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URBANIA et l’Ordre professionnel des inhalothérapeutes du Québec (OPIQ) s’unissent pour vous montrer les dessous de la carrière d’inhalothérapeute.
J’ai grandi avec une mère anesthésiologiste, et toute ma vie j’ai entendu parler des inhalothérapeutes avec qui elle travaille. Les « inhalos » dont ma mère me parle sont ses amies, des femmes drivées, qui ont du caractère, mais je n’ai jamais vraiment su ce qu’elles faisaient dans une salle d’opération. Je sais juste que ma mère est contente qu’elles y soient.
Quand URBANIA et l’OPIQ m’ont offert de rencontrer l’inhalothérapeute Valérie Nadeau et le résident en anesthésiologie Mathieu Nadeau-Vallée, j’ai donc sauté sur l’occasion de découvrir cette profession peu connue… et d’impressionner ma mère à notre prochain souper.
QU’EST-CE QUE ÇA FAIT, UN.E INHALOTHÉRAPEUTE?
« En terminant mon secondaire, j’ai choisi la technique en inhalothérapie parce que je voulais me spécialiser dans un domaine précis de la santé, comme le système cardio-respiratoire », se rappelle Valérie Nadeau.
En tant qu’inhalothérapeute, elle est chargée d’évaluer et de rétablir la santé cardio-respiratoire des patients de l’Hôpital Charles-Le Moyne, où elle travaille, à Longueuil. Elle collabore au diagnostic des troubles respiratoires (comme l’asthme ou la fibrose kystique), administre des médicaments qui aident à respirer et fait le suivi clinique des patients. À l’urgence, elle participe activement à la réanimation, installe et fait fonctionner un respirateur artificiel sur les patients qui ne respirent pas seuls quand ils arrivent en ambulance.
« Je travaille aux soins intensifs, à la pédiatrie et à l’urgence. Mon affectation change à chaque shift », m’explique-t-elle. Dans une même semaine, elle peut traiter une personne âgée infectée à la COVID-19, un nouveau-né prématuré, un patient ayant subi un arrêt cardiaque et une variété de traumatismes.
« J’aime l’adrénaline du métier! Il faut être alerte et on voit une clientèle très variée, c’est valorisant », dit Valérie, qui veut travailler à l’hôpital encore longtemps.
Elle m’assure que sa formation d’inhalothérapeute lui permettrait aussi d’obtenir un poste en clinique privée, en clinique du sommeil ou en CLSC, où elle pourrait améliorer la qualité de vie des personnes qui vivent avec une maladie cardio-respiratoire en les aidant à rester à la maison.
Je sens la passion qui l’anime quand elle me parle de l’urgence en particulier : « J’aime vraiment ça! Des arrivées en ambulance, c’est intéressant parce que ce n’est jamais la même chose. Vraiment, dans notre profession, il n’y a pas de routine. »
Mathieu Nadeau-Vallée, un résident de quatrième année en anesthésiologie, travaille quotidiennement avec des inhalothérapeutes : « Les inhalos avec qui je travaille surveillent les fonctions respiratoires des patients sous anesthésie. Ça implique par exemple de faire respirer manuellement le patient endormi, le temps qu’on installe le respirateur artificiel. »
En salle d’opération, l’inhalothérapeute est l’allié de l’anesthésiologiste. Dès l’arrivée du patient dans la salle, il l’assiste dans les manipulations comme l’intubation et l’épidurale.
L’inhalothérapeute surveille aussi le patient endormi lorsque l’anesthésiologiste doit quitter la salle. « Les inhalothérapeutes assument une responsabilité distincte de la nôtre! Je me verrais mal travailler sans eux, ce sont des membres de l’équipe à part entière, qui ont des connaissances pratiques primordiales », m’assure Mathieu au téléphone. Il me dit avoir tissé des liens d’amitié rapidement avec ses collègues inhalothérapeutes.
UN SAVOIR
« Notre expertise peut aider les résidents en médecine à progresser dans leur apprentissage. On est vraiment la référence en matière respiratoire », m’explique Valérie, qui travaille de près avec les résidents et les infirmières, particulièrement dans l’équipe réduite lors de ses quarts de nuit.
Mathieu Nadeau-Vallée le confirme : « Ce sont des inhalos qui m’ont appris à installer une perfusion intraveineuse, et à ventiler un patient. Ce sont des manipulations essentielles à la survie sur la table d’opération. »
Pour Valérie, qui est entrée en poste à 21 ans, pouvoir acquérir de l’expérience de terrain rapidement est un atout de la formation en inhalothérapie, dont la dernière année consiste en une série de stages cliniques. « En arrivant sur le terrain, on apprend trois fois plus rapidement, et on devient une référence pour l’équipe », dit-elle.
Valérie accompagne parfois les étudiants en inhalothérapie qui viennent à l’hôpital Charles-Le Moyne et trouve qu’ils gagnent de l’autonomie et de l’assurance en seulement quelques semaines. « Appliquer la théorie en pratique, ça fait toute la différence. Ça vaut la peine de persévérer jusqu’aux stages. »
VOULOIR AIDER
Il y a aussi de l’enseignement à faire avec les patients qui ont des maladies respiratoires : « En pédiatrie, on doit aussi s’adresser aux patients et à leurs parents, leur expliquer l’importance de l’hygiène nasale, par exemple. » Pour l’inhalothérapeute de 25 ans, l’objectif, c’est que les patients qu’elle traite à l’hôpital puissent rentrer chez eux… et y rester.
« Les inhalos sont présents à des moments critiques pour le patient. Il faut beaucoup d’empathie pour faire ce travail-là », m’explique Mathieu, qui insiste sur le fait qu’il manque d’inhalothérapeutes en milieu hospitalier.
Valérie, avec un sourire bienveillant, me raconte que certains de ses patients l’appellent « ma sauveuse » quand ils la voient arriver aux soins intensifs pour les examiner. « Il se crée vraiment une belle relation avec certains patients. »
Elle clôt l’entrevue sur une réflexion plus personnelle : « Pendant mes études, ça m’est souvent arrivé de me demander si j’avais fait le bon choix. Je viens d’une petite ville, j’ai déménagé loin de ma famille pour étudier l’inhalothérapie à Montréal et le programme est difficile. Mais si tout était à recommencer, je referais exactement le même parcours professionnel. Je suis à la bonne place. »
Moi, en remerciant Valérie, j’ai pensé aux inhalothérapeutes qui travaillent avec ma mère. Et je me suis dit qu’elle choisissait bien ses amies.
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