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Mon premier pow-wow à McGill
C’était jour de fête pour tous les étudiants de la communauté autochtone de McGill vendredi dernier. Le 22e pow-wow annuel de l’université se tenait au cœur du campus principal, attirant les étudiants curieux à la sortie de leurs cours. Au début de la célébration, le maître de cérémonie appelait à l’ouverture : « Durant les pow-wow, nous voulons mettre de l’avant une approche de compréhension, un sentiment de paix, un sentiment de communauté ». C’est donc le cœur grand ouvert que j’ai assisté à mon premier pow-wow.
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Attention, s’il est vrai que je me rendais à l’événement en tant qu’« allochtone curieuse », je n’en étais pas moins informée! Plus tôt cette semaine, j’ai grimpé la méchante côte sur Peel pour me rendre à la First People’s House de McGill. À la fois une résidence universitaire et un centre de services offrant des ressources aux étudiants autochtones, cette organisation est responsable du pow-wow annuel depuis maintenant 22 ans.
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Un pow-wow, c’est avant tout une fête de tradition autochtone. Les danses traditionnelles, les prestations de tambours et les chants de gorges sont généralement des incontournables. « C’est une célébration de culture et d’identité », m’explique Mathew Coutu-Moya, responsable administratif à la First People’s House. Le pow-wow permet de manifester la présence des étudiants autochtones dans les milieux académiques.
« Quand il y a plus de représentation à l’université, c’est moins isolant pour l’étudiant et ça envoie le message clair que tout le monde à sa place ici », me dit Mathew.
En contexte universitaire, les pow-wow sont inter-tribaux, donc l’évènement est ouvert à tous et rassemble différentes communautés des premiers peuples, inuits et métis. On prend soin de célébrer chacune de leur culture dans leur unicité, sans les mettre dans un même panier. Par exemple, durant les représentations traditionnelles, on prend le temps de nommer la communauté d’où provenaient les danses et les chants interprétés. C’est aussi une une occasion d’informer les non-autochtones sur la diversité des Premières Nations.
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MES PREMIÈRES OBSERVATIONS
Quand je suis arrivée, le party était pogné dans la place! Shout out au maître de cérémonie super dynamique dès 11h le matin… La danse d’ouverture m’a particulièrement marquée. J’ai été éblouie par la beauté des régalia colorés qui ont envahi la piste de danse sur le rythme des tambours.
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À noter que j’ai bien dit « régalia » et non « costume », car CE n’est pas un déguisement, ils sont très clairs là-dessus. Les régalia sont les tenues que portent les danseurs.
J’ai appris qu’ils sont uniques et racontent l’histoire de son danseur à travers les détails des vêtements. Les régalia informent également sur le style de danse que pratique le danseur. En somme, les danseurs racontent une histoire tant avec leurs pas qu’avec leur tenue.
Durant la première danse et le sermon de l’aîné, on devait rester debout par respect. Ensuite, on nous invitait à céder nos sièges à des personnes âgées, comme c’est la coutume chez les Autochtones. S’en est suivi une minute de silence, en l’honneur d’une femme de la communauté décédée le samedi précédent. Un moment un peu plus solennel, avant de retourner à la danse et à la fête.
MORE FOOTWORK, MORE ENERGY
« Un pow-wow, ce n’est pas un spectacle, vous êtes invités à participer et vous joindre à nous! », rappelait souvent le maître de cérémonie. Il faisait référence aux « danses intertribales » où tout le monde pouvait aller sur la piste de danse.
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Quand on participe à une danse, on n’a pas besoin de connaître les pas. Les novices exécutent des pas simples en faisant une ronde, alors que les experts virevoltent autour. Un peu timide, je n’osais pas aller sur la piste… jusqu’à ce qu’une jeune femme m’invite à danser avec elle! Non-autochtone tout comme moi, cette étudiante de McGill est venue à l’évènement pour encourager le père de son copain, un joueur de tambour. Elle me parlait de ses autres expériences de pow-wow :
« C’est tellement accueillant, tout le monde est le bienvenu! Quand j’étais à celui de Concordia, ils ont interprété une danse qui se nomme la danse des cerceaux. J’ai adoré! Je n’ai jamais rien vu de semblable avant, c’était super impressionnant! »
Elle avait raison. La danse des cerceaux est magnifiques, c’était sûrement ma préférée aussi. Amatrice de bonnes histoires et de storytelling, j’ai été émue par la dextérité des danseurs qui arrivaient à nous communiquer une histoire avec leurs cerceaux. J’arrivais à comprendre, sans que rien ne soit dit.
J’ai également écouté des chants de gorges inuits. « Dans le fond, c’est une compétition, la première qui rate un temps ne gagne pas », a expliqué l’une des chanteuses. Leur complicité se ressentait; c’était vraiment beau.
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LE POURQUOI DU COMMENT
Je ne pouvais pas repartir sans avoir parlé avec un danseur. Avec mon anglais plutôt moyen, j’ai réussi à baragouiner : « Pourquoi es-tu ici, aujourd’hui? » Il m’a toisé avec sérieux. Ses régalia le rendaient imposant, je me sentais petite dans mes shorts… Puis, il a éclaté d’un rire franc et m’a répondu : « Je ne sais pas, j’ai été invité par les organisateurs. C’est amusant, on vient ici, on se rassemble et on passe un bon moment avec tout le monde et les autres danseurs! » Enfin, il me regarde encore et dit :
« Toi, pourquoi es-tu là? »
C’est une excellente question. Je suis là parce que j’étais curieuse, et comme de fait, j’ai énormément appris. C’est un évènement que je recommande à tous, au moins une fois dans sa vie. De voir une démonstration aussi forte d’affirmation culturelle, c’est impressionnant… et un pow-wow l’est encore plus! Faire un pas vers l’autre en acceptant son partage culturel, c’est finalement faire un pas dans la bonne direction.
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