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Montréal veut redonner la voie Camillien-Houde aux piétons, aux cyclistes et à la forêt

Un pas (ou coup de pédale?) pour la biodiversité et la sécurité cycliste

Par
Sara Buzzell
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Plus tôt cette semaine, Valérie Plante annonçait le projet porté par la Ville de Montréal de verdir la voie Camillien-Houde de manière à ce qu’elle soit uniquement accessible aux piétons et aux cyclistes. Oui oui, vous avez bien lu : la mairesse a l’ambition de remplacer l’artère asphaltée par une piste cyclable et un large chemin piéton, séparés par une forêt.

Le mont Royal est d’une richesse sans nom pour notre ville, offrant une immersion en nature à deux pas des rues achalandées et du ciment de la métropole. Une forêt au cœur d’un centre urbain, ce n’est pas rien, et les gens le savent. En effet, il suffit d’une visite un samedi ensoleillé sur le chemin Olmsted, qui permet d’accéder au belvédère à l’abri de la circulation automobile, pour comprendre l’ampleur de l’achalandage sur la montagne. Au-delà du fait qu’elle rende la visite du parc moins agréable, cette suroccupation des sentiers présente un risque important pour la biodiversité.

C’est donc avec l’objectif, dans un premier temps, de nourrir le « poumon de la ville » en plantant l’équivalent de trois terrains de football en forêt sur Camillien-Houde que la décision de la Ville a été prise.

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Source : @val_plante, sur Instagram

Un pas pour la biodiversité

Avec le réchauffement climatique qui nous guette et la qualité de l’air qui se dégrade, nous avons plus que jamais besoin de laisser la montagne respirer, afin qu’elle nous aide à mieux le faire. Colleen Thorpe, directrice générale d’Équiterre, parle d’un « geste positif dont on a besoin dans un monde qui surchauffe », en ajoutant que « si nous prenons soin de la nature, elle prendra soin de nous ». Intégrer la nature dans l’aménagement urbain, c’est se donner le luxe de profiter de ses bienfaits sans avoir à se déplacer trop loin.

Les canicules de plus en plus robustes d’été en été nous ont bien prouvé une chose : on a besoin de se rafraîchir. La réalité de la ville étant ce qu’elle est, maints citadins n’ont pas accès à des espaces de fraîcheur. La file pour entrer à la piscine du parc Laurier nous l’a encore une fois prouvé la semaine dernière, alors qu’on observait des températures approchant les 40 degrés Celsius ressentis en plein mois de septembre.

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Dre Mylène Drouin, directrice de la santé publique pour la région de Montréal, révèle à ce sujet un calcul de 2016 qui montre une différence de 16 degrés Celsius entre la température au mont Royal et celle d’un stationnement du centre-ville au même moment. L’agrandissement de la forêt du mont Royal apparaît donc comme une nécessité face aux vagues de chaleur qui continueront de s’emparer de la métropole.

Un pas pour la sécurité

Outre la nécessité de redonner leur place aux arbres, aux oiseaux et à toute la biodiversité du Mont-Royal, la Ville répond enfin aux inquiétudes quant à la sécurité cycliste sur la voie Camillien-Houde. Chemin bien connu des adeptes de vélo en raison du dénivelé qu’il présente, Camillien-Houde a notamment coûté la vie au jeune Clément Ouimet, décédé à l’un de ses tournants en 2017. Les voitures frôlent les cyclistes, parfois à une vitesse exagérée, puisque la voie sert surtout de transit pour plusieurs automobilistes souhaitant traverser la métropole. Le partage de la route et la sécurité de tous les usagers sont donc au cœur de la décision prise par la Ville, qui assure qu’il n’y a « pas de compromis [à faire] sur la sécurité des citoyens ».

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Si la communauté cycliste se réjouit évidemment de cette annonce, certaines inquiétudes demeurent. Selon Laurent St-Cyr, co-propriétaire du Club Espresso Bar, un café qui organise des sorties cyclistes sur le mont Royal de manière hebdomadaire, les 5 mètres de largeur proposés pour la voie cyclable ne sont pas suffisants.

« Il y a du volume [sur Camillien-Houde], ça va vite, ce n’est pas que du vélo de plaisance », soulève-t-il. Il mentionne également que la descente est à pic, avec des tournants souvent pris largement à cause de la vitesse, et que le croisement entre les cyclistes qui dépassent en montant et ceux qui descendent pourrait présenter un danger important. Il précise être toutefois conscient de la contrainte environnementale que présenterait l’élargissement de la voie cyclable.

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Malgré tout, Laurent se réjouit de la nouvelle, notant les risques toujours présents sur la voie Camillien-Houde : « Il y a encore énormément de U-Turn. À chaque fois qu’on va monter le mont Royal, on voit une situation qui aurait pu être un danger pour un cycliste ». À 100% derrière la décision, comme elle l’a été pour la construction du REV sur Saint-Denis, sa communauté se bat pour que les voitures ne puissent plus passer sur Camillien-Houde depuis plusieurs années.

S’il soulève certaines interrogations, c’est surtout pour que le projet profite au plus grand nombre : « Réunissons tous les acteurs autour de la table pour prendre la décision et nous aurons un projet qui fera l’envie de toutes les villes dans le monde », conclut-il.

Et l’accessibilité universelle dans tout ça?

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Si le message lancé par la Ville de Montréal est celui que la montagne appartient à tout le monde, son accès ne doit pas être limité aux piétons et aux cyclistes. À cet effet, la mairesse Valérie Plante assure que les places de stationnement qui sont au sommet du Mont demeureront. Il faudra y accéder par le chemin Remembrance, situé sur l’autre versant de la montagne. Actuellement en réaménagement, cette route continuera d’être accessible aux véhicules motorisés.

Les sentiers seront aussi adaptés pour être inclusifs pour les personnes à mobilité réduite. La Ville travaille d’autant plus étroitement avec la STM de manière à mettre en place des trajets de transport collectif qui connectent les deux versants de la montagne à divers endroits dans la métropole. Finalement, la décision a été prise en collaboration avec le Service de sécurité incendie de Montréal afin qu’elle ne nuise pas au transit des véhicules d’urgence, qui pourront emprunter la voie cyclable au besoin.

Le projet, utopie des sportifs et amateurs de plein air en tous genres qui fréquentent le mont Royal, se mettra en branle en 2027, juste après les Mondiaux de cyclisme accueillis par la ville en 2026. Pendant les travaux, les cyclistes avides de dénivelé positif pourront notamment aller rouler dans Westmount, le temps que la construction de leur futur terrain de jeu soit terminée.

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On vous fera un article plus détaillé de suggestions d’endroits où aller pour remplacer Camillien-Houde rendu là!