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L’hyposensibilité, ou quand votre enfant bouge tout le temps

Mouvement non-stop? C’est peut-être le temps d’aller en ergothérapie.

Par
Karine Côté-Andreetti
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Les enfants possèdent la source d’énergie la plus inépuisable qui soit. Est-ce que c’est juste chez moi que la routine dodo se termine immanquablement par des enfants qui culbutent sur les lits et font des courses en bobettes dans le corridor? Ont-ils besoin de calme pour attraper le train de Morphée ou, au contraire, ont-ils besoin de libérer la tension dans un dance party sur la trame sonore de Encanto?

Rencontre avec l’ergothérapeute spécialisée en pédiatrie, Josiane Caron Santha, afin de faire le point sur les recherches sensorielles.

Un besoin naturel

Le corps a besoin d’informations sensorielles pour être dans l’espace, pour garder sa posture. Les pieds qui touchent le sol, la peau qui touche les vêtements, sont toutes des sensations qui permettent au corps de s’adapter à son environnement.

Or, pour certains enfants, cette information sensorielle est moins ressentie. On parlera alors d’hyposensibilité (le contraire de l’hypersensibilité) ou de recherche sensorielle.

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« Lorsqu’il y a un vide pour le système nerveux, le corps va bouger davantage pour obtenir plus d’informations, » explique l’experte qui a aussi écrit un ouvrage à ce sujet. « Cependant, cela peut créer une surcharge sensorielle que le système nerveux ne sera pas en mesure de gérer. L’enfant deviendra alors surstimulé et se désorganisera. » Ainsi, un enfant ayant un trouble de la modulation sensorielle peut recevoir le signal qu’il a besoin de bouger – question de l’aider à ressentir – alors que son système nerveux est déjà en surcharge.

Comment déterminer, alors, si le mouvement de l’enfant est la manifestation d’un système nerveux dérégulé ou surstimulé, ou d’un simple besoin naturel de bouger?

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D’emblée, l’ergothérapeute nous invite à réajuster nos attentes. « Jusqu’à sept ans, l’enfant a de très grands besoins de mouvements, ça nourrit son développement. Le problème est que la grande majorité des enfants ne bougent pas assez dans la journée. Il y a trop d’activités sédentaires, à l’école. »

Ainsi, avant de se questionner sur un diagnostic (hypersensibilité, troubles sensoriels, anxiété ou même TDAH), il faut s’assurer que les besoins de mouvement de l’enfant sont comblés. « Un enfant de trois ans ne peut pas rester assis à une table plus de cinq minutes. Au-delà de ça, ce n’est pas une demande adaptée. »

Soulagée d’apprendre que je ne suis pas seule à cuisiner cinq fois plus longtemps que la durée des repas en famille, je demande à l’ergothérapeute de m’indiquer les signes qu’une recherche sensorielle devient problématique. « Lorsque le besoin de bouger interfère avec le fonctionnement attendu et réaliste d’un enfant de son âge. » Si l’enfant n’arrive pas à fonctionner, se concentrer, écouter, s’arrêter, s’il se met à risque, se blesse ou n’est pas capable de ralentir, une consultation en ergothérapie est recommandée.

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La cause derrière le comportement

Revenons à l’exemple de la routine dodo cité plus haut.

« Si on veut atténuer un comportement, il faut en comprendre la cause », me précise l’ergothérapeute (comme tous.tes les spécialistes de la petite enfance!).

Sauf qu’un enfant qui a besoin de dépenser son trop-plein d’énergie aura les mêmes comportements qu’un enfant en surcharge sensorielle. « D’abord, c’est normal qu’un enfant bouge avant le dodo », commence la spécialiste.

« Quand le système nerveux souhaite s’endormir, un enfant va se dire : “Non merci, ça ne me tente pas, dormir c’est plate, je veux jouer avec mon parent plus longtemps!”, alors l’enfant va bouger pour se tenir éveillé », poursuit-elle.

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Un peu comme on fait tous.tes lors de longs meetings : on gigote sur nos chaises, on pose des actions motrices, car les mouvements augmentent l’éveil. C’est un réflexe humain sain et normal. (Je me donne pour défi de me répéter cette phrase sans rire la prochaine fois que mon enfant se lancera littéralement sur les murs pour imiter Spider Man avant l’histoire du soir.)

Toutefois, prévient l’ergothérapeute, la cause derrière le mouvement « excessif » peut également être l’anxiété. « Les réactions fight or flight s’activent lorsqu’on se sent anxieux et cela crée des tensions musculaires. À ce moment, pour un enfant qui n’a pas assez bougé dans sa journée et qui n’a donc pas pu évacuer son stress, il faut que ça sorte! »

De plus, lorsqu’on vit une situation de stress, nos hormones déclenchent une hypervigilance permettant de « combattre le danger potentiel ». Ainsi, on devient hypersensible le temps d’une courte période, captant davantage de stimuli. « Un enfant anxieux qui a également des défis sensoriels verra son système nerveux être surchargé beaucoup plus rapidement », conclut l’experte.

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Quelques trucs pour calmer le système nerveux des hyposensibles :

  • Diminuer le temps d’écran (c’est un stresseur émotif et sensoriel).
  • Appliquer des pressions profondes pour apaiser le système nerveux (comme rouler un ballon sur le corps), faire des massages ou même donner un très gros câlin.
  • Faire des jeux sensoriels, comme de la pâte à modeler.

Josiane Caron Santha offre énormément d’informations via son compte Instagram @josianecsantha.formatios.ergo ainsi que sur son blogue.

Elle est aussi l’autrice des livres Bouger pour grandir et Les hypersensibilités sensorielles.

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