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L’immigration LGBTQ française au Québec : changer de pays pour s’épanouir

Et parfois même construire sa famille.

Par
Daisy Le Corre
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Pendant qu’une partie de la France continue de nous imaginer en coureurs des bois, nos cousin.e.s queer nous voient comme des pionniers. Ils et elles savent qu’on a 10 ans (au moins) d’avance sur la France en matière d’ouverture à leur communauté, une bonne raison pour venir ici fonder les familles qu’on leur refuse là-bas. Notre journaliste – elle-même venue ici pour s’assumer pleinement et devenir parent – raconte.

Au printemps 2013, pour la énième fois depuis des mois, je me souviens avoir encore pris sur moi. Mes poings, ma mâchoire : tout, chez moi, était aussi fermé que leurs esprits. En les voyant défiler dans les rues de Paris – que je croyais, naïvement, être MON Paris libéré et libertaire –, j’ai déchanté. Il n’y avait plus rien de gai : sous les pavés, la haine. Et dans les airs, leurs slogans à la con : « On veut du boulot pas du mariage homo », « Papa + maman : y a pas mieux pour un enfant », « Deux pères, deux mères, bonjour les repères! », « Y’a pas d’ovule dans les testicules! »

Comparée à la France, l’ouverture québécoise à la communauté LGBTQ+ me semblait irréelle, impensable. Plusieurs potes, en revenant de Montréal, m’avaient d’ailleurs dit : « Tu serais trop bien, toi, là-bas. »

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Au parlement, les élus débattaient de la légalité du mariage gai (alors que c’était légal depuis déjà huit ans au Canada, just sayin’). Dans la rue, ils étaient des milliers à vouloir notre peau. À vouloir rendre nos unions plus stériles qu’elles ne l’étaient déjà. Avec mes ami.e.s, on ne savait plus où se foutre. On découvrait que X avait défilé le week-end dernier avec ses parents, qu’Y ne nous parlait plus trop ces derniers temps, et que Z ne trouvait pas ces manifestations si « cheloues » que ça, finalement. Ça faisait beaucoup à encaisser en même temps.

2013, c’était aussi l’année de mes 25 ans et de ma première vraie grosse rupture amoureuse, après 10 ans de relation. (Oui, j’ai fait mon coming out à 15 ans.) Finalement, le mariage pour tous a été légalisé en mai 2013. Mais les mois de manifs m’avaient donné une envie irrémédiable d’aller voir ailleurs.

À l’époque, du Québec, je connaissais : les répliques cultes des Amours imaginaires de Xavier Dolan, URBANIA, Anne Archet et son Carnet écarlate… et la légendaire ouverture d’esprit. Comparée à la France, l’ouverture québécoise à la communauté LGBTQ+ me semblait irréelle, impensable. Plusieurs potes, en revenant de Montréal, m’avaient d’ailleurs dit : « Tu serais trop bien, toi, là-bas. »

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En 2014, le destin a pris les choses en mains : j’y suis allée deux fois pour le travail, je ne suis jamais rentrée. Depuis, je me suis mariée et je suis devenue parent sans heurts ni fracas, dans une indifférence bienveillante. Mon rêve québécois à moi. Mes potes avaient raison, je sais maintenant pourquoi.

Le grand débarquement

Je ne suis clairement pas la seule à avoir fait ce choix. Il y aurait environ 100 000 Français installés au Québec, incluant les résidents permanents, les étudiants et les détenteurs de permis temporaires. C’est près de 2 fois plus qu’il y a 15 ans.

Et là-dessus, une tonne est LGBTQ+, observe Mona Greenbaum, directrice de la Coalition des familles LGBT. Déjà en 2010, près de la moitié des 17 membres du conseil d’administration de son organisme étaient des Français. Et ça continue. « C’est difficile à chiffrer, évidemment, mais il y a eu une vague d’arrivées depuis 2013. Certains d’entre eux m’ont expliqué en avoir eu marre du discours négatif sur la communauté, des anti-mariages pour tous. Ils se sont sentis blessés, tout simplement. » Elle reçoit quotidiennement des messages de Français.e.s. « Beaucoup m’écrivent pour savoir comment s’y prendre pour la gestation pour autrui [NDLR : le recours à une mère porteuse] et parfois ils viennent à Montréal spécialement pour suivre un de nos ateliers sur le sujet. »

«L’homophobie reste bien présente dans la société française. On est encore loin du jour où tous les couples homosexuels pourront afficher librement leur relation dans l’espace public en présence d’amis, de voisins ou dans leur famille. Où, finalement, elle ne “s’affichera” plus, car elle sera banalisée.»

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D’après elle, on commence à peine à mesurer les ravages de La Manif pour tous. « En Australie, une étude a évalué l’impact émotionnel et psychologique des discours négatifs autour du mariage pour tous. C’est édifiant. » Là-bas aussi, le débat législatif sur le mariage gai, en 2017, a été violent. Et selon les chercheurs, les conséquences sont lourdes. La santé mentale des personnes LGBTQ+ est la plus fragile de toutes les populations d’Australie : elles ont davantage tendance à faire des tentatives de suicide ou à s’automutiler.

En France, le nombre d’actes LGBTphobes a atteint un sommet l’année de l’adoption de la loi et des manifs (3517 signalements), selon SOS homophobie. Même si le nombre de signalements a diminué par après, il connaît de nouveau une hausse depuis 4 ans (1905 actes ont été signalés en 2018). D’après le gouvernement français, l’explication est double : d’un côté, les victimes témoignent davantage; de l’autre, la montée du « rejet de l’autre » entraîne une augmentation de toutes les violences identitaires (l’homophobie, mais aussi l’antisémitisme, par exemple).

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Ce n’est pas plus rose dans la sphère professionnelle. Dans un sondage réalisé par l’association Autre Cercle, le quart des personnes LGBT interrogées déclaraient avoir été victimes d’au moins une agression verbale ou physique au travail.

« L’homophobie reste bien présente dans la société française. On est encore loin du jour où tous les couples homosexuels pourront afficher librement leur relation dans l’espace public en présence d’amis, de voisins ou dans leur famille. Où, finalement, elle ne “s’affichera” plus, car elle sera banalisée. » C’est l’Observatoire des inégalités qui le dit.

En 2013, Armelle Pieroni-Christin travaillait à la mairie de Paris. Elle se souvient encore de ses collègues, qu’elle croyait être aussi des ami.e.s, qui commençaient à douter de sa légitimité à avoir des enfants. « Ils débattaient de nos vies entre eux alors que quelques semaines avant, ils m’avaient pourtant soutenue quand je venais de faire une fausse-couche après une PMA [procréation médicalement assistée] réalisée en Espagne. Ils savaient tout de ma vie! C’était surréaliste, comme si soudainement, chacun avait le droit de s’interroger sur la légitimité de la vie d’autrui. Ça a été assez perturbant et on a commencé à avoir peur », confie-t-elle. Elle ne se voyait tellement pas élever ses enfants dans un pays qui n’avait pas encore « dépoussiéré ses vieux démons » qu’elle et sa conjointe ont mis le cap sur Montréal, où elles vivent maintenant avec leurs trois enfants.

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Comme à la maison

Avec un climat aussi pourri, pas étonnant que les Français.e.s LGBTQ+ débarquent en aussi grand nombre. Même si ça veut dire tout quitter et repartir à zéro, ou presque. Perso, j’ai plaqué ma vie parisienne, j’ai repris mes études en littérature, j’ai trouvé un emploi qui me ressemble et des boss qui me respectent, je me suis recréé un cercle d’ami.e.s, je me suis lancée dans la course à la résidence permanente, je suis devenue parent et je serai bientôt citoyenne canadienne. Un nouveau départ que je compare carrément à une renaissance : je n’ai jamais été aussi libre d’être moi-même.

Quand il est arrivé au Québec en 2013, Étienne Marouseau, lui, n’en revenait pas de constater que le mariage gai était légal depuis huit ans. « J’étais très content de pouvoir évoluer dans un milieu que je percevais infiniment plus progressiste ou, en tout cas, où ce débat était réglé depuis longtemps », raconte l’étudiant au doctorat, président de l’association LGBTQ+ de l’Université de Sherbrooke.

«Avec ma conjointe, au Québec, on s’est tout de suite senties à la maison, en sécurité. On peut être qui on est sans peur. C’est aussi niaiseux que se tenir la main dans la rue, parler de notre blonde au travail, aller fêter sans avoir peur.»

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Même soulagement du côté de Constance (qui préfère taire son nom de famille, comme d’autres personnes interviewées), installée au Québec depuis maintenant 12 ans. « Avec ma conjointe, au Québec, on s’est tout de suite senties à la maison, en sécurité. On peut être qui on est sans peur. C’est aussi niaiseux que se tenir la main dans la rue, parler de notre blonde au travail, aller fêter sans avoir peur. Bref, vivre normalement. » Elle avoue avoir déjà reçu des regards de passants quand elle tient sa compagne par la main. « Mais on est loin des agressions verbales ou des bousculades qu’on peut subir France. La seule réflexion qu’on a eue, c’était une personne âgée qui nous a dit qu’on était vraiment belles. »

On a pourtant senti une vague d’espoir en France, il y a quelques mois. L’évolution des mœurs se profilait à l’horizon avec le projet de loi bioéthique. L’objectif? Ouvrir la procréation médicalement assistée (PMA) aux femmes seules et aux couples de femmes.

Ça aurait été trop beau. Après des mois de débat, la loi s’enligne pour effectivement autoriser la procréation médicalement assistée à toutes les femmes, mais les traitements seront remboursés seulement en cas d’infertilité médicale. Autrement dit, les couples de lesbiennes et les femmes célibataires devront payer de leurs poches. Au moins, elles n’auront plus besoin d’aller se faire inséminer à l’étranger comme avant. C’est déjà ça?

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Deux papas, deux mamans

Parce qu’au-delà de la possibilité (importante, là!) de se minoucher en public, une grosse différence entre la France et le Québec pour les couples LGBTQ+, c’est la parentalité. Ici, on reconnaît un lien de filiation légal entre un enfant et deux conjoints de même sexe depuis 2002.

En France, c’est pas mal plus compliqué. Depuis 2013, un couple homosexuel marié peut adopter un enfant. Mais pour ceux qui ont un enfant via la procréation assistée ou une mère porteuse (une pratique illégale, mais pas inédite), c’est seulement le parent biologique qui a un statut légal. L’autre n’a aucun droit aux yeux de la loi. Pour devenir légalement parent, il ou elle doit littéralement adopter son propre enfant.

«Comme je n’ai pas porté notre enfant et que ma conjointe n’est pas française, elle devrait se rendre en France pour déclarer notre enfant comme né “d’une mère célibataire et d’un père inconnu”.»

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« Je trouve extrêmement humiliant de devoir faire une demande d’adoption pour ma propre fille alors que je suis déjà reconnue comme sa mère ici, raconte Lena. C’est comme si mon pays refusait de reconnaître mon existence. Tant que ça ne changera pas, nous ne ferons pas les démarches de citoyenneté française pour nos enfants, qui sont canadiens. »

Même chose pour Cécilia, une Toulousaine récemment devenue canadienne. « Comme je n’ai pas porté notre enfant et que ma conjointe n’est pas française, elle devrait se rendre en France pour déclarer notre enfant comme né “d’une mère célibataire et d’un père inconnu”. Après quoi elle pourra aller faire une demande d’adoption en mon nom pour que je puisse adopter… mon enfant. Alors que son acte de naissance canadien nous inscrit déjà toutes les deux comme ses mamans. » Un cauchemar kafkaïen et rétrograde.

Pas si parfait

On a beau aimer l’ouverture d’esprit québécoise, on sait qu’il reste du chemin à parcourir ici aussi. Il suffit de quitter Montréal ou même juste de sortir des quartiers centraux pour s’en rendre compte. Avec mon look androgyne, on me trouve parfois jolie et aussi super beau. Moi-même je ne sais pas trop. Quoi qu’il en soit, je m’amuse parfois à tester le niveau de tolérance d’une ville ou d’un quartier en me pointant quelque part, juste pour voir. Je suis mon propre cobaye. Mon ressenti ne me trahit jamais et je le confirme : il y a encore des progrès à faire des deux côtés de l’Atlantique.

«La bisexualité reste problématique pour une bonne partie de la population, les enjeux trans commencent à peine à percer et le polyamour est encore associé à beaucoup de préjugés.»

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Parlez-en à Cécilia. « Montréal est une belle bulle, mais dès qu’on en sort, on peut être surpris par la virulence de certains propos. Ça peut sonner plus Bible Belt et 16e que pride for all », croit-elle. Paradoxalement, c’est dans la métropole qu’elle et sa conjointe ont été agressées verbalement et physiquement. « Une fois, on rentrait chez nous dans le Village en se tenant la main et un dude nous a suivies en nous demandant s’il pouvait regarder… Un classique. » Elle a aussi été victime d’homophobie lors d’un show d’impro au bar Brouhaha, où elles étaient des habituées. « On y a emmené ma mère et un ami, qui étaient là pour notre mariage. En apprenant qu’on s’était mariées, l’arbitre de la ligue a voulu “marquer le coup”. Il nous a fait monter sur scène et m’a agrippée pour me rouler une galoche de force avant de dire “J’ai toujours rêvé de faire ça. Avoue, ça fait réfléchir, non?”… On n’est jamais retournées. »

D’après Étienne Marouseau, « la bisexualité reste problématique pour une bonne partie de la population, les enjeux trans commencent à peine à percer et le polyamour est encore associé à beaucoup de préjugés. Tout comme le fait de pouvoir vivre sans stéréotype de genre est encore problématique du point de vue social. »

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La preuve en chiffres : à l’heure actuelle, au Québec, plus d’une personne LGBTQ+ sur deux a vécu le rejet de son partenaire par sa famille, une sur trois a subi de la violence physique, verbale ou sexuelle, et une sur cinq doit rompre tout contact avec sa famille d’origine en raison de son identité LGBTQ+.

Ces chiffres – qui viennent de SAVIE-LGBTG, un projet de la Chaire de recherche en homophobie de l’UQAM – peuvent donner l’impression que la situation ici n’est pas meilleure qu’en France, finalement. Mais je persiste à croire (comme pas mal tous les LGBTQ+ français que je connais ici) que le feeling est radicalement différent. De manière générale, il règne dans la Belle Province une indifférence bienveillante qui est apaisante et rassurante. Il faut le vivre pour le comprendre.

Être de la jaquette et heureux en France

Malgré tout, ce serait exagéré de prétendre qu’il est impossible de vivre son homosexualité en France. Je suis donc partie à la recherche de personnes LGBTQ+ épanouies et assumées là-bas. Comme je galérais un peu, un ami journaliste français, gai lui aussi, m’a suggéré de me tourner vers « un.e homo réfugié.e qui a fui la lapidation et la peine de mort dans son pays ». Ça m’a fait rire, j’avoue.

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J’ai fini par trouver Florence, 45 ans. Habituée aux grandes villes, où c’est plus facile de passer inaperçue, elle avait quelques appréhensions en s’installant avec sa conjointe dans une petite ville balnéaire de 3 000 habitants dans le nord de la France il y a 3 ans.

On y revient, donc… Vivons heureux.ses, mais vivons un peu caché.e.s au cas où Nicole réaliserait que ses voisines ne sont pas des colocs, finalement.

Finalement, tout va bien. « Notre voisine du dessous, Nicole, qui a 78 ans, est très enthousiaste. Nous avons droit à “mes chéries”, “mes filles”. Dans la ville, les gens nous voient constamment ensemble et devinent évidemment notre relation », raconte-t-elle. Pas de réactions négatives ni de regards en coin. Au travail, elle discute ouvertement de sa vie affective. Sa famille la soutient. « On a l’intention de se marier. Et sur ce volet, je trouve que le mariage pour tous légitime notre sexualité. »

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« Je n’ai jamais essuyé d’injures concernant mon orientation sexuelle, j’ai très certainement de la chance, poursuit-elle. J’avoue néanmoins que je ne me suis jamais affichée avec mon amie dans de grandes démonstrations, à s’embrasser outre mesure. D’une part, ce n’est pas dans ma nature, et d’autre part, il y a tout de même une petite crainte d’être aperçue et déplaire. »

On y revient, donc… Vivons heureux.ses, mais vivons un peu caché.e.s au cas où Nicole réaliserait que ses voisines ne sont pas des colocs, finalement. Et appelons nos meufs nos « amies ». (Je sais que ça se dit, mais je trouve que ça entretient un certain flou. Ça me rappelle la fois où j’ai dit que je fréquentais « quelqu’un » à ma boss parisienne qui demandait si j’étais en couple. Ça faisait huit ans que j’étais avec ma copine.)

Tout ça n’est pas assez pour donner envie aux Français.e.s expatrié.e.s de rentrer. « Tant que la loi ne nous reconnaîtra pas comme une famille, et que les gens continueront à manifester contre nous, nous ne pourrons pas emmener notre enfant grandir là-bas, dit Cécilia. Tant que les femmes sont mises à mal, on restera où elles ont le plus de chances de s’en sortir. On devra braver l’hiver tant qu’il le faut. C’est moins dur de survivre à l’hiver qu’aux cons. »

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Si le Québec est un paradis queer comparé à la France, est-ce que c’est un peu de la folie pour des lesbiennes d’ici d’aller s’installer à Paris?

En 2015, alors que bien des couples LGBTQ+ français mettaient le cap sur le Québec, l’auteure Gabrielle Richard a fait le move inverse. Quand sa femme s’est fait offrir un poste dans une organisation internationale à Paris, elles ont fait leurs boîtes et ont débarqué avec leur fille dans le 15e.« On se fait tellement rabâcher les oreilles avec l’idée que les Québécois.e.s et les Français.e.s seraient des cousin.e.s, je ne m’attendais à aucun choc culturel. » C’était avant de croiser le chemin et les regards des partisans de La Manif pour tous. Encore eux.

Même si elle avait vu les images des grandes manifs contre le mariage gai en 2012 et 2013, elle a été choquée par les protestations qui continuent d’avoir lieu. Avant de partir, elle s’inquiétait de vivre de l’homophobie ou, pire, que sa fille en vive. « On est bien acceptées dans notre quartier, à l’école, à la garderie, par les parents d’élèves et les voisin.e.s. On a de belles relations », se réjouit-elle.

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Mais les quatre salves de graffitis homophobes sur les trottoirs de son quartier – qui présentent la famille traditionnelle hétéro papa-maman-petit-garçon-petite-fille ou des slogans contre la procréation assistée pour toutes – la font grincer des dents. « Quand je vais reconduire ma fille à l’école, quand je vais au parc avec mon fils, quand on va au marché, ça nous rappelle constamment qu’on n’est pas chez nous et que les familles comme la nôtre ne sont pas naturelles, pas souhaitables. Ma fille a 10 ans et est en âge de poser des questions sur ces graffitis. C’est difficile de lui expliquer qu’il y a des gens qui pensent que sa famille n’est pas une vraie famille. Il y a quelques mois, quand j’étais enceinte, ça m’affectait particulièrement. C’est violent et c’est quotidien », avoue Gabrielle Richard.

Inutile de dire qu’elle comprend l’enthousiasme des Français.e.s LGBTQ+ envers la Belle Province. « Au Québec, on s’entend pour dire qu’il existe de l’homophobie et qu’elle doit être enrayée. En France, la parole homophobe est décomplexée. Même admettre qu’il y a un problème reste compliqué. On commence à peine à parler de lutte contre l’homophobie, et principalement dans un contexte scolaire. On est encore bien loin du compte. »

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