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L’UQO, pas plate pentoute!

Plaidoyer pour la découverte de l’uni et de ses environs.

Par
Jacob Khayat
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L’Outaouais, c’est la région qui m’a vu naître; Gatineau, la ville qui m’a fait grandir.

Au secondaire, j’allais dans les partys de maison à Hull, je veillais autour des feux dans les cours de mes ami.e.s à Cantley et j’allais jouer aux quilles à la salle Anik. Au cégep, je traînais souvent au café Moca Loca, je débarquais dans le Vieux-Hull pour me péter la chandelle dans les quatre bars de la rue Laval avant de finir au Patio Vidal aux petites heures du matin afin de manger une sacrée poutine servie par ma bonne chumme Carole.

Malgré la vie idyllique que je menais, pour mes études supérieures, j’ai décidé de tout sacrer là pour aller m’établir à deux heures de route à l’est, à Montréal. Pourtant, je me demande parfois à quoi aurait pu ressembler ma vie si j’avais choisi de rester dans ma région natale pour étudier à l’UQO, l’Université du Québec en Outaouais.

Voici le portrait de la seule université francophone en Outaouais, celle qui aurait pu donner une suite à l’histoire d’amour entre Gatineau et moi.

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À la conquête des territoires

L’UQO, c’est plus de 150 programmes, près de 550 membres du personnel et 372 chargé.e.s de cours, deux pavillons dans la région outaouaise et un campus à Saint-Jérôme.

Sans blague, j’ai aussi sourcillé en apprenant l’existence de ce campus surprise, me demandant vraiment ce qui pouvait se tramer par là-bas. Selon le site web de l’institution, il s’agirait, entre autres, de « participer à l’essor des Laurentides », laissant par le fait même un étrange déjà vu à saveur des Belles histoires des pays d’en haut.

Outre son désir de défricher des territoires peu denses, l’UQO se démarque par la qualité de plusieurs de ses programmes, notamment en sciences administratives, comptables et même sociales.

À noter que le programme en éducation y est également très réputé : c’est d’ailleurs là que mes deux parents ont tout appris, dans le temps où l’université s’appelait encore l’UQAH (prononcé « uqach » pour Université du Québec à Hull, avant 2002). Il me semble étonnant qu’avec un nom aussi peu sexy, l’établissement ait tout de même réussi à former les deux meilleurs enseignants du Québec. Toutefois, considérant le fait que l’institution roule sa bosse depuis près de 50 ans, je me résous à l’idée qu’il s’agisse d’une chose possible.

Plus qu’un village, une communauté

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« C’est petit, mais c’est plus intime », m’explique Marie-Pier Pelletier-Millette, bachelière en sciences sociales, concentration communication. « Je ne sais pas exactement comment c’est dans les grosses universités, mais ici, peu importe son programme, tout le monde se parle. »

On ne se mentira pas, l’esprit de type « joli village » où tout le monde connaît tout le monde semble faire le charme de l’institution, créant également une proximité entre les corps étudiant et professoral.

Mathilde Laliberté, étudiante en deuxième année du baccalauréat en éducation préscolaire et enseignement primaire, est du même avis : « Je trouve tellement que les professeurs sont impliqués et qu’ils sont là pour les bonnes raisons. C’est ça qui me motive : ils nous poussent et veulent nous voir réussir. On est proche d’eux. »

Du fun au pied carré

« C’est certain qu’on n’a pas de traditions comme les fameux 5 à 8 de Sherbrooke, par exemple. Mais on a plusieurs événements proposés aux étudiant.e.s tout au long de l’année », mentionne Marie-Pier.

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Évidemment, n’importe quelle université qui tente de comparer sa vie de party à celle de Sherbrooke aura de quoi se ronger les ongles, mais l’UQO sait jouer du coude. On pense notamment au spectacle de la rentrée où Adamo d’OD Bali s’était pointé pour mettre le feu au dance floor, ou encore à cette réunion de la Saint-Valentin où Pierre-Yves Roy-Desmarais et Rosalie Vaillancourt étaient venus faire une soirée d’humour, à l’époque où ils fêtaient toujours l’amour ensemble.

« En admin, on a un comité qui organise des événements, comme le party d’Halloween ou même des soirées vin et fromage. Je suis aussi dans l’équipe de golf de l’université », me raconte avec un sourire Marc-Antoine Prévost, étudiant en première année du baccalauréat en administration, concentration management et gestion des personnes. Je lance ça en l’air, mais je paierais très cher pour voir s’affronter l’UQAM et l’UQO dans un tournoi de golf amical.

Le fameux VH

Pour une soirée festive typiquement gatinoise, on ne peut absolument pas passer à côté du Vieux-Hull, la place où TOUTE l’action nocturne se déroule. Il s’agit d’un petit endroit où deux rues piétonnes se rencontrent et qui doit sa renommée aux pichets verts du Pêle-Mêle ainsi qu’aux shooters de queue de castor du Ou Quoi. On y recroise immanquablement tous nos crush du secondaire, parfois quelques ancien.ne.s profs bien pompettes et surtout, un nombre ahurissant d’Ontarien.ne.s de 18 ans ayant traversé le pont du Portage pour tenter de trouver quelques gouttes de plaisir.

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Je dois leur accorder que moi aussi, si ma province m’empêchait de virer une brosse avant 19 ans, j’irais de l’autre côté de la rive pour mélanger les langues française et anglaise, et je ne parle pas que de bilinguisme ici.

Une chose est certaine, quand ça fête dans le VH, ça fête pas à peu près. « Un moment donné, mon ami et moi, on est entrés en arrière du bar Aux 4 jeudis et on s’est mis à servir des drinks à tout le monde » se remémore Marc-Antoine.

OUI, ça brasse aussi dans le coin de l’Outaouais, c’est juste tellement loin que le bruit ne se rend pas au-delà de l’autoroute 50. Et c’est bien correct comme ça.

Quand l’exil n’est pas une option

Même si c’est bien plaisant par chez nous, une bonne portion de la population étudiante gatinoise quitte vers de nouveaux horizons après le secondaire. En effet, selon une étude de l’Observatoire sur le développement de l’Outaouais, sur les quelque 33 000 personnes représentant la tranche d’âge des 15 à 24 ans, 6500 d’entre elles choisissent d’étudier du côté ontarien à l’Université d’Ottawa, sans compter celles qui, comme moi, quittent de façon définitive la région pour s’établir ailleurs.

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Si l’exode étudiant fait partie des enjeux de la communauté, il faut reconnaître que le phénomène inverse existe également. Quel est le secret de ces casaniers et casanières ne désirant pas rejoindre le camp des déserteurs et voulant garder le fort?

De son côté, Mathilde avoue être parfaitement comblée avec le rythme de vie que lui propose son université : « J’ai pas besoin d’aller dans une autre ville. […] Ici, j’ai ma famille, mes ami.e.s et en plus, je sais qu’il y a une job en enseignement qui m’attend à la sortie en raison de la pénurie de profs. »

Pour Marie-Pier, la question s’est posée, mais au final, le choix est sans équivoque : « Pendant mes études, j’ai beaucoup découvert le côté plus touristique de l’Outaouais. J’ai également réalisé qu’il y avait bon nombre d’opportunités au niveau de la communauté d’affaires, une communauté tissée serrée. Je suis fière de ma région, et je suis fière de pouvoir dire que c’est ici que j’ai étudié. Je n’ai vraiment pas été déçue d’avoir choisi l’UQO. »

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Un retour aux sources?

Je dois l’avouer, au final, ma vie n’aurait pas été plate pantoute si j’avais décidé de rester dans ma région natale. Je ne suis pas parti en boudant mon coin de pays, au contraire : je l’aime tellement que j’aurais pu lui écrire une lettre d’amour.

Même si l’un des slogans de la ville, « Gatineau pour la vie », peut de prime abord sonner comme une punition, en y pensant bien, il s’agit plutôt d’une ode à la beauté du territoire et des gens qui y habitent. L’UQO, au fond, c’est authentique et chaleureux, tout à l’image de l’environnement dans lequel elle évolue.

Ouin, maman, papa, préparez-moi une petite chambre dans la maison, au cas où je voudrais avoir un diplôme universitaire avec un logo identique au vôtre. Sait-on jamais!