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Lâindustrie du (faux) streetwear est en feu, littĂ©ralement
L'obsession pour le streetwear a créé un p'tit, et il est plus populaire que jamais.
Les codes vestimentaires au travail sont de moins en moins stricts, le style des années 90 est au goût du jour et le commun des mortels commence à embarquer dans la valse du streetwear.
Les complets ont été remplacés par des polars Patagonia et les souliers propres par des Jordan. En gros, les businessmen ressemblent à mes moniteurs de camp de jour en 94.
Lâindustrie de la mode fait de plus en plus place au streetwear. Mais en tant que victime de la mode assumĂ©e, je suis quand mĂȘme restĂ© longtemps sceptique face Ă ces nouvelles tendances.
Si en 2010 porter des espadrilles sobres était de mise, en 2019 les dad shoes et leur ironie sont partout.
Pour les non-initiĂ©s, le terme dad shoes sâapplique autant Ă des running shoes que votre pĂšre porte pour passer la tondeuse quâĂ dâautres qui Ă©voquent un trip de mush au Sport Expert.
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Je me suis donc longtemps accrochĂ© Ă mes Stan Smith jusquâĂ ce que je tombe sous le charme Ă cause dâune photo de Jeff Goldblum.
Moi aussi jâavais envie dâavoir lâair relax comme un dandy de 65 ans en buvant mon cafĂ©.
MĂȘme sâils sont weird, jâai eu le coup de foudre pour les Triple S de Balenciaga, de simple sneakers qui valent autour de 1 300$.
Malheureusement, faute dâavoir des redevances de Jurassic Park, jâai dĂ» faire une croix sur mon projet Balenciaga. Jusquâau jour oĂč je suis tombĂ© sur des paires identiques Ă 100$⊠Trop laides pour ĂȘtre vraies? Oui, mais pas tant que çaâŠ
Et câest lĂ que je me suis Ă©garĂ© dans lâĂ©trange monde du faux streetwear afin dâessayer de dĂ©mystifier le vrai du faux.
La loi de lâoffre et la demande
JusquâĂ tout rĂ©cemment, quand jâentendais le terme «vĂȘtements de contrefaçon», je mâimaginais tout de suite le bum de 6e annĂ©e avec un t-shirt bootleg Hilfiger achetĂ© au Supermercado ou encore ma tante avec son sac Louis Vuitton Ă 20$ trouvĂ© dans Chinatown lors de son voyage organisĂ© Ă New York.
En gros, du linge et des accessoires de «designer» de qualitĂ© mĂ©diocre qui pouvait souvent ĂȘtre dĂ©tectĂ©e Ă lâoeil nu. Mais, jâavais tout faux.
La valeur Ă©conomique mondiale de la contrefaçon pourrait atteindre 2,81 milliards de dollars, d’ici 2022.
Depuis quelques annĂ©es, lâAsie est la mecque des rĂ©pliques. Il y a une telle demande que dâici 2022, la valeur Ă©conomique mondiale de la contrefaçon pourrait atteindre 2,81 milliards de dollars.
Pourquoi est-ce quâil y a un tel engouement face aux produits inauthentiques?
La demande pour du faux streetwear peut probablement ĂȘtre expliquĂ©e par la raretĂ© et les prix des vĂȘtements et des souliers sur le marchĂ© de la revente.
Plusieurs compagnies comme Supreme, Nike et Off-White, vont miser sur la loi de lâoffre et la demande pour crĂ©er un gros hype auprĂšs de leur clientĂšle. Ainsi, des revendeurs vont acheter une collection complĂšte en quelques minutes grĂące Ă des bots afin de damer le pion aux jeunes qui aimeraient flexer leur nouvelle acquisition dans le line-up de la SQDC.
Le jeu des 7 erreurs
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Comme alternative au phénomÚne de revente, plusieurs vont se tourner vers les répliques afin de profiter du hype. Celles-ci se trouvent facilement en ligne grùce aux nombreux forums qui en font la promotion.
Les passionnĂ©s de streetwear se partagent ainsi des critiques de leurs derniers achats et parfois mĂȘme des comparaisons avec les vrais produits. Pour environ 100$, vous pouvez vous procurer une paire de Nike X Off-White qui vaut normalement plus de 900$. Celle-ci sera presque identique au niveau de la qualitĂ©, de lâemballage et des Ă©tiquettes.
Comment est-ce possible?
Les manufacturiers de produits authentiques vont parfois revendre leurs matĂ©riaux Ă dâautres usines pour quâelles puissent recrĂ©er le produit.
Un jeune entrepreneur anglais a fait plus de 2 millions $US en moins dâun an et demi en rĂ©pliquant, Ă petit prix, des sneakers rares conçus avec les matĂ©riaux originaux. Ses produits de qualitĂ© et son excellent service Ă la clientĂšle sur les forums de discussion lui ont permis de se dĂ©marquer rapidement.
Il a Ă©ventuellement dĂ» fermer boutique Ă la suite dâune plainte dâun client qui a eu un effet domino majeur sur son entreprise. Comme quoi tout le hype entourant un produit ou une marque passe par lâimpitoyable opinion publique.
Plagier en toute légalité
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Parfois, la supercherie est tellement convaincante que mĂȘme des entreprises legit peuvent se faire prendre au jeu.
Câest le cas du gĂ©ant Ă©lectronique Samsung. En dĂ©cembre dernier, la marque corĂ©enne a annoncĂ© lors dâune confĂ©rence quâelle avait conclu une entente de partenariat avec Supreme.
Le hic? CâĂ©tait avec Supreme Italia, une entreprise basĂ©e Ă Barletta en Italie qui utilise le mĂȘme logo que la marque new-yorkaise. Malheureusement pour le vrai Supreme, leur doppelgĂ€nger italien Ă©tait assez legit pour ĂȘtre considĂ©rĂ© comme lĂ©gal.
Depuis deux ans, la société derriÚre Supreme Italia, IBF, profite de la popularité de la vraie marque. Elle a réussi à enregistrer le trade-mark en premier en Europe et en Chine.
Supreme New York a tentĂ© de les poursuivre, mais nâa pu faire valoir son point. MalgrĂ© sa renommĂ©e mondiale, la marque Ă©valuĂ©e Ă plus dâun milliard de dollars a seulement Ă©tĂ© enregistrĂ©e en 2011. AprĂšs 17 annĂ©es dâexistence, et juste aux Ătats-UnisâŠ
Bref, ils ont dormi sur la switch et Supreme Italia continue dâouvrir des boutiques en toute «lĂ©galité». Ce qui est assez ironique sachant que Supreme sâest appropriĂ© le design dâune artiste rĂ©putĂ©e pour concevoir son logo.
Lâhabit ne fait pas le moine
Je comprends tout Ă fait lâintĂ©rĂȘt envers le phĂ©nomĂšne des rĂ©pliques. Il permet une certaine dĂ©mocratisation de la mode. Câest un peu comme faire un gros fuck you au principe de lâexclusivitĂ© et des pratiques douteuses des Balenciaga et cie.
Câest sur que de voir toutes ces grandes marques au prix de ce qui se vend Ă lâAubainerie, câest tentant, mais pas nĂ©cessairement Ă©thique.
Jâavoue avoir eu un petit pincement au coeur en tombant sur des rĂ©pliques de la marque montrĂ©alaise Dime. Victime de son succĂšs, sa boutique est souvent en rupture de stock et les fraudeurs en profitent.
Malheureusement, le concept du hype et de lâexclusivitĂ© est un catch-22. Si un produit est facilement accessible, celui-ci ne sera sĂ»rement pas aussi convoitĂ©.
Si jamais vous croisez un jeune de 16 ans qui semble porter pour plus de 5000$ de vĂȘtements, pensez-y deux fois avant de porter un jugement sur ses prioritĂ©s budgĂ©taires. Il y a de fortes chances que ce soit de la poudre aux yeux.
Lâadage fake it âtil you make it sâapplique trĂšs bien ici.
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