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Ode aux tunnels de l’Université Laval

Une galerie d'art mille pieds sous terre.

Par
Emmy Lapointe
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Quelques kilomètres de béton se déploient sous le campus de l’Université Laval. Utiles l’hiver, inondés au printemps, courus le reste de l’année par les voiturettes et les joueurs et joueuses du Rouge et Or, les souterrains de l’UL sont mythiques pour leur histoire (et leurs histoires), l’amour et la peur qu’ils suscitent, mais qu’en est-il vraiment? J’ai récolté ici et là des témoignages, des fragments d’étudiant.e.s qui les aiment ou les détestent. Voyez ça comme un documentaire poético-bétonné.

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Deux bacs, bientôt une maîtrise et je n’y ai jamais mis les pieds, si je n’y vais pas, existent-ils vraiment?

Suis-je dans Monster Inc. Qui sont les monstres?

Les voiturettes et leurs chauffeurs : adaptation québécoise de la franchise Rapide et Dangereux.

Ça sent un peu la poussière et le sac de sport.

J’ajouterais le saignement de nez.

Moi, les bas mouillés.

Seul endroit où tu ne peux pas faire semblant d’appeler quand tu as peur.

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Je les aime secs comme inondés, parce que personne n’y va dans ce temps-là, des rivières calmes.

Trop de graffitis de pénis, mais un terrain de sociologie et d’histoire.

Je pense que je chiale sur les tunnels, mais je suis contente de les avoir dans le fond, de toute façon, peu importe où je suis, j’ai peur de marcher toute seule après mes cours de 21 h 30, alors tant qu’à avoir peur, j’aime mieux avoir peur au chaud.

La première fois que je les ai utilisés, j’ai pleuré, parce que je me suis perdue. Mais ce n’est pas moi qui les ai inondés, promis.

La partie la plus effrayante mène au pavillon le plus effrayant. Sensation d’être dans un film d’horreur étudiant pour se rendre à un cours de cinéma.

Pourquoi ils ont le droit de jouer à Mario Kart et d’être payés pour ça?

C’est comme vivre une petite mort chaque fois, lumière au bout du tunnel, images qui défilent sur les côtés.

On y sort toujours trempé.e.s de sueur.

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Le tunnel en œsophage est parfait pour faire du skate, en plus, il est infini.

Rentrer ivre du Pub U et te perdre en te rendant aux résidences te permet de remettre ton choix de carrière, d’amour, de vêtements en question.

Fuck les gens qui courent dedans.

C’est dégueu.

Fresque immonde, mais d’actualité.

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Les téléphones rouges sont là pour nous rassurer, pour qu’on appelle s’il y a quelque chose, mais qui répond au bout?

J’ai embrassé pour la première fois mon chum ici, au croisement du grand axe, et je l’ai laissé au même endroit, mais à l’extérieur cette fois-là.

Il faudrait des tunnels en diagonale pour piquer à travers le campus, comme des hypoténuses.

L’affaire, c’est que dans les tunnels, tu te sens un peu tout.e seul.e, c’est pratique, oui, mais ça n’a rien à voir avec marcher dehors sur le campus. Entre les grands axes, les petits sentiers, c’est tellement grand. Quand t’es moins pressé.e d’aller en cours, ça vaut la peine de passer par l’extérieur, surtout au trimestre d’automne. Ça donne l’impression d’être dans Gilmore Girls.

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