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Neige, pluie, vent : de banales intempéries à véritables phobies
Si les températures de cette semaine semblent dire le contraire, l’hiver et ses intempéries sont pourtant bel et bien au pas de notre porte. La première neige est d’ailleurs annoncée pour le 15 novembre et elle signera le début de cette saison plus qu’intense au Québec. Une bonne nouvelle pour certain.e.s, peu réjouissante pour les frileux… et même carrément effrayante pour d’autres.
On a rassemblé quelques phobies liées à la météo qu’on a passé à la loupe avec Geneviève Beaulieu-Pelletier, psychologue et conférencière à l’Université du Québec à Montréal, pour mieux saisir de quoi il en ressort
La chionophobie : quand la neige nous glace le sang
En moyenne, il tombe entre 200 et 400 centimètres de neige au Québec en hiver, selon MétéoMédia. De quoi faire fuir en courant les chionophobes de la belle province. En effet, les personnes atteintes de chionophobie craignent la neige et ont peur d’être prises au piège ou même carrément coincées chez elles.
« La personne qui est phobique va interpréter toute situation de façon catastrophique, explique Geneviève Beaulieu-Pelletier. Ce n’est pas la neige en soi qui lui fait peur. Ce sont les conséquences du fait qu’il neige : je vais être coincé.e chez moi, je vais être enseveli.e et je vais rester ici des jours et des jours. Mais une fois que la tempête est passée, cette même personne peut très bien oser sortir de chez elle, et n’a pas spécialement peur de toucher de la neige. »
«Ce n’est pas la neige en soi qui lui fait peur. Ce sont les conséquences du fait qu’il neige.»
Les causes liées à une phobie peuvent être infinies, affirme la spécialiste. « Cela peut évidemment être provoqué par un traumatisme ou un événement qu’il est intéressant de décortiquer. Pour d’autres, la raison est moins évidente. Dans tous les cas, par rapport à ce genre de phobie, il faut pousser le patient à s’exposer. On affronte graduellement les situations qu’on craint, on ne les évite pas. »
« Donc on ne va pas mettre quelqu’un qui souffre de la phobie de la neige en pleine tempête pour commencer bien sûr, mais on va le mettre en confrontation avec une petite tombée de neige, par exemple, poursuit-elle. L’idée est qu’il n’évite pas cette situation, mais aussi qu’il ne se rassure pas en l’affrontant. Le but est vraiment de la tolérer et d’arriver à un sentiment de calme. »
L’ombrophobie : peur dans la pluie
Nous sommes en plein mois de novembre et cette période peut être la scène de longues journées pluvieuses à faire trembler les ombrophobes, soit ceux et celles qui ont peur de la pluie. Cette phobie touche en effet les intempéries violentes comme les fortes pluies, la grêle ou encore les orages.
« Les personnes qui souffrent d’une phobie liée à un élément météorologique ont souvent, comme pour beaucoup d’autres phobies d’ailleurs, le réflexe de l’éviter, explique la psychologue. C’est un mécanisme qui devient un cercle vicieux. Si une tempête est annoncée, un ombrophobe va se débrouiller pour ne pas sortir de chez lui ce jour-là, jusqu’à faire du télétravail, par exemple. Pourtant, l’évitement est un facteur de maintien de l’anxiété qui est lié à cet élément naturel, autrement dit la pluie dans ce cas-ci. »
«Les personnes qui souffrent d’une phobie liée à un élément météorologique ont souvent, comme pour beaucoup d’autres phobies d’ailleurs, le réflexe de l’éviter».
En d’autres mots, plus un ombrophobe évitera la pluie, plus il aura eu l’impression de réussir en l’évitant, et plus il la craindra la prochaine fois. Ainsi, on peut aussi imaginer qu’un.e chionophobe ou un.e ombrophobe au Québec ira passer son hiver au chaud, en Floride par exemple!
L’aérophobie : loin d’avoir le vent dans les voiles
Aussi employée pour désigner la peur des avions, l’aérophobie est la crainte irrationnelle de l’air frais, des courants d’air et du grand vent. Celles et ceux qui en souffrent évitent ainsi d’ouvrir les fenêtres, mais aussi de sortir par temps de vent et de pluie.
« Ces phobies liées à des éléments naturels peuvent être très incapacitantes, poursuit Geneviève Beaulieu-Pelletier. On peut avoir tendance à se dire que c’est une petite peur qui n’impacte pas le quotidien, mais bien au contraire. Si une tempête est prévue dans quelques jours, une personne chionophobe, aérophobe ou encore ombrophobe va certainement rencontrer de gros troubles du sommeil et d’autres symptômes liés à l’anxiété comme la nausée ou l’étourdissement. »
Comme la spécialiste le rappelle, souffrir de phobies qu’on ne peut pas contrôler comme celles liées aux intempéries a de lourdes conséquences sur la vie quotidienne. En effet, cela peut impliquer une surveillance obsessionnelle de la météo ou encore une préparation démesurée à l’arrivée de ces événements. « Je suis persuadée que la plupart de ces personnes anxieuses au Québec ont déjà changé de pays. Ce n’est pas vivable sinon », conclut Geneviève Beaulieu-Pelletier.
S’il neige, pleut ou vente fort le 15 novembre prochain, on aura peut-être envie de lâcher quelques sacres en se retrouvant tout mouillé.e ou encore en enfilant nos multiples couches, mais on pensera surtout aux phobiques des intempéries qui passent certainement la première journée difficile de la saison.