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L’ingénierie au féminin
URBANIA et l’École de Technologie Supérieure (ÉTS) s’unissent pour vous présenter trois femmes qui font de l’ingénierie un milieu plus riche et diversifié.
Même si j’ai quelques amis ingénieurs, je me suis rendu compte récemment que je ne savais pas exactement ce que c’est, le « génie » ou « l’ingénierie ». J’ai bien une petite idée, mais concrètement, c’est quoi? Et pourquoi est-ce qu’on répète toujours que c’est un milieu d’hommes? Trois femmes ingénieures m’ont aidée à y voir plus clair. (Oui, j’aurais pu demander à mes amis, mais tant qu’à me poser des questions, pourquoi ne pas en profiter pour rencontrer d’autres personnes fascinantes?)
Premier arrêt : définir l’ingénierie, avec Jade Doucet Martineau
« Moi, je me fais souvent dire : “Oh! T’es bachelière en génie mécanique : peux-tu m’aider à réparer ma voiture?” », me raconte Jade, dont le quotidien se déroule loin, très loin d’un garage. « Pour moi, l’ingénierie, c’est concilier un esprit cartésien avec une envie d’aider les gens concrètement », m’explique-t-elle.
Jade a commencé son parcours à Brébeuf en sciences pures et appliquées avant de se diriger vers un bac en génie mécanique à l ’ÉTS. Au cégep, il n’y avait que trois filles dans sa classe. À l’université, pareil. « C’est comme en médecine. À l’époque, c’était à peu près toujours montré comme un métier d’homme. Inversement, les métiers de soins, comme celui d’infirmière, étaient toujours associés à une touche féminine », me raconte Jade, en ajoutant que la situation dans les différents domaines de l’ingénierie faisait en sorte que les femmes n’avaient pas l’impression d’y avoir leur place.
«Au début, c’est la médecine qui m’intéressait. Puis j’ai compris que pour répondre à plusieurs besoins médicaux, un partenariat ingénieur-médecin est nécessaire.»
Aujourd’hui, Jade est cofondatrice d’une entreprise qui met au point une pompe cardiaque pour les patients ayant besoin d’un nouveau cœur pour survivre. Elle m’explique : « Au début, c’est la médecine qui m’intéressait. Puis j’ai compris que pour répondre à plusieurs besoins médicaux, un partenariat ingénieur-médecin est nécessaire. En gros, l’ingénieur va inventer les dispositifs qui vont résoudre le problème. »
Et ça, qu’on soit un homme ou une femme, c’est vraiment valorisant! Pourtant, aujourd’hui encore, « sur 300 CV qu’on reçoit pour un poste, il n’y en a que cinq ou six qui sont de femmes ». À quand un moitié-moitié? On lâche pas, on va y arriver!
Deuxième arrêt : comprendre l’importance de la diversité, avec Laurie Marceau
Laurie est développeuse d’applications mobiles pour une compagnie d’assurance. Concrètement, elle fait de la programmation d’apps mobiles. Diplômée en 2017 de l’ÉTS en génie de la production automatisée, Laurie a longtemps évolué dans un milieu très masculin, car si la programmation est sa passion, elle l’est aussi pour beaucoup d’hommes. Que ce soit à l’école ou au début de sa vie professionnelle, elle était souvent une des rares femmes présentes. Je l’imagine hausser des épaules quand je lui demande si c’était difficile. « On s’habitue! », dit-elle en riant.
Si ce phénomène ne l’a pas dérangée, elle est tout de même très heureuse que dans l’entreprise où elle travaille actuellement, son équipe soit composée majoritairement de femmes. « Ça change vraiment la dynamique », dit-elle très enjouée. D’accord, mais comment? Laurie a la réponse parfaite pour moi : « De la diversité, c’est toujours un atout. Avoir une représentation de toutes les strates de la population dans une équipe, c’est super important! »
Laurie me parle aussi de l’importance d’avoir des modèles féminins : « Voir qu’il y a des filles comme moi qui ont réussi dans ce domaine-là, ça me dit que moi aussi, je peux prendre ma place! » Le service dans lequel elle travaille est d’ailleurs mené par une femme, ce que Laurie trouve vraiment le fun.
Je termine l’entrevue par une question que je n’avais pas prévue : « Pis la programmation, aimes-tu ça? » Petit silence au bout du fil, et finalement, avec un sourire dans la voix : « Oui, je crois que… j’ai vraiment trouvé ma voie. »
Ça s’entend!
Dernier arrêt : vers un changement dans le monde de l’ingénierie, avec Laurie Vachon
Tiens, une autre Laurie! Mais celle-là évolue dans un milieu très différent, puisqu’elle occupe un poste de conseillère en gestion du changement. Ça veut dire quoi? Ça veut dire qu’elle accompagne des organisations dans différentes transformations (numériques ou de culture organisationnelle, par exemple). En somme, c’est de « l’ingénierie sociale », un autre domaine où on retrouve des ingénieurs.
Elle a obtenu son bac en construction à l’ÉTS en 2018 avant de poursuivre avec une maîtrise à l’École des Sciences de la Gestion (ESG). Un des principaux défis qu’elle a eu à relever lors de son parcours universitaire a été de trouver un aspect social et humain à l’ingénierie. Empathie, écoute, ouverture aux autres : des qualités qui, sans vouloir perpétuer les stéréotypes, sont souvent attribuées aux femmes et qui prouvent la nécessité d’avoir « toutes les strates de la population » représentées, comme dirait… l’autre Laurie (Marceau)!
«L’important, c’est de suivre ton intuition, de suivre ton cœur et d’ouvrir toutes les portes qui se présentent à toi. Il faut oser, se faire confiance, pis essayer.»
Laurie (Vachon : décidément, c’est mêlant) poursuit : « En génie, il y a beaucoup de domaines qui font le pont entre l’humain et la technologie. » Elle m’en énumère quelques-uns : la gestion du changement, justement, mais aussi les communications, les ressources humaines, etc. D’ailleurs, c’est là où il y a de l’humain que Laurie a réussi à trouver sa place, que ce soit dans des clubs étudiants, à l’université, et maintenant, sur le marché du travail. Selon elle, l’arrivée des femmes dans le milieu contribue peut-être au fait qu’en ingénierie, actuellement, « cet aspect est en croissance, et c’est une bonne chose ».
Bien qu’elle ne veuille pas perpétuer des clichés réducteurs du type « les hommes sont comme-ci, les femmes sont comme ça » dans ses propos (une préoccupation qu’elle a soulevée à plusieurs reprises lors de notre conversation), elle estime tout de même que l’arrivée de femmes en génie permet non seulement la démocratisation du milieu, mais également une meilleure représentation de la population et le développement de nouvelles facettes de la profession.
Alors comme le dit si bien Laurie (Vachon, vous l’aurez compris) : « L’important, c’est de suivre ton intuition, de suivre ton cœur et d’ouvrir toutes les portes qui se présentent à toi. Il faut oser, se faire confiance, pis essayer. » Un beau mot de la fin, n’est-ce pas?
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