommy trippe sa vie avec la Carver X un peu plus loin, et je retourne sur la grève, les jambes un peu molles d’avoir travaillé autant.
«T’as l’air d’avoir eu du fun!», me lance François. Même si ce n’est tout de même pas comparable à une session de surf au soleil couchant à San Diego, j’avoue que j’ai eu bien du plaisir et que ça a fait du bien de glisser, ou dans ce cas-ci flotter, sur l’eau à l’aide d’une planche. Je lui lance donc un «Mets-en!» bien senti, encore un peu essoufflé au moment de sortir de l’eau.
Une fois changé et séché, c’est le temps de passer aux choses sérieuses et de poser les vraies questions aux entrepreneurs.
Le nouveau sport de 2021?
C’est en tout cas le souhait de Tommy et François. «On veut vraiment faire découvrir tous les avantages de ce sport-là. On pense que ça peut être une super belle alternative pour tous les Québécois qui ont accès à un plan d’eau et qui veulent une expérience excitante et écolo», affirme Tommy.
«On pense que ça peut être une super belle alternative pour tous les Québécois qui ont accès à un plan d’eau et qui veulent une expérience excitante et écolo.»
C’est d’ailleurs en regardant ce qui se passait avec le «jet surfing» en Europe que l’entrepreneur a eu l’idée d’implanter ce sport sur la rivière Richelieu près de son lieu de naissance il y a quelques années. «J’ai toujours trippé sur les sports nautiques et quand j’ai vu ça, je me suis dit que ça serait un bon fit pour le Québec», raconte Tommy.
Il a alors approché son acolyte François avec son idée. «J’ai embarqué tout de suite. Je trouvais ça génial», confie l’entrepreneur aguerri qui a fréquenté le milieu de l’événementiel. Il explique également que l’ambitieux projet Alo Richelieu, piloté par Tourisme Haut-Richelieu, qui vise à «offrir des escales nautiques, gourmandes et patrimoniales» le long des berges de la rivière l’a d’autant plus convaincu d’aller de l’avant.
Les deux entrepreneurs ont officiellement lancé leurs opérations avec Ecosurf Canada le 14 mai dernier. «On a eu quelques réservations la journée même. On ne s’attendait pas que ça soit si achalandé avec la température de l’eau et la saison, donc on est contents!», relève Tommy. Les deux entrepreneurs certifient être le seul endroit au Canada où on peut louer et acheter les planches Onean équipées d’une batterie lithium-ion, qu’ils font venir d’Espagne. D’ailleurs, l’étiquette «écolo» est bien importante pour les deux entrepreneurs, qui essaient d’avoir le «moins d’impact environnemental possible» en passant par leur batterie et même leur camionnette hybride. «Ce qui est intéressant avec notre batterie au lithium-ion, c’est qu’on peut la recycler à 100%. On fait affaire avec une entreprise de Saint-Jean-sur-Richelieu pour s’assurer que ça soit bien fait».
«Ce qui est intéressant avec notre batterie au lithium Ion, c’est qu’on peut la recycler à 100%.»
En plus de la Carver X et la Carver Twin que j’ai essayées, Ecosurf Canada offre également la Manta, un genre de planche à pagaie électrique avec une plus longue autonomie de batterie. «On est surpris de la demande qu’on a déjà! Beaucoup de gens avec des chalets trouvent ça intéressant d’avoir une planche qui ne fait pas trop de bruit et qui est électrique» assure Tommy, qui se fait justement interpeller par deux hommes intéressés à essayer le produit pendant notre entrevue.
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Après avoir essayé leurs planches, une question me vient cependant à l’esprit: pourquoi quelqu’un voudrait dépenser plus de 16 000$ (le prix de la Carver X selon Tommy) ou plus de 100$ de l’heure en location pour faire un sport qui est un hybride entre le wakeboard et le surf? «C’est un nouveau sport que quasiment personne a testé au Canada et qu’on peut faire n’importe où il y a des plans d’eau. C’est un sentiment de liberté comme nul autre. En plus, c’est écolo et les planches ne prennent pas trop de place», martèle de nouveau Tommy.
Dans les prochaines années, le duo aimerait bien continuer de faire connaître le surf électrique et que Sabrevois devienne un endroit de prédilection pour exercer le sport. «La rivière est large. On a de la place en masse!», lance Tommy. «On aimerait aussi ouvrir d’autres franchises au pays et peut-être ailleurs dans le monde si on voit un engouement», conclut pour sa part François.
Après tout ça, est-ce que le surf électrique est mon nouveau sport préféré? Je dois dire que non. Mais est-ce que c’est le fun et ça vaut la peine de l’essayer? Oui.
Mais si je retourne voir Tommy et François à Sabrevois prochainement, je vais probablement splitter les coups de location avec des amis dans un univers post-pandémique pour épargner mon portefeuille et avoir ma dose d’adrénaline. Comme le dit si bien Tommy «Ça ne coûte pas cher, rêver!»
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