Avec l’interdiction des téléphones cellulaires dans les écoles, la rentrée pourrait angoisser certains élèves, ou même leurs parents. Ce n’est pas le cas de Anne-Sophie B. et de sa marmaille, puisque personne chez eux n’a de téléphone. Ni même d’écran.
En effet, cellulaires, tablettes et télévision sont persona non grata chez Anne-Sophie qui, avec son conjoint, ont cinq enfants âgés de deux à onze ans.
Papa étant informaticien, la famille possède un bien un ordinateur, mais l’appareil est hors limites pour toute forme de divertissement. Les enfants d’âge scolaire peuvent l’utiliser uniquement pour leurs travaux scolaires dans des périodes déterminées et encadrées.
« L’ordinateur est vraiment dédié à l’apprentissage, souligne Anne-Sophie. [Les enfants] n’ont aucun temps libre avec un écran. »
C’est une décision que le couple a prise avant même la naissance de leur aîné.
« J’avais lu quelque chose qui m’avait frappé, relate Anne-Sophie. Que pour les enfants, le plus gros problème avec les écrans, ce n’était pas ce que l’enfant consulte en soi, mais plutôt ce qu’il ne fait plus parce qu’il passe du temps sur un écran : jouer dehors, socialiser avec des amis, se disputer avec sa fratrie et apprendre à régler des conflits… »
À ses yeux, confier un écran aux enfants équivaut à les « endormir ».
« Il y a des familles qui, dans leurs moments de routine, installent les enfants devant la télévision ou une tablette pendant la préparation du souper, illustre-t-elle. Pas moi. Quand je cuisine, mes enfants sont autour de moi et ils m’aident. J’ai accepté que ça vienne avec des dégâts, comme quand mon deux ans a mis tout le poivre de Cayenne dans les patates. On a choisi d’en rire! »
« Plus sérieusement, je suis fière que mes enfants apprennent à cuisiner et à m’aider. »
Donner l’exemple
La mère de famille de 32 ans possède un ChromeBook, mais elle s’en sert uniquement pour garder le contact avec des amis et la famille ou pour regarder des recettes en ligne.
Pas pour y passer des heures à scroller.
« Je ne voulais pas de cellulaire, parce que je ne voulais pas que ça devienne une distraction pour moi quand j’étais avec mes enfants. De regarder mon écran plutôt que de jouer avec mes enfants au parc », illustre-t-elle.
À la place, son mari est le premier à jouer à la tag avec ses enfants et, pourquoi pas, avec tous ceux qui en ont envie au parc.
En plus de lui conférer une liberté dont elle avait soif, le fait de ne pas avoir de téléphone cellulaire ou de télévision l’aide à donner l’exemple à ses enfants.
« Le fait de ne pas avoir de cellulaire, ça fait en sorte qu’ils ne m’en ont jamais demandé un, confie-t-elle. Et c’est toujours plus facile de dire à son enfant qu’il y a zéro écran que de commencer à contrôler ou à minuter le temps qu’il passe dessus. »
Son fils aîné, qui commencera la sixième année dans quelques jours, a des amis qui en possèdent un, mais pour l’instant, « ce n’est pas un enjeu », indique Anne-Sophie.
Se divertir sans écrans
Ça ne signifie pas que l’ennui ne s’invite pas chez Anne-Sophie. Mais comme la famille ne possède pas d’écrans, impossible de succomber à la tentation – assez facile – de compter sur la technologie pour s’occuper.
« Si on accepte de vivre avec l’ennui, les enfants apprennent à s’occuper et à trouver une activité par eux-mêmes pour se changer les idées, indique la mère de famille. En général, ça se passe très bien. »
L’été, la famille est adepte de plein air : vélo, randonnées, visites à la piscine.
Puis, quand les journées raccourcissent, les jeux de société prennent le relais. Jouer à la cachette est aussi une activité populaire à la maison. Le Scrabble est une autre activité prisée par la famille. Et quand on se demande comment s’écrit un mot… C’est vers le bon vieux dictionnaire papier qu’on se tourne!
Un mode de vie qui suscite la curiosité
Au quotidien, une liste d’épicerie manuscrite, un calendrier et un bon vieil agenda papier permettent à Anne-Sophie de s’organiser.
En voyage, pas de GPS et encore moins de téléphone cellulaire pour trouver son chemin. S’il a une carte routière dans leur véhicule, le couple imprime généralement le trajet à partir de Google Map avant de lever les voiles, question de planifier ses déplacements. « Ça développe le sens de l’orientation », lance Anne-Sophie.
Le mode de vie qu’elle a sciemment choisi avec son conjoint n’est pas fait pour tout le monde, reconnaît-elle. Il suscite aussi sa part de réactions.
« Les gens trouvent ça spécial, reconnaît la mère de famille. Des fois, je sentais de l’incompréhension, mais c’est surtout de la curiosité. »
Et elle n’exprime aucun regret.
« L’enfance, ça passe tellement vite, dit-elle. Avoir des écrans, ça aurait divisé mon attention. Alors que là, je peux voir mes enfants grandir et je ne manque rien. »
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