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L’histoire improbable de Stéphane : « Une énorme boule de feu jaillit à 30 centimètres de mon visage »

Un voyage, et toute une histoire.

Par
Anne-Laure Mignon
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Cet été, nos collègues d’URBANIA France vous proposent une série d’histoires (vraies!) de voyage. Ruptures, naissances, rencontres improbables, situations rocambolesques… le genre de série qu’on a envie de scroller sur son téléphone à la plage, avec du sable entre les orteils. Aujourd’hui, Stéphane, 41 ans, raconte…

Je ne me souviens plus de la temporalité exacte mais cela devait être il y a 4 ou 5 ans, pendant les vacances d’été. Ma copine de l’époque et moi partions à l’Ile de Ré, d’abord passer quelques jours avec ses parents, puis profiter de l’île tous les deux, et enfin recevoir une de ses amies pendant quelques jours. Un joli programme, en somme ! Enfin, sur le papier…

Elle crie en boucle « on va mourir, on va mourrrrriiiiirrrrr »

Première étape, comme prévu, nous rejoignons ses parents dans leur maison de vacances, à l’Ile de Ré. Enfin, maison de vacances, c’est vite dit… Cabanon de vacances, plutôt. Ils possèdent en réalité un bout de terrain sauvage, avec une cabane en bois construite par le grand-père de mon amie, il y a une vingtaine d’années. Mais bref, on les rejoint donc pour passer quelques jours au vert avec eux. Il fait beau. On se balade. On mange bien. On rigole bien. La vie est belle.

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Ensuite, vient l’heure de leur départ. Ils nous laissent profiter de leur petit coin de paradis en duo. Là, pareil, ce n’est que du bonheur. On est plus amoureux que jamais. Le temps est magnifique. On se balade. On profite de la nature. On passe vraiment de super moments.

Puis, dernière étape du voyage, la pote de ma copine arrive. Le plan c’est qu’elle nous envoie un message à sa sortie du train pour qu’on aille la chercher à la gare. Jusqu’ici rien à signaler, tout va bien. Il est 20h, lorsqu’on reçoit son texto. Et pile à la seconde où l’on ouvre son message, il commence à pleuvoir. Des seaux d’eau ! Bon, dommage…

On la récupère à la gare donc, direction la maison, où l’on se penche sur le dîner. On avait prévu des brochettes au barbecue, mais vu le temps, on va plutôt les faire cuire à la poêle, à l’intérieur du cabanon. On allume nos deux lampes à gaz pour s’éclairer et on commence à cuisiner. On active également nos trois chauffe-plats à la citronnelle pour garder la viande au chaud. En revanche, pas touche pour l’instant à la grosse gazinière, qu’on allumera quand on aura fini d’assembler les brochettes.

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On prend l’apéro. On prépare toujours la viande. On rigole bien. Puis une des lumières s’éteint. Il faut changer sa bouteille de gaz. La pote de ma copine décide de s’en charger. Je lui conseille : « Plutôt dehors, par précaution ».

La bouteille de gaz de 30L. La bouteille de gaz de 30L. La bouteille de gaz de 30L. Si elle explose, on meurt.

Une instruction qu’elle ignore ! Elle décide donc de la changer directement à l’intérieur, sûrement pour éviter de se retrouver sous la pluie. Elle retire la bouteille de gaz vide et clipse la nouvelle. Mal. Elle clipse mal la nouvelle recharge de gaz. Résultat : le gaz s’échappe et se répand sur les trois chauffe-plats à la citronnelle. Une énorme boule de feu jaillit à 30 centimètres de mon visage.

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Tout se passe en une demi-fraction de seconde. Elle se brûle la main, et sur le coup de la douleur, lâche la bouteille de gaz. À seulement quelques centimètres de la grosse gazinière, qui elle, est alimentée par une bonbonne de 30L. Mon cœur descend dans mon estomac. Pris de panique, je shoote dans le cocktail explosif, de façon à l’expulser dehors. Bingo, la bouteille continue son épopée sous la pluie.

Sauf qu’il est déjà trop tard. La cabane a déjà commencé à prendre feu. Les filles sont complètement paniquées. L’une crie en boucle « on va mourir, on va mourrrrriiiiirrrrr », l’autre se confond en excuses. J’essaie de mon côté de rester calme. Dans un premier temps, nous essayons tant bien que mal d’éteindre le feu avec nos bouteilles d’eau. Échec cuisant. Ok, qu’est-ce qu’on fait ? La bouteille de gaz de 30L. La bouteille de gaz de 30L. La bouteille de gaz de 30L. Si elle explose, on meurt. Je leur ordonne de sortir du cabanon et de foncer vers la voiture. Je sauve leurs sacs à main et les rejoins dans le véhicule. Que je démarre en trombe, à la Fast and Furious.

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Le temps de se garer vingt mètres plus loin, on entend les vitres, les bouteilles de verre et les petites bouteilles de gaz qui explosent. On aperçoit le toit qui s’écroule. On appréhende le final. La bonbonne. Mais rien.

J’appelle les pompiers. La pote de ma copine aussi. Personne ne répond. On traverse la route pour demander de l’aide aux voisins. Eux aussi, se mettent à les contacter. Jusqu’à ce qu’ils répondent enfin ! Eureka, ils arrivent d’ici 10-15 minutes. Juste le temps qu’il aura fallu pour que le cabanon s’écroule sur lui-même. On attend toujours le bouquet final. Mais toujours rien.

Nos affaires sont carbonisées, le réfrigérateur et mes baskets ont complètement fondu. Il n’y a rien à récupérer à part à peine trois assiettes et deux couverts.

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Ils arrivent. Éteignent le feu et bandent le poignet de la pote de ma copine. L’heure du bilan a sonné. Tout a brûlé, il ne reste rien. Enfin si, il reste la valise de la fameuse pote. Elle est intacte. C’est tout. Pour le reste, rien. Nos affaires sont carbonisées, le réfrigérateur et mes baskets ont complètement fondu. Il n’y a rien à récupérer à part à peine trois assiettes et deux couverts. On est sous le choc. Et pour la bonbonne ? « Butagaz a bien bossé son truc », nous expliquent les pompiers. « Les bouteilles de gaz de ce gabarit sont sécurisées et ne risquent pas d’exploser ».

Ils repartent. On est toujours sous le choc. Sympas, les voisins nous filent à manger et nous déplient une tente dans leur jardin pour que l’on puisse se reposer pour ce qu’il nous reste de la nuit. Il pleut toujours beaucoup. La tente est mal imperméabilisée. On est trempé. C’est la pire nuit de ma vie.

Je suis très énervé. Je lui avais dit de faire ça dehors. En plus, ma copine m’avait averti en amont : « Cette fille, c’est miss catastrophe, le moindre truc qu’elle touche se casse ». Un tableau qui ne m’avait pas spécialement emballé, mais ma copine avait insisté pour qu’elle nous rejoigne. J’ai donc cédé. Soit, qu’elle vienne avec nous. J’aurais dû m’abstenir.

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Au petit matin, je franchis la pluie battante pour la déposer à la gare. De notre côté, nous prévoyons avec ma compagne de nous diriger chez ses parents, au Mans, pour débriefer du malheureux événement, parler assurance et remplir la paperasse. Un rapide au revoir glacial à la copine donc, avant de prendre la route. Son train démarre. La pluie s’arrête d’un coup. Grand soleil jusqu’au Mans…

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Ce texte a d’abord été publié sur URBANIA.fr.

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