Logo

Ode à la nature québécoise d’une Européenne en amour

Je ne veux plus vraiment rentrer chez moi.

Par
Mathilde de Kerchove
Publicité

Émigrer en pleine pandémie n’est pas quelque chose de simple, quels que soient les pays de destination et d’origine. Mais après un an de vie au Québec et une arrivée fracassante rythmée par une « quatorzaine », un couvre-feu à 20 h et des restaurants fermés, je peux tout de même affirmer que mon choix de pays d’accueil était judicieux.

Alors que la situation actuelle a rappelé au monde entier l’importance de la nature et du plein air, les habitant.e.s du Québec n’ont jamais été aussi bien servi.e.s qu’en ce temps de crise. Pendant un an, j’ai vécu à 100 km à l’heure et profité de tout ce que cette Belle Province avait à m’offrir. Aucun regret au moment de partir donc, mais un petit goût amer à l’idée de retrouver la petite campagne de la Belgique, très jolie certes, mais un peu étroite quand on revient d’ici!

Des saisons, des vraies

Alors que les saisons belges sont remplies de surprises – de la grêle en été et un début de canicule fin février, avec le reste du temps une météo neutre et un ciel aux 50 nuances de gris –, le Québec respecte encore cette vieille tradition qu’est le changement de saison.

Publicité

Quand le printemps a commencé ici, alors que ça ne faisait que deux petits mois que j’étais installée, j’ai vraiment cru que c’était ma saison préférée. Mais s’il fait du bien après les températures extrêmes et les longs hivers à enfiler les couches pour aller chercher du pain au coin de la rue, il n’est finalement rien comparé à l’été et à ses ressources inépuisables d’activités.

La canicule m’a poussée à fuir la métropole les fins de semaine pour aller explorer tous les coins et recoins du territoire qui m’entourait. À aucun moment je n’ai ressenti le besoin de sortir du Québec. Entre les plages et montagnes de la Gaspésie, les lacs de la Mauricie, les forêts et rivières de Lanaudière, les sommets de l’Estrie et les parcs régionaux autour de Montréal, le choix est cornélien, mais toujours juste : tout est à couper le souffle.

Publicité

Ensuite, l’été et ses chaleurs extrêmes passent le flambeau au véritable automne. Celui qui vous amène une température clémente, qui vous rassemble pour les derniers barbecues, et surtout, qui vous offre des paysages qu’on pensait uniquement voir dans les magazines (ou sur Instagram). Du jaune au rouge en passant par l’orange, les couleurs de l’automne sont tout simplement hallucinantes au Québec, et m’ont motivée à enchaîner les randonnées pour tenter d’aller toujours plus haut et de voir des tons toujours plus vifs.

Publicité

Enfin, l’hiver débarque, parfois un peu trop sans prévenir, mais pour donner place à toutes les activités auxquelles on pense depuis les premiers feux de foyer. Jamais je n’aurais imaginé pouvoir chausser mes skis de fond à 500 mètres de chez moi, en pleine ville, et croiser mes voisins sur les traces. C’est ça aussi, Montréal et le Québec. Mais c’est aussi partir en refuge et se sentir au milieu de nulle part à seulement 1 h 30 de la ville, faire des randonnées en raquette ou en ski, faire de la luge un lundi soir sur la montagne après une tempête de neige ou encore patiner une heure pour décompresser après une dure journée de labeur.

Publicité

La faune (que je n’ai pas vraiment vue)

Je ne suis pas une bonne observatrice et ça s’est révélé encore plus vrai au Québec. À part avoir aperçu un orignal entre les arbres de la forêt du mont Saint-Albert (je croyais que c’était un âne, c’est mon chum qui m’a précisé qu’il s’agissait d’un orignal…), observé quelques biches au parc national de Boucherville et pointé du doigt avec enthousiasme quelques phoques au Bout du monde au parc Gaspé, je n’ai pas été très chanceuse.

Publicité

Comme toute nouvelle arrivante qui se respecte, j’ai évidemment été émerveillée, dans les premiers jours, par les écureuils qui envahissent les parcs de la ville… jusqu’à ce que je passe par la phase de désenchantement et réalise qu’il s’agissait tout simplement de gros rats un peu plus mignons. À l’occasion de quelques joggings, j’ai aussi pu observer des ratons laveurs en haut du mont Royal ou entendre leur cri quand j’y allais tard le soir. Dans le même esprit, j’ai écouté le chant des coyotes lors d’une escapade dans une yourte et j’ai confondu le cri d’un huard avec celui d’un loup lors de ma première expérience en canot-camping.

Publicité

Si mon expérience avec la faune ne fut pas la plus folle, elle fut cependant nettement plus enrichissante qu’après presque 28 ans de promenades dans les Ardennes belges. Et puis les ressources du Québec m’ont permis d’être nettement plus à l’écoute de ce qui m’entoure.

Des lacs à l’infini

Ils ne sont pas toujours les plus accessibles. En effet, s’ils ne sont pas dans un parc national ou régional, les nombreux lacs du Québec sont souvent entourés par des propriétés privées et donc rendus inatteignables pour les visiteurs et visiteuses. Mais lorsqu’on a la chance de tomber sur l’un d’eux en randonnée, en louant un chalet ou encore en faisant du canot-camping, ces lacs sont de véritables baumes pour la santé mentale. Leur eau paisible et claire m’a rafraîchie plus d’une fois pendant la canicule estivale. Leur photogénie grâce aux pins qui les entourent, leur couleur bleu éclatant et leurs plages de sable, de petits bois ou de rochers est tout ce qu’il me fallait cet été. Par ailleurs, ils sont aussi une source d’activités en tous genres : baignade, canoë, plongeons depuis des rochers, pêche, etc.

Publicité

En automne, ces derniers prennent les couleurs des forêts qui les entourent pour un spectacle grandiose. Alors que les baignades deviennent de plus en plus challengeantes, les lacs restent toujours des endroits depuis lesquels on contemple la nature, autour desquels on piquenique ou encore sur lesquels on continue de pêcher.

Enfin, l’hiver transforme les lacs du Québec en véritables plaines de jeux. Dessus, on skie, on patine et on se promène avant de se réfugier autour du feu. Pendant les randonnées ou sur la route, on confond les champs et les lacs, qui sont devenus de grandes étendues de neige qui donnent l’envie irrésistible d’y laisser nos traces, d’y dessiner des anges et même, pour les plus fous ou folles, de se jeter dans ce gigantesque matelas de poudreuse.

Écrire sur mon amour pour la nature du Québec, c’est pour moi un peu comme exalter ma passion pour la nourriture ou les chiens; je pourrais taper sur mon clavier sans m’arrêter tellement il y a de choses à raconter. Pourtant, je n’y ai vécu qu’un an et je sais que j’ai encore tellement de choses à découvrir. Bref, tout ça pour dire que je serai plus vite de retour qu’on pourrait le croire, pour marcher encore plus de kilomètres, gravir encore plus de montagnes, nager au milieu d’encore plus de lacs et de rivières et, peut-être, observer quelques animaux cette fois!

Publicité