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Ma Gaspésie, je t’ai trahie: lettre d’amour d’une citadine qui s’ennuie

Je m'ennuie de mon «pusher» de homard qui me textait en pleine mer pour prendre ma commande .

Par
Anthéa St-Laurent Vallée
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URBANIA et Vivre en Gaspésie s’unissent pour vous parler du blues de la région.

Bon, j’aimerais d’abord mettre une chose au clair. Les Gaspésiens ne sont pas chauvins, malgré ce que certains (mon chum) pourraient dire. Que voulez-vous… ce n’est pas tout le monde qui a eu la chance de venir au monde en si belle contrée.

Je l’avoue. Y a bien des régions du Québec qui sont magnifiques (et non le Témiscamingue ne me vient pas à l’esprit quand je dis ça). Mais on va se le dire en toute franchise, la plus belle région, c’est la Gaspésie! C’est plate, mais c’est d’même. Des draps c’est des draps, mais y en a en fibres synthétiques douteuses de « su » Rossy et y en a en coton égyptien 1800 fils par pouce. Des protéines, c’est de protéines, mais y a le simili poulet et la goberge, et il y a le filet mignon et le homard. Bref, dans la vie, il y a des choses qui sont meilleures que d’autres, pis la Gaspésie en fait partie.

Dans la vie, il y a des choses qui sont meilleures que d’autres, pis la Gaspésie en fait partie.

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Sérieusement. La mer ET les montagnes? Les falaises qui longent le golfe? Les rivières translucides? Les centaines de centimètres de poudreuse qui s’accumule dans les Chic-Chocs? Les plages de toutes couleurs? Les gens chaleureux? La mer? La mer? La mer..?


Je cause, je cause, mais bon, j’habite en ville. Et moi, la nostalgie, ça me prend deux fois par année : quand y fait chaud, et quand y fait frette. Oh, et quand je dois arrêter de parler parce que les avions m’enterrent (j’habite Villeray et j’aime parler).

Je m’ennuie de l’hiver

Pis là, ben c’est le temps des fêtes, chu pas « descendue » en Gaspésie cette année pis y commence à faire sérieusement frette! Un frette humide en plus là, pas comme le frette sec de la Gaspésie.


Et je m’ennuie.


Je m’ennuie d’aller faire du ski de fond dans un sentier féérique qui longe la rivière, où tu croises personne (à part peut-être ton vieux prof de math et deux-trois chevreuils), sur une neige encore digne de ce nom parce que y a pas 100 personnes qui sont passées avant toi. Tout ça pour un gros 42 $, pour la saison, à 10 minutes porte-à-piste de la maison, gros max.

Je m’ennuie d’aller visiter mes grands-mères, qui ont passé leur vie voisines et qui ont maintenant leurs chambres face à face dans la même résidence pour personnes âgées.

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Je m’ennuie d’aller visiter mes grands-mères, qui ont passé leur vie voisines et qui ont maintenant leurs chambres face à face dans la même résidence pour personnes âgées. En bonnes Gaspésiennes qu’elles sont, elles m’ont appris qu’il faut vivre et laisser vivre, et que si on ne vaut pas une risée, on ne vaut pas grand-chose. (Bon y en a une de morte aujourd’hui, mais elles furent bel et bien face à face dans leurs chaises berçantes à l’hospice pendant plusieurs années).


Je m’ennuie de ne pas avoir besoin de me demander qui on devra décevoir au Jour de l’an parce que tout le monde va AU bar, à « l’orchestre ». À ce bar qui appartient au chum de l’ex de ton beau-père, où tu croises ton dentiste, où c’est ton cousin qui te sert ta bière et où tu chantes et tu danses comme s’il n’y avait aucun lendemain avec amis, ennemis et matantes (qui boivent des sti-gneur) parce que les tounes, tu les connais toutes par cœur.

Et non, tu ne partiras pas déçue parce que oui, le chansonnier devrait chanter au moins Le Vieux dans le Bas-du-Fleuve, Le monde a bien changé et Bleu et Blanc (j’ai jamais trop compris le sens de « il disait bleu et blanc, vert et rouge, sont les couleurs des cerfs-volants qui volent dans la nuit », mais bon, ça vient chercher au cœur à chaque fois).

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Je m’ennuie du monde

Je m’ennuie du Dixie Lee (surtout des bonbons roses et blancs pas emballés tous collés ensemble sur le comptoir quand j’étais petite), de manger une bonne poutine sur la plage, de mon pusher de homard qui me textait en pleine mer pour prendre ma commande (que j’allais chercher dans son garage deux heures plus tard)…

Je m’ennuie de pouvoir me stationner où je veux, de passer chez ma cousine pour un petit 15 minutes parce que c’est à 2 minutes, de la lasagne de ma mère, des rides de pick-up avec mon père quand la première neige tombait dans les Chic-Chocs…

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Je m’ennuie de pouvoir me stationner où je veux, de passer chez ma cousine pour un petit 15 minutes parce que c’est à 2 minutes, de la lasagne de ma mère, des rides de pick-up avec mon père quand la première neige tombait dans les Chic-Chocs, de regarder les goélands plonger dans le fleuve en janvier pis de me dire que ma vie est pas si pire au fond…


Je m’ennuie d’aller au BINGO du Club Optimiste avec ma grand-mère (juste depuis qu’on n’a pu le droit de fumer dans les lieux publics par contre), des orignaux (dans la nature et dans mon assiette), d’aller virer sur le quai, de l’odeur d’algue et de poisson mélangés, de manger des bourgots, de finir chaque journée avec un coucher de soleil encore plus beau que la veille…

Surtout, je m’ennuie de l’horizon…

J’aime ma ville, j’aime mon chum, j’aime ma job.
Mais un jour, ma Gaspésie d’amour, je reviendrai.
Je te le promets.

En plus, je n’ai même plus de bonnes raisons de rester en ville, maintenant que ma connexion internet m’offre une sélection de films qui dépassent largement les choix (discutables) du dépanneur et qui me permet de m’habiller ailleurs que chez L’Ensemblier…

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Vivre en Gaspésie, c’est possible pour tout le monde, parce que la Gaspésie a beaucoup changé, à bien des égards. Avec le vieillissement de la population et les nombreux départs à la retraite, les perspectives de se trouver un emploi sont meilleures que jamais.

La Gaspésie c’est bien plus que l’image de la pêche et de la forêt: il y a des emplois disponibles dans une panoplie de domaines.

Pour en savoir plus sur les différents avantages de s’établir dans cette magnifique région, cliquez ici!