Dans la dernière année, j’ai accouché de mon premier enfant, écrit un roman, fait en moyenne trois shows par semaine et pondu des articles pour URBANIA. Cet été, je présente mon nouveau show au Zoofest et ferai deux fois le Gala de Laurent Paquin à Juste Pour Rire, ET, je ne vous en parle surtout pas pour me vanter.
On me pose souvent la question: «Comment tu fais pour tout faire sans péter au frette?» Je n’ai pas de conseils de superwoman à donner, car croire que l’on peut tout faire sans brûler un fusible c’est la racine même du futur pétage de câble.
Mon amoureux a pris le congé parental.
La dernière chose que je veux c’est entretenir des standards irréalistes donc voici mon secret: Mon amoureux a pris le congé parental. Nous avons évalué notre situation et tout pointait vers un papa à la maison.
J’étais heureuse de recommencer le boulot après dix-huit semaines de maternité. La scène et la création me manquaient. J’ai fait comme tous les hommes qui ont repris du service pendant que leur conjointe s’occupait de leur enfant, j’ai travaillé. Pas de power-maman ici, juste un modèle inversé de ce qu’on a l’habitude de voir.
Les premiers meetings, j’arrivais sur place et on me demandait:
- Où est bébé?
- Il est avec son père.
- Ah oui c’est vrai!
Enceinte, on m’avait dit: «C’est l’fun tu vas pouvoir écrire ton deuxième roman à la maison pendant ton congé de maternité.» Non ce n’est pas l’fun, même que ça doit être extrêmement désagréable. Prendre soin de son rejeton toute la journée et écrire 6 à 8 heures par jour, ce n’est pas logique, c’est du suicide de neurones, de l’empilage de «oui, je suis capable» quand, en réalité, c’est de la folie.
Pendant que petit faisait la sieste, je n’écrivais pas. Au contraire, mon homme et moi faisons la sieste avec lui. C’est l’avantage du premier bébé, quand il dort, TOUT LE MONDE DORT!
Cette glorification des gens occupés, ou cette admiration qu’on a pour les gens toujours dans le jus m’énerve. Quand j’entends certains, pratiquement se vanter tous les jours, qu’ils sont tellement occupés qu’ils n’ont pas le temps de manger ou d’aller pisser, je n’en conclus pas qu’ils sont bons, je me dis «ben voyons câline! Pisser c’est la base il me semble?!»
Je suis habituée à une stimulation constante, à mener mille et un projets de front, mais aussi, à dire non. Si j’ai réussi à mener mes engagements à bon port cette année sans péter un câble majeur (parce qu’on se le cachera pas, y’a des petits câbles de fatigue qui lâchent parfois ici et là), c’est parce que j’ai dit non à autre chose. J’ai aussi demandé des extensions de deadlines, de l’aide de collègues, de mes parents, etc. Je n’ai pas demandé de l’aide à mon chum car c’est un parent autonome qui mène notre barque comme un chef et qui s’occupait de notre enfant à plein temps. Tout comme moi, il en avait plein les bras.
Même que je me demande encore comment il a fait pour rester sain d’esprit pendant tous ces mois, seul à la maison avec le petit. Moi, après dix-huit semaines à être en symbiose qu’avec mon enfant, j’avais le cerveau qui s’empotait. Je n’en pouvais plus de devoir changer mon boutchou de «station de jeu».
Une fois que je m’étais émerveillée devant chacun de ses petits sons, ses regards, ses touchés, qu’on avait chanté des chansons, lu une histoire, que j’avais pleuré en le regardant tété mon sein, qu’il avait joué sur son tapis d’éveil, je cherchais quoi faire et le micro-onde affichait juste huit heures du matin!
Si tu penses que le temps n’avance pas vite à la job, attends de te lever à cinq heures et d’avoir envie de prendre un drink avant tes céréales!
Je m’endormais le soir en cherchant des façons originales pour sortir avec bébé, question qu’on soit TOUS stimulés. Je comprends maintenant pourquoi il y a tant de mamans avec des poussettes au centre commercial, elles n’y sont pas pour dépenser, elles y sont pour éviter de se frapper la tête avec une assiette de Pat Patrouille.
Donc si je reprends la question initiale qui m’est souvent posée: Comment t’as fait pour tout faire? Et bien c’est simple, j’ai décidé de ne pas tout faire.
J’ai fait des choix, refusé des engagements et surtout, je n’ai pas paniqué quand tous ceux qui ont mis la main à la pâte pour nous aider, n’ont PAS fait les choses comme je les aurais faites. J’étais juste contente de ne pas avoir à les faire, car c’est ce qui m’a permis d’écrire un roman, de faire des shows et d’admirer mon gars et mon chum en dehors des heures du travail.
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Pour ceux qui sautent de joie à chaque nouveau texte de notre collaboratrice Mélanie Couture, on vous suggère d’aller voir son spectacle 60 minutes de pure Couture à l’occasion du Zoofest. Pour tous les détails, c’est par ICI!
Pour lire un autre texte de Mélanie Couture: «La belle-mère de Cendrillon n’avait pas tout à fait tort».