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L’été, ça coûte cher aux parents

Camp de jour, vacances, épicerie… Cet été, l’inflation n’épargne rien ni personne, surtout pas les familles. Surtout qu’à ce moment de l’année, les parents peuvent débourser gros, sans nécessairement faire plus de sous. 

Par
Laurence Niosi
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Lucile a dû faire des sacrifices, cette année. L’été, la mère de 37 ans avait l’habitude d’inscrire sa fille de 8 ans dans des camps spécialisés, mais en raison des hausses de prix, elle s’est tournée vers les camps associatifs ou municipaux, qui sont moins chers.

Les camps spécialisés peuvent coûter jusqu’à 500$ par semaine, auxquels il faut ajouter un supplément pour le service de garde, qui peut s’élever jusqu’à 40$.

« On a aussi choisi de ne plus prendre le service de garde [cette année] », dit la Montréalaise qui vit à Ahuntsic avec son conjoint et son fils dont il a la garde partagée.

La famille a également réduit ses dépenses en restaurants, en sorties culturelles, et en épiceries. Elle se permet « une ou deux grosses sorties », comme à La Ronde, mais elle se procure dorénavant le passeport saison (à partir de 82,99 $ au prix régulier) lors des soldes du Vendredi fou.

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« J’ai un bon salaire et je me considère privilégiée, mais comme tout le monde, je subis l’inflation de plein fouet et je dois faire attention à mes dépenses », dit cette gestionnaire de projets en marketing.

En 2021, au Canada, l’inflation annuelle a atteint son sommet le plus élevé en 30 ans. De juin 2021 à juin 2024, le prix des aliments achetés en magasin a augmenté de 21,9 %, selon Statistique Canada. L’inflation se fait aussi sentir sur les transports, les logements… et les camps de jour (qui doivent aussi composer avec une pénurie de main-d’œuvre).

Un peu partout dans la province, on rapporte des hausses de tarifs des camps de jour, allant de 2 % à 163 % pour la municipalité de Sainte-Brigitte-de-Laval, près de Québec.

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À Mont-Tremblant, une hausse de 196 % du camp d’été a provoqué une levée de boucliers des parents et poussé la municipalité à faire marche arrière.

Les familles font désormais face à une nouvelle réalité qui les pousse à revoir leur budget et à faire des choix.

Le casse-tête des camps

Cette année, Elena Olvera a dû couper « dans tout », elle aussi : sorties, restaurants, voyages… Si la maman de 40 ans avait l’habitude de visiter régulièrement sa famille au Mexique avec ses deux enfants, elle n’y va plus depuis trois ans.

« Je ne peux plus me payer trois billets d’avion aussi régulièrement. C’est terminé », dit-elle. Sur Air Transat, le prix d’un seul billet vers le Mexique en saison haute commence à 600$. Pour une famille de trois, il faudra donc débourser plus de 1800$ pour ce voyage.

« On ne fait plus de sorties : pas de cinéma, pas de café pour maman dans une chouette place, pas de restaurant. »

« Je fais énormément attention aux dépenses de ces petits “extras” pour payer le camp de jour de quatre semaines. cet été », renchérit-elle.

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Cette année, Elena envoie son garçon de 10 ans dans un camp à thématique médiévale dont il rêvait depuis longtemps, une dépense de 800$ pour deux semaines. Elle a également réussi à inscrire sa fille dans un camp communautaire à 125$ la semaine, mais cette année, « les inscriptions étaient limitées à une semaine [par famille] », déplore la résidente de Rosemont.

Au final, ce sont beaucoup de dépenses qu’elle doit assumer seule, avec un revenu annuel de 25 000$. La photographe, qui travaille à son compte, ne reçoit d’aide ni du père de son fils ni de son conjoint et père de sa fille de 5 ans. Et depuis qu’elle vit avec son conjoint, elle n’a plus droit à certains crédits d’impôt dont elle bénéficiait en tant que mère monoparentale célibataire, déplore-t-elle.

Elena se demande si, dans les prochaines années, des choix draconiens ne risquent pas de s’imposer, la forçant à carrément abandonner les camps de jour. « Je pourrais garder [les enfants] à la maison et prendre congé. Peut-être que nous pourrions aller au parc ou à la piscine publique. »

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