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Louer sa voiture sur Turo ou Locomotion : le trouble en vaut-il la peine?

Certains font des centaines de dollars par mois.

Par
Pier-Luc Ouellet
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Vous n’avez pas le choix d’avoir une voiture pour une foule de raisons (vous adorez le plein air et ne réussissez jamais à réserver une Communauto à temps pour vos expéditions de fin de semaine, par exemple), mais votre bolide passe la majorité du temps dans un stationnement?

Pourquoi ne pas la louer quand elle est inutilisée et ainsi la rentabiliser?

C’est l’idée derrière deux services qui gagnent en popularité, Turo et Locomotion (bon, c’est plus vrai pour un service que pour l’autre, vous allez voir).

Mais est-ce que ça en vaut la peine? C’est quoi les risques? Et c’est-tu si rentable que ça?

On a fait nos recherches.

Turo : le airbnb de la location

Qu’est-ce que c’est?

C’est une application de partage d’auto, un peu comme Airbnb. Mais, au lieu de louer votre appartement, votre maison ou votre chalet, vous louez votre voiture.

C’est un peu comme louer une voiture d’une entreprise de location, sauf que la personne qui vous loue une voiture est un utilisateur de l’app.

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En tant que locateur, c’est vous qui fixez les règles; vous pouvez mettre les clés dans une boîte à clés (comme beaucoup de locateurs sur Airbnb), les remettre en personne, ou même offrir d’aller chercher votre client à un lieu établi, par exemple à l’aéroport.

C’est également vous qui fixez le prix de la location.

Il faut aussi savoir que lorsque vous louez votre voiture, vous percevez 75 % des revenus du voyage, et votre voiture est protégée par l’assurance de Turo.

Est-ce que c’est payant?

Ça dépend.

Selon Turo, entre le 30 juin 2023 et le 30 juin 2024, la moyenne de revenus des hôtes canadiens aurait été de 712 $ par mois.

Évidemment, les revenus varient énormément d’un hôte à l’autre, ainsi qu’en fonction du modèle de la voiture, de la période de l’année, de l’endroit où on se trouve et d’une foule d’autres facteurs.

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Y a des cas extrêmes. L’an dernier, L’actualité rapportait le cas de Philipp Boulanov, un Québécois qui s’est acheté une flotte de véhicules et qui tire 350 000 $ de revenus par année sur Turo. Il s’agit bien sûr d’un cas spécial : Philipp s’est ouvert un garage pour faire l’entretien de ses véhicules à moindre coût, et il embauche des employés qui l’aident à gérer sa flotte et la revente des véhicules usagés.

C’est pas tout le monde qui va vouloir se partir une PME comme Philipp, mettons.

Sur Reddit, les témoignages sont un peu moins extrêmes. La plupart rapportent que leurs locations Turo leur permettent de couvrir leurs paiements de voiture, plus quelques centaines de dollars supplémentaires.

Si ça permet de couvrir l’usure du véhicule, qui n’est pas prise en charge par Turo, et de se faire un petit revenu d’appoint, soyons réalistes : votre Yaris 2016 ne vous permettra pas de dire « Bye-Bye Boss ».

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D’ailleurs, le modèle de voiture a évidemment une influence sur le nombre de clients que vous aurez. Un utilisateur Reddit rapporte qu’un de ses amis loue sa Civic de base, et qu’il trouve preneur 2 à 3 fois par mois l’été.

Et les assurances?

C’est ben l’fun, faire de l’argent avec sa voiture, mais louer sa voiture, est-ce que ça vient pas aussi avec des coûts?

Effectivement, votre assureur pourrait augmenter votre prime ou exiger des ajustements à votre police d’assurance pour tenir compte du risque qui vient avec le fait que des inconnus conduisent votre bolide.

  • Certains assureurs peuvent même exclure la location de voiture de leur couverture. Dans ce cas, vous devrez souscrire une assurance supplémentaire auprès de Turo ou d’un autre fournisseur.
    Ah, et en passant, je suis pas payé pour vous dire ça, mais Promutuel Assurance a une entente spéciale avec Turo qui permet d’être couvert pour sa voiture mise en location sur la plateforme, sans frais supplémentaires.
    Locomotion : pour les généreux à l’âme altruiste
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Qu’est-ce que c’est?

Si Turo s’apparente aux Airbnb et Uber de ce monde, Locomotion ressemble plus à ces groupes écolo de partage que vous voyez passer sur les réseaux sociaux.

Locomotion, c’est une initiative qui est née du collectif écologiste Solon avant de devenir indépendante.

Locomotion permet donc de partager vélos, remorques à vélo et voitures, dans une perspective collective et écologiste.

C’est donc des gens dévoués au bien-être collectif et des écologistes qui sont attirés par Locomotion, comme c’est le cas pour Robert Langevin :

« Moi, je suis un écolo dans l’ âme […]. Je suis moi-même biologiste et co-toxicologue. […] Quand j’ ai commencé, il y a 35 ans, à travailler dans ce domaine- là, j’ étais déjà alarmé par la situation difficile que vivait la planète. Ça ne s’est pas arrangé depuis. »

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Quand Robert a découvert l’existence de Locomotion, ça lui a permis de réconcilier le fait d’avoir une voiture avec ses préoccupations : « J’ étais bien conscient que les voitures sont majoritairement stationnées devant les maisons 95 % du temps à ne rien faire. C’est un non-sens écologique parce que ça prend beaucoup de matériaux pour construire une voiture. […] Dans mon cas, j’ai une voiture électrique, donc je me suis dit qu’allais non seulement empêcher les gens d’acheter une voiture, mais aussi d’avoir une voiture, même en location, qui est naturellement plus destructive qu’une voiture électrique. »

Est-ce que c’est payant?

En un mot comme en 1000, non. Parce que l’un des objectifs de Locomotion, c’est la location à but non lucratif. Les frais facturés à ceux qui louent une voiture servent à couvrir l’entretien de la voiture et le maintien du service, mais c’est tout. Le propriétaire de la voiture ne fait pas de profit.

Encore une fois, c’est le prêteur qui établit les règles. Sur le site de Locomotion , on indique quand on veut rendre notre voiture disponible, et comment on rencontre la personne à qui on la prête pour lui remettre les clés.

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À ce sujet, Robert a une méthode bien à lui : « Moi, quand j’ ai des nouveaux emprunteurs qui se proposent et que je ne connais pas, je prends la peine d’aller les rencontrer ou de les inviter chez moi. On prend un petit café ensemble et puis on apprend à se connaître. »

Pour Robert, l’avantage est double. D’un côté, en faisant connaissance avec l’emprunteur, il s’assure que la personne prendra soin de sa voiture (une Bolt, pour les intéressés), et ça marche;

Il l’a prêtée une soixantaine de fois, et il n’a aucun incident à rapporter.

L’autre avantage, c’est que le service fonctionne par quartier, et pour Robert, c’est une façon de renforcer la communauté : « [Locomotion ] est un mouvement qui s’ inscrit dans la transition socioécologique. Il n’y a pas juste le mot ”écologique”, il y a le mot ”social”. Et social, ça veut dire créer un nouveau monde de solidarité humaine, d’entraide. Je pense que la notion de partage sans but lucratif s’inscrit obligatoirement là-dedans. »

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En plus, le coût plus bas demandé à ceux qui empruntent la voiture la rend accessible à un plus grand nombre, ce qui plaît à Robert, toujours aussi altruiste.

En fait, Robert est tellement généreux qu’à la fin de notre appel, il m’a demandé si j’avais besoin d’emprunter sa voiture!

Bref, à en croire les témoignages de ceux et celles qui y mettent leur voiture en location, Turo et Locomotion sont deux services qui semblent assez bien fonctionner. Il reste à savoir si vous souhaitez davantage louer votre voiture pour des préoccupations financières ou socioécologiques.

Une chose est sûre toutefois, une voiture louée, c’est probablement mieux qu’une voiture qui prend la poussière dans le stationnement. D’ailleurs, avez-vous oublié de changer votre auto de bord de rue? Ça coûte cher, les tickets!

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