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Merci à toutes les «Monique» de ce monde

Par
Jonathan Roberge
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Mon fils me rappelle depuis septembre que sa semaine «d’enfant vedette», à l’école, est du 2 au 6 février. Une semaine «d’enfant vedette» est attribuée à chaque kid de sa classe durant l’année scolaire.

Le moment venu, ils doivent apporter leurs jouets favoris, des photos de leur enfance, remplir un petit document de présentation et amener un membre de la famille en classe… À ses yeux, cette semaine-là c’était SON moment.

Il était tellement fier depuis que je lui avais dit que j’irai parler de mon travail devant ses camarades de plasticine. Il m’avait fait promettre de ne pas dire de niaiseries avec des mots de toilette et de ne pas lui donner de bisous devant sa classe. À la limite un Fist Bump était acceptable, «fisse bong» comme il dit. De toute manière, ça ne pouvait pas être très difficile… J’allais parler devant une classe de ti-culs en jogging.

Mes souvenirs de la maternelle se résumaient à chiller dans différents ateliers tel que : faire des barbeaux de gouache en sarrau blanc, crinquer un jouet en plastique qui faisait tourner une grosse flèche qui, elle, pointait un animal de ferme en imitait son cri et glander avec des toutous sales.

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À mon époque, nous avions même un atelier de «construction», il y avait pleins d’outils… Je m’étais blessé en tentant de lancer un marteau dans les airs. Le but premier était de le rattraper et de faire rire mes chummys de 5 ans (je n’ai jamais été le plus fort de la portée). Ma prof m’avait remis un ziploc rempli de glace et mon père était venu me chercher à l’école en soupirant.

En direction de l’école de mon fils, la mère de mon rejeton m’a envoyé un texto m’expliquant que finalement j’allais plutôt participer à une petite activité extérieure avec les enfants. Comme je venais de quitter le travail, je n’avais que mes petits bottillons et un jacket pas trop chaud. Une petite activité dehors, avec les kids, pourquoi pas?!

Ça ne faisait pas deux minutes que j’étais arrivé à l’école que Monique, la prof, avait déjà mouché un nez, dealé avec une chicane, consolé une petite fille qui ne trouvait pas sa tuque, répondu à six questions, maintenu le compte des enfants partis soulager leur vessie, fait «chuuuuuuttttttttttt» quatre fois, enroulé trois interminables foulards autour des visages de petits morveux trop excités d’aller jouer dehors.

Moi… Je faisais des «chuuuttt» gênés en duo avec elle… Question de calmer les enfants qui faisaient résonner leur joie dans les corridors multicolores qui puent la vieille mitaine et le crayon HB. Dire que je pensais épater des enfants en leur racontant que je travaillais en télé. J’étais maintenant attitré au chariot de crazy carpet (le genre de petit chariot que les personnes âgées utilisent pour faire leurs commissions).

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Je fermais la marche avec mon chariot désuet. Les roues pognaient dans les mottes de neige du trottoir mal déneigé. Mes bottillons glissaient, j’avais de la misère à me tenir debout, ça me donnait un look de grand arriéré de 31 ans qui avait over doublé sa maternelle. Plus je tirais sur le chariot, plus je glissais. Moins j’avais l’air stable, plus j’avais l’air d’un Billy Madison d’Hoch’lag.

Monique faisait chanter les enfants, répétait les consignes de sécurité avant de traverser la rue, expliquait les règles à suivre une fois rendu au parc. Elle était parfaite.

À genoux, en jeans dans la neige, j’essayais d’asseoir des enfants de 5 ans sur leur «tapis luge en plastique mince impossible à maitriser». Mes rotules gelaient, les crazy carpet pognaient dans le vent et me fouettaient la face. Pendant qu’un morveux braillait sa mitaine disparue et que je réchauffais ses doigts en soufflant dessus, un autre partait la marde dans le line-up en traitant un ami de «crotte de nez». JE N’ÉTAIS CLAIREMENT PAS DANS MON ÉLÉMENT.

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Les enfants me criaient de les pousser plus fort. Ils me kickaient de la neige dessus… Comme ça pour le fun et je faisais semblant de trouver ça drôle en les avertissant poliment d’arrêter… Mes rotules avaient abdiquées et étaient maintenant figées à 90 degrés. Mes jeans étaient « toute trempe », mes doigts étaient mauves. Nous étions loin en «ostie» de mon exposé, assis sur une mini-chaise orange, que je pensais faire.

Monique, souriait et gérait les conflits un après l’autre avec une patience de moine. Je me suis même dit à un moment… Elle va péter les plombs et en pitcher un en bas de la côte pour calmer le troupeau. Non! Toujours le bon mot au bon moment. Elle s’est même retourné vers moi pour me dire : « C’est beau de les voir avoir autant de plaisir. »

WOW!

Être professeur, ce n’est pas qu’un métier. C’est un art! Je lève mon chapeau à toutes les «Monique» de ce monde! Vous éduquez nos enfants. Vous marquez leurs vies. Vous êtes des boules d’amour et de passion pour ces petits. Je n’ai clairement pas ce talent, cette patience et ce dévouement. Pendant que je voyais juste des morveux qui s’énervaient, elle voyait des enfants qui s’amusaient. Elle avait tellement raison. C’était beau de les voir s’amuser.

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En rentrant à la maison, j’ai eu une pensée pour le sac ziploc rempli de glace que ma prof m’avait donné à la maternelle. Je me rappelais de quelques conneries et de cet événement… Ensuite je me suis rappelé tous ces professeurs que j’ai fait chier. Bâtard que j’étais cave au secondaire. JE M’EXCUSE!

Merci à Sylvie Lapointe, une prof que j’ai eu en secondaire 4 qui m’a poussé et encouragé à faire le comique. Merci à Nelson, un prof qui m’a communiqué sa passion des voyages. Merci à Hervé, qui m’a transmis cette passion pour l’histoire… Mais surtout merci à Monique de m’avoir aidé à gérer des petits culs en crazy carpet.

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