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Minimalisme professionnel : quand la Gen Z redéfinit l’ambition
« C'est le début d'un temps nouveau. »
Avec l’arrivée d’une nouvelle génération sur le marché du travail, semblerait que bien des boss ne savent plus où donner de la tête. Ça, c’est si on se fie à la pléthore d’articles qui explorent la question : « Comment gérer les employés de la Génération Z ».
Cela étant dit, d’autres études démontrent que la génération Z a effectivement évolué dans son rapport au travail en développant une philosophie que plusieurs ont nommée « minimalisme professionnel ».
Mais que veut dire ce terme, exactement ? Et est-ce que la génération Z s’identifie vraiment à cette philosophie? On en jase avec Sandrine, 26 ans et jeune professionnelle « minimaliste ».
Le mot clé : équilibre
Commençons par une définition si vous le voulez bien : l’idée du minimalisme professionnel est de se trouver un travail stable qui permet de survivre, tout en se laissant du temps pour des activités et des jobines qui nous font plaisir. Notre métier principal n’est plus une fin en soi, mais un moyen, un tremplin pour atteindre la stabilité nécessaire pour profiter de nos passions.
Le minimalisme professionnel est en quelque sorte une réponse à la mentalité des générations précédentes. Les travailleurs issus de la génération de mes parents, par exemple, souhaitaient s’installer au sein d’une compagnie, et y gravir les échelons afin d’avoir plus de responsabilités, et un meilleur salaire.
Maintenant, on vise plutôt l’équilibre.
Cette philosophie, c’est celle qui a guidé Sandrine, une jeune femme de 26 ans travaillant dans une agence d’artistes. « En sortant de l’école après mon bac en production culturelle, je me suis spécialisée en audiovisuel en tant que coordonnatrice et directrice de production. Le problème, c’est que ces métiers-là prenaient trop de mon temps et de mon énergie pour que je reste sur le long terme. »
Incapable de trouver un équilibre entre travail et vie personnelle dans son ancien métier en cinéma, Sandrine a alors fait le choix (sans le savoir) de faire du minimalisme professionnel : « J’ai trouvé une job de 9 à 5, toujours dans le domaine culturel, mais dans un poste moins stressant et qui me laissait assez de temps pour mes autres projets. Je travaille 35 heures par semaine, ce qui me laisse du temps pour travailler sur mes projets d’arts visuels, faire des expos, etc. »
Et elle n’est pas la seule à penser ainsi. En fait, les chiffres parlent d’eux-mêmes : dans une enquête québécoise réalisée auprès de la génération Z en 2019, à la question « Que veut dire “réussir sa vie professionnelle” pour toi ? », la réponse la plus populaire (32 %) était de « réussir à trouver un équilibre professionnel et personnel ».
Citée dans le rapport d’étude, la sociologue Diane Pacom explique que ce besoin d’équilibre est « très caractéristique de la génération Z ». « Les jeunes d’aujourd’hui ont entendu leurs parents se plaindre qu’ils s’ennuyaient au travail, qu’ils étaient stressés, débordés, épuisés… Ils ne veulent pas vivre la même chose. Pour les Z, le travail est une extension de la vie, et non une parenthèse dans la vie. »
Faire moins pour faire plus
Le minimalisme professionnel fait aussi mentir ceux et celles qui disent que « les jeunes ne veulent plus travailler ». Plutôt, la génération Z accorde beaucoup d’importance à ses projets personnels et veut se garder de l’énergie pour les réaliser. On veut faire moins au travail, certes, mais en faire plus à l’extérieur.
Comme plusieurs jeunes de sa génération, Sandrine enchaîne les projets sur le côté : arts visuels, gérance de la carrière d’un ami, création de vidéoclips, etc. Mais pour y arriver, il faut faire des choix de carrière différents que ceux que l’on faisait autrefois.
« Anciennement, pour mes contrats en cinéma, j’étais payée un minimum d’heures par semaine, et je n’avais pas plus d’argent si je dépassais ce nombre d’heures là (ce qui arrivait tout le temps). Des conditions du genre, je n’accepterais plus ça, parce que je n’aurais plus de garantie d’avoir du temps pour moi. »
Ceci explique possiblement pourquoi les postes de gestion sont moins alléchants pour cette génération.
Toujours selon l’étude d’Academos, en réponse à la question : « Quel est ton principal objectif de carrière ? », 47,5 % des répondants ont déclaré qu’ils souhaitaient s’ « épanouir dans un domaine ou une profession qui me passionne », contre seulement 2,1 % qui ont dit vouloir « atteindre l’échelon le plus élevé d’une grande entreprise ».
« En ce moment, je me sens pleinement épanouie. J’ai pas de problème avec le fait d’avoir plus de responsabilités, mais pour moi, le plus important reste d’avoir des horaires raisonnables et fixes, un droit à la déconnexion. Quand je suis au travail, je suis au travail, mais quand je décroche, je décroche. Je veux continuer à évoluer dans ma carrière, mais sans me mettre la pression de devoir surperformer pour devenir PDG. »
À la recherche d’apprentissages
La génération Z ne voudra-t-elle plus des postes de gestion? Non, pas nécessairement. C’est plutôt ce qui la motive à accepter ce type de postes qui a changé. Selon l’étude d’Academos, « 85 % des répondants [au] sondage considèrent important que l’entreprise qui les emploie leur offre des possibilités d’avancement, et 88 % souhaitent que leur employeur leur permette d’avoir accès à de la formation et encourage le perfectionnement. »
Quand la génération Z accepte de grimper les échelons, c’est avant tout pour satisfaire un besoin d’apprentissage et pour que son emploi demeure stimulant. Comme le dit le sociologue Jacques Hamel dans l’étude citée précédemment :
« Adeptes du multitâche, les Z redoutent la routine de l’emploi. »
Lorsque je l’ai questionnée sur ce qui la pousserait à accepter un poste avec plus de responsabilités, Sandrine a encore corroboré les données de l’étude. « Je suis quelqu’un qui aime apprendre. Ce qui me ferait accepter un poste qui affecte mon équilibre travail/vie personnelle, c’est l’envie de progresser, de sentir que j’apprends quelque chose de nouveau et que je peux faire une différence. »
Alors, si vous êtes un.e patron.ne qui lit ces lignes, voilà quelques pièces du puzzle qui vous permettront de mieux comprendre cette génération qui valorise l’équilibre et l’apprentissage plutôt que de gravir des échelons et rajouter des zéros à son salaire.
Comme le dit Sandrine : « Mon succès ne s’évalue pas avec un cachet dans les sept chiffres. Je vise un sentiment d’accomplissement personnel plutôt que monétaire. »
Maintenant, reste à savoir si le marché du travail est prêt à s’adapter à leurs besoins.
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