Logo

L’Halloween au temps des Calinours

La planète « safe space » n’existe pas. Désolé de vous l’apprendre.

Par
Éric Duhaime
Publicité

Certain.e.s (c’est-tu comme ça l’écriture épicène ?) maires et mémères (OK, calmez-vous, pépères aussi, mais ça scrap mon jeu de mots) reportent l’Halloween parce qu’il va pleuvoir et venter ce soir dans certaines villes.

J’ai toujours pensé qu’à l’Halloween, on avait peur des morts, des fantômes ou des sorcières. Ça, c’était avant 2019. Maintenant, c’est la pluie, le froid ou le vent qui effraient le 31 octobre. Woooo!!!! (bruit de fantôme. Appropriation paranormale, je sais.)

On est plusieurs à être tombés sur le cul hier en apprenant que des élus municipaux peuvent tripoter les dates de fêtes comme Patrick Bruel tripote les massothérapeutes.

On est plusieurs à être tombés sur le cul hier en apprenant que des élus municipaux peuvent tripoter les dates de fêtes comme Patrick Bruel tripote les massothérapeutes. Faudrait pourtant pas être si surpris. C’est tellement symptomatique de notre époque et ça en dit long sur la dérive d’une certaine bien-pensance.

Publicité

Quel message envoie-t-on aux enfants? On leur dit que devant un obstacle ou une difficulté (la pluie et le vent là, pas la famine et la guerre), eh bien, on abandonne. Ne confronte pas l’adversité.

Et si Environnement Canada se trompe ce soir (ça arrive…) et que le mauvais temps arrive en retard, on fait quoi? On poursuit Mère Nature? (Père Nature ou Parent 1 Nature si vous préférez!)

Traitez-moi de vieux ringard si ça vous plaît (ou d’autres affaires, je vous fais confiance), mais je trouve cette décision de reporter une fête officielle totalement stupide et moumounesque. (J’ai l’droit de faire des jokes de fifs parce que j’en suis un. J’ai même écrit un livre qui dit que je suis le dernier.)

Le succès (ou dans ce cas-ci une Kit Kat), ça se gagne, ça se mérite.

Il faut se mouiller, faire face au vent contraire et prendre des risques pour l’atteindre. Plus ces embûches sont importantes et plus notre accomplissement est méritoire, plus le goût de la victoire ou des bonbons enivre.

C’est quoi cette volonté de toujours vouloir dorloter sa progéniture dans la ouate, toute sa vie? On ne rend pas service aux Calinours en agissant de la sorte.

Demandez-vous pas pourquoi on retrouve ensuite autant d’enfants-rois en train de faire la crise du bacon dans les allées du Provigo, pourquoi la consommation de pilules grimpe en flèche chez les plus jeunes et pourquoi on diagnostique autant de cas d’anxiété en bas âge. La surprotection affaiblit, selon moi.

Publicité

La vie n’est pas faite que de licornes et de lunettes roses (ça, c’est juste bon pour les cover de mes textes dans URBANIA).

L’Halloween ne sera jamais le premier samedi ensoleillé de mai, entre 14h et 17h, pendant que toutes les rues sont interdites à la circulation, que tout le monde est à la maison, avec une grosse citrouille sur le perron (magnifiquement décorée), à distribuer de généreuses friandises véganes et hypoallergènes.

Ben non. Il fait frette, y mouille, une porte sur deux ne répond pas pis ton voisin tannant veut te faire chanter une chanson avant de te donner un maigre « clennedake » (de la tire Sainte-Catherine).

Dounours, Curiours et Gailourson sont des personnages fictifs, à cent lieues de notre réalité. À un moment donné, faudra le dire aux bouts de choux.

Que vous le vouliez ou non, un jour, votre pitchounette va échouer à un test à l’école, un gars va la revirer de bord et un employeur potentiel en préférera une autre. Pire, elle lira par accident une de mes chroniques, même si elle a une sensibilité de gauche. Hou!!! HORREUR!!

La planète « safe space » n’existe pas. Désolé de vous l’apprendre.

Quand un athlète remporte une médaille aux Olympiques, c’est parce que des milliers d’autres ont échoué. Quand une entreprise entre en bourse et engrange les millions, des dizaines d’autres déclarent faillite.

Publicité

Et nous sommes plusieurs à souhaiter qu’elle n’existe jamais. Quand un athlète remporte une médaille aux Olympiques, c’est parce que des milliers d’autres ont échoué. Quand une entreprise entre en bourse et engrange les millions, des dizaines d’autres déclarent faillite. Quand un député est élu, les autres candidats perdent. Quand tout le monde gagne une médaille d’or, c’est que celle-ci ne vaut plus rien.

Ce qu’il faut apprendre aux enfants, ce n’est pas à éviter de se mesurer aux autres ou à ne pas faire face aux aléas de la nature. C’est plutôt à viser l’excellence et à leur donner tout l’amour et le support nécessaires pour affronter vents et marées. Affronter l’Halloween à la pluie battante.

Soyons fiers de leur détermination et disons-leur qu’on est impressionné par leur force de caractère, mais arrêtons au plus sacrant de les matantiser (mononcliser aussi fonctionne, calmez-vous).