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Méta-quoi? Voici à quoi pourrait ressembler le «méta-univers» annoncé par Facebook

D’ici cinq ans, les conférences en hologramme seront possibles. Et bien plus, selon Mark Zuckerberg.

Par
Malia Kounkou
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Quand Mark Zuckerberg a annoncé vouloir créer un «méta-univers» il y a quelques semaines, on s’est demandé si ce n’était pas une façon de rivaliser avec les ambitions spatiales de ses comparses qui ne semblent pas trop savoir comment dépenser leur argent (comme Jeff Bezos et Elon Musk).

Mais non, le grand patron de Facebook affirme qu’on peut concevoir le méta-univers comme «le successeur de l’internet mobile», rien de moins. Et Facebook ambitionne de devenir le leader dans ce domaine d’ici cinq ans.

OK, mais c’est quoi un méta-univers?

À l’entente du terme «metaverse» (en anglais), tout nerd qui se respecte pense immédiatement au monde de Marvel et à ses déclinaisons infinies de trames s’interconnectant au sein d’un même grand univers. Et dans le monde du réel, la différence n’est pas si grande.

Aux yeux de Mark Zuckerberg, le téléphone est un espace d’interaction restreint que le méta-univers viendrait étendre à l’infini.

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En effet, le concept d’un méta-univers implique l’imbrication de réalités. Ici, l’une est physique, l’autre est virtuelle, et la première peut ou non se calquer sur la seconde. La liberté offerte par celle virtuelle, cependant, est que chacun peut créer son propre avatar et, à travers lui, interagir, se déplacer , travailler ou encore commercer. «Tu as ton avatar, tes produits numériques, et tu veux être capable de te téléporter partout», comme le résume succinctement Mark Zuckerberg dans une entrevue accordée à The Verge.

Le grand rêve de Mark Zuckerberg

C’est avec cet objectif en tête que l’entrepreneur s’est entouré d’une équipe d’experts principalement issus du milieu des jeux vidéo pour concevoir un laboratoire de réalité augmentée (Facebook Reality Lab) où la magie immersive devrait s’opérer. Il est aussi dans ses projets d’investir massivement dans des lunettes de réalité augmentée ainsi que dans des casques de réalité virtuelle — comme ceux d’Oculus, une compagnie de Facebook — afin de parfaire l’expérience des utilisateurs.

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Aux yeux de Mark Zuckerberg, le téléphone est un espace d’interaction restreint que le méta-univers viendrait étendre à l’infini, conférant aux conversations un caractère plus réel et, paradoxalement, plus humain. «Dans le futur […], tu seras capable de t’asseoir en tant qu’hologramme sur mon canapé […] et ce sera comme si nous étions à la même place, même si nous sommes dans différents états ou à des milliers de kilomètres d’écart», décrit-il à The Verge. «Donc je pense que c’est vraiment puissant.»

Un rêve de longue date

L’engouement pour le «metaverse» ne date pas d’hier et n’a pas non plus vu le jour avec Facebook.

Le terme nous vient de l’écrivain Neal Stephenson qui, dans son roman Snow Crash (1992), l’a employé pour désigner la fusion du réel, du virtuel et de l’augmenté, le tout sur une interface numérique. Ce monde extensible n’est gouverné que par l’informatique et fonctionne avec une économie parallèle à la nôtre, deux principes que l’essayiste Matthew Ball déterminera plus tard comme essentiels à la définition d’un méta-univers. Il y ajoutera un autre critère important: l’interopérabilité, soit la communication et la collaboration fluides et indépendantes entre deux systèmes.

«La qualité essentielle du “metaverse” sera la présence – le sentiment de vraiment être là avec les gens.»

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Bien avant Facebook, le «metaverse», même à son degré le plus rudimentaire, a toujours été la prémisse des jeux vidéo. Nombre d’entre eux proposent en effet à leurs consommateurs une interface virtuelle peuplée d’avatars agissant en leur nom et modifiables à la hauteur de leurs finances. En 2003, le serveur Second Life allait même plus loin en permettant à ses utilisateurs de se construire de toutes pièces l’existence de leurs rêves, devenant ainsi un refuge — et une très sérieuse dépendance — pour beaucoup.

De nos jours, ce même schéma de réalité multijoueur immersive se retrouve dans Fortnite, Minecraft ou encore Roblox. Snapchat possède également un pied dans le méta-univers par le biais des «bitmojis», cet avatar que chaque utilisateur crée à son image et qui, par la suite, indique sa localisation en temps réel sur une carte du monde.

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Un contexte qui s’y prête

Si le mot «metaverse» fait plus de bruit lorsqu’il est prononcé par Mark Zuckerberg, c’est parce qu’il arrive à point nommé. La pandémie et ses nombreuses quarantaines ont bouleversé nos moyens d’action et d’interactions, sur le plan professionnel comme personnel. À présent que tout est dématérialisé, entendre qu’un outil nous permettrait de «passer outre les limitations physiques [pour] pouvoir se déplacer […] avec la même facilité qu’entre les pièces de sa maison» nous apparaît non seulement possible, mais nécessaire.

Surtout si, à la différence des plateformes 2D préexistantes (Zoom, par exemple), celle-ci nous permet de nous sentir en contact réel avec l’autre après des mois d’isolement. «La qualité essentielle du “metaverse” sera la présence – le sentiment de vraiment être là avec les gens», avance d’ailleurs Mark Zuckerberg comme argument de vente.

Le créateur de Facebook souhaite révolutionner l’environnement de travail pour le rendre aussi pocket size, personnalisable et efficace que possible.

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Le créateur de Facebook souhaite révolutionner l’environnement de travail pour le rendre aussi pocket size, personnalisable et efficace que possible. En ayant l’équivalent d’un «super-ordinateur» dans une seule paire de lunettes, cela nous permettrait de nous déplacer à notre guise et consulter tous nos documents en un seul claquement de doigts. «Nous appelons cela ‘le bureau infini’», décrit-il. Tout ce vent de nouveauté — bureau extensible, méta-univers, économie numérique — représente une porte ouverte aux opportunités professionnelles et aux nouveaux postes auxquels les innovations technologiques futures donneront vie.

Interrogations et scepticisme

Mais avant même que ce futur n’arrive, beaucoup s’interrogent déjà sur la praticabilité de la chose. Travailler dans un méta-univers impliquerait, par exemple, de marcher avec un casque assez lourd sur la tête toute la journée. Mark Zuckerberg lui-même admet que les lunettes augmentées sont non seulement plus maniables, mais aussi «un petit peu plus acceptables socialement» dans la vie de tous les jours.

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Beaucoup se questionnent aussi sur la faisabilité de la chose, surtout par Facebook. L’entreprise est effectivement dans la ligne de mire du gouvernement américain et son Congrès après avoir hébergé de nombreux mouvements conspirationnistes anti-vaccin dont la désinformation est encore massivement partagée sur sa filiale WhatsApp. «Facebook tue les gens», martelait le président Joe Biden à ce sujet, avant de se rétracter quelques jours plus tard. Avec un projet comme celui du méta-univers, les réticences à céder autant de pouvoir d’action à cette même compagnie se multiplient.

Car qui dirigera ce monde virtuel? Qui en modèrera son contenu? Comment, à l’interne, cet univers se régulera-t-il? En cas de débordement, à qui reviendra la responsabilité? Et surtout, veut-on que Mark Zuckerberg soit la réponse à toutes ces questions?

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