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Mentir sur son CV, est-ce que c’est si grave que ça?
Même si tout le monde nous casse les oreilles avec la pénurie de main-d’œuvre, on dirait que le mot ne s’est pas rendu à ceux qui écrivent les offres d’emploi. Une maîtrise et 15 ans d’expérience pour faire 2 $ de plus que le salaire minimum? Ça semble raisonnable.
Devant tant d’attentes de la part des employeurs, ça peut être tentant d’écrire des petites menteries sur notre CV. Après tout, le monde des ressources humaines va-t-il vraiment appeler notre alma mater pour savoir si c’est vrai qu’on avait les meilleures notes de notre cohorte? Ou voir si on a fini notre stage, tant qu’à y être?
L’affaire, c’est que ça se peut, oui. C’est tentant de mentir sur son CV, mais c’est peut-être pas une si bonne idée.
On vous explique pourquoi.
Pourquoi les gens mentent?
Beaucoup de gens mentent sur leurs CV, mais pas nécessairement pour les raisons que vous pensez. Une étude menée en 2022 dévoilait que 55 % des Américains ont déjà menti sur leur CV.
Les gens mentent sur leurs expériences de travail passées ou sur leurs capacités (« Oui oui, je maîtrise Excel » *google furieusement comment faire une addition dans Excel*).
Ceci étant dit, les raisons de mentir peuvent étonner. Évidemment, beaucoup de gens mentent parce qu’ils n’ont pas les diplômes ou l’expérience requise pour l’emploi qu’ils désirent.
Mais beaucoup de gens mentent aussi pour éviter la discrimination raciale.
C’est malheureusement un fait qui a été étudié à de nombreuses reprises, mais les gens avec des noms à connotation « ethnique » ont moins de chance d’être appelés en entrevue. Et ça, les candidats issus de minorités culturelles s’en rendent compte. Il arrive donc très souvent qu’un « Juan » ou un « Chén » change son nom en un « Jean », question de se donner une chance. Difficile de leur en vouloir.
C’est-tu si grave que ça de mentir?
Malheureusement, la réponse, c’est oui.
La conséquence première de mentir sur son CV, c’est le renvoi. La plupart des employeurs, s’ils découvrent que vous n’avez pas vraiment une maîtrise en Powerpoint comme vous l’avez prétendu sur votre curriculum vitae, se feront un plaisir de vous renvoyer.
Il faut toutefois nuancer; interviewé il y a quelques années pour Le Soleil, le professeur titulaire en gestion des ressources humaines au département des relations industrielles de la Faculté des Sciences sociales de l’Université Laval, François Bernard Malo, précisait que «[p]our justifier un congédiement sur la base d’un CV trafiqué, les tribunaux ont déjà établi que l’employeur doit prouver que le mensonge est lié aux qualifications pour le poste et il doit prouver qu’avoir su la vérité au départ, il n’aurait jamais embauché le candidat ».
Ceci étant dit, ça reste le genre d’affaire qui va compliquer votre prochaine recherche d’emploi.
Quand on vous demande en entrevue pourquoi vous avez quitté votre dernier emploi, répondre qu’ils ont fait des mises à pied, c’est pas si grave. Répondre que vous avez perdu votre emploi parce que vous avez menti dans le processus d’embauche… mettons que ça se peut que l’entrevue soit plus courte que vous pensiez.
Et si vous vous dites « Ok, mais j’ai juste à pas le dire », c’est sûr, vous avez un point. Mais aussi, les gens se parlent plus qu’on croit, surtout si vous cherchez un emploi dans un domaine en particulier. Il n’est pas rare que des gens de ressources humaines dans un même secteur économique passent d’une entreprise à une autre. Plusieurs entreprises font également appel à des agences de recrutement qui s’occupe du processus d’embauche pour plusieurs entreprises. Tout ça, ça augmente les chances que vous soyiez démasqué.
D’ailleurs, les employeurs se sont rendu compte que les p’tites menteries sur les CV sont de plus en plus communes, et ils réagissent en conséquent. Toujours pour Le Soleil, la conseillère en ressources humaines Suzie Côté rapportait demander sans hésitation les cartes d’identité des postulants, ajoutant que « [d]ans les valeurs corporatives, ce qu’on recherche chez les individus, c’est l’authenticité et l’humilité ».
C’est-tu illégal?
Mais voici l’autre surprise : mentir, c’est pas une bonne idée… mais c’est pas illégal.
C’est que le CV, c’est pas un document officiel. On n’a pas le droit de mentir sur son rapport d’impôts ou au recensement, mais le CV? C’est pas officiel.
Vous n’aurez donc normalement pas de conséquences légales si vous mentez, à moins évidemment que votre mensonge cause des dommages. Si vous dites que vous avez une formation en premiers soins et que quelqu’un meurt sous votre garde, ou que vous causez des dommages importants dans l’entrepôt parce que vous ne maîtrisez pas vraiment le chariot élévateur, finalement, vous pourriez vous exposer à des poursuites.
Mais les petits mensonges blancs ne devraient pas vous attirer de problèmes.
Est-ce que ça vaut le coût? Interviewée pour le site Monster.ca, la conseillère en emploi Zineb El-Alami y allait du conseil suivant : « Disons que si c’est un mensonge plus ou moins anodin, fait dans le but d’augmenter ses chances d’être retenu, les entreprises seront plus clémentes en le découvrant ». Elle poursuivait en donnant l’exemple d’un candidat qui gommerait un 6 mois de chômage parce qu’il n’a pas envie de parler de la dépression qui l’a mis hors-jeu pendant cette période.
Pour ce genre de mensonge, un employeur pourrait être conciliant.
Mais la meilleure stratégie, c’est de dire la vérité en sachant se mettre en valeur sur son CV. Vos vraies expériences ont sûrement une belle valeur; suffit juste de savoir le montrer!