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L’histoire incroyable de Louis : « On est censé faire quoi quand un loup gratte à la porte de sa tente? »
Depuis cet été, deux fois par mois, URBANIA vous propose un rendez-vous de témoignages qui retrace des histoires incroyables. Des moments de vie en voyage, des naissances, des ruptures, des rencontres improbables, des défis insolites… Le genre de série que l’on a envie de scroller sur son téléphone sur la plage, aux toilettes ou même dans le métro. D’ailleurs, si vous aussi avez vécu une histoire incroyable et voulez la partager avec nous, n’hésitez pas à nous écrire à [email protected] (à l’attention d’Anne-Laure Mignon). En attendant, c’est Louis, 28 ans, qui raconte…
« Si elle rentre ses moutons pour la nuit, c’est parce qu’un loup rôde dans le coin »
C’était début août. Je suis parti une semaine avec ma copine dans sa maison de vacances dans le Vercors, à Saint-Thomas-en-Royan, entre la Drôme et l’Isère (en France). Un tout petit village ensoleillé, entouré de montagnes, de champs de blé et de maisons en pierre. Le rêve!
On arrive sur place le samedi, et le jeudi, on décide de se faire une grosse rando suivie d’une nuit dans la montagne. Notre but : se réveiller avec un joli lever de soleil et prendre le petit déjeuner là-haut. Là aussi : le rêve! Bref, on s’organise : on télécharge l’appli Visorando, on trouve un itinéraire intéressant – comme on n’a tous les deux pas de permis de conduire, on décide de viser une balade aux alentours de façon à ce qu’on puisse s’y rendre sur le pouce et trouver un véhicule aisément – on prépare nos affaires, on prend notre sac et aux alentours de 12 h, on se met en route.
On trouve une première voiture super facilement. Elle nous dépose dans le centre, puis on décide de se mettre à la sortie de la ville pour trouver une deuxième voiture qui, on l’espère, pourra nous amener rapidement au départ de la rando. On se poste donc le pouce en l’air puis on attend. Un quart d’heure, aucune voiture ne se dirige vers notre destination. Une demi-heure, toujours pas. Une heure, personne.
Bon… Il est 15 h, notre timing – si l’on veut arriver en haut avant le coucher du soleil, autre objectif de la journée – se resserre. On décide donc de changer de plan. On prend un autre chemin de rando, accessible à pied de là où on est.
Pendant plusieurs heures, rien à signaler. Le paysage est magnifique, il fait super beau, le sentier est balisé et on l’a vraiment pour nous tout seuls. Que demande le peuple! On continue, on continue, puis à un moment donné, on se rend compte qu’on va pouvoir rallier notre chemin avec la rando initiale que l’on voulait faire (celle qu’on a abandonnée parce qu’on n’a pas trouvé de voiture pour nous y emmener, NDLR). Encore mieux! On est super content, le spot qu’on avait repéré à la base pour dormir avait l’air vraiment magnifique et on était un peu déçu de ne pas pouvoir y passer la nuit.
Bref, on avance dans cette direction-là, et là, on croise une bergère qui rentre ses moutons. On commence à discuter avec elle et au milieu de la conversation, elle nous apprend que si elle rentre ses moutons pour la nuit, c’est parce qu’un loup rôde dans le coin. Super rassurant! Un peu pressés (la marche pour aller au second spot est plus longue, NDLR), on ne réagit pas trop à l’information, on échange deux trois formules de politesse avec elle et on reprend notre chemin. Il est 20 h, il va bientôt faire nuit, il faut qu’on se dépêche de planter notre tente.
« Je me retrouve tout d’un coup nez à nez avec un énorme cheval sauvage »
20 h 30, eurêka, on arrive enfin! Il nous reste approximativement une demi-heure de soleil. On se dépêche donc de planter la tente, on mange et on boit un coup devant le magnifique coucher de soleil, puis pipi, les dents et au lit. On est complètement K.O, la journée a été longue. La marche, exténuante.
Vers 23 h, ma copine se relève pour retourner faire pipi. Elle revient et je lui emboite le pas, mets ma lampe frontale et vais un peu plus loin. Je fais ma petite affaire et alors que je m’apprête à la rejoindre dans la tente, je me retrouve tout à coup nez à nez avec un énorme cheval sauvage. Mais vraiment un animal impressionnant! On aurait dit un cheval-robot sorti d’un film de science-fiction.
Ma copine est paniquée. Le cheval, lui, essaie à moitié de rentrer dans la tente, je crois qu’il est intéressé par le reste de notre repas. Bref, la scène est complètement absurde. Finalement, j’arrive à l’en empêcher et la bête s’éloigne brouter un peu plus loin autour de nous avant de finir par disparaître dans la pénombre. Oui, parce qu’il fait vraiment nuit noire. Bon, plus de peur que de mal, on rigole un peu de cette situation cocasse puis on se recouche.
Sauf qu’au bout de cinq minutes à essayer de fermer l’œil, on se fait tous les deux la réflexion qu’il y a l’air d’avoir du mouvement autour de notre campement. Il y a beaucoup de bruit. Comme si quelqu’un grattait à la porte de notre tente. Cela ne ressemble pas à un bruit de cheval. On repense au loup. Merde, merde, merde. On n’est pas rassuré du tout. On est en tachycardie même. On s’interroge : « On est censé faire quoi quand un loup gratte à la porte de sa tente ? »
À peine a-t-on le temps de se poser la question qu’un énorme coup de patte plie la toile en deux, manquant tout juste d’assommer ma copine. Réflexe pavlovien : on hurle et on tape dans nos mains en espérant faire partir l’animal en question. Sans succès. Je sors de la tente. Pas du tout serein. Et là je me retrouve à deux mètres de 14 chevaux sauvages. 14! Dans le lot : des mutants comme le curieux de tout à l’heure, des chevaux qui ont l’air à peu près normaux et deux ou trois poulains. On hallucine complètement.
« Mais qu’est-ce que c’est que ce bordel! ». Bon on ne va pas se mentir, on est carrément flippé. On réalise qu’on est sur leur territoire, que ça n’a pas l’air de trop leur plaire et qu’il faudrait qu’on bouge. Go! On remballe donc nos affaires en deux-deux et on descend la vallée à toute vitesse, les bras chargés, la tente même pas repliée et les yeux rivés sur eux pour vérifier qu’ils ne nous suivent pas.
Ce n’est pas le cas. Ouf! En revanche, on peut voir leurs 14 paires d’yeux nous scruter au loin. On continue, on continue, on continue. On descend le plus bas possible pour être sûr de ne plus être sur leurs terres et on se réinstalle. On s’endort, épuisés.
Vers 6-7 h du matin, le jour se lève et nous réveille. On émerge rapidement, puis on ouvre la tente, assez curieux de ce qu’on va trouver en face de nous. Des chevaux sauvages? Une vue imprenable? Que nenni! On a cavalé tellement vite hier soir qu’on est arrivé à hauteur du parking… Tout ça pour ça!
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Ce texte a d’abord été publié sur urbania.fr
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