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Les vols d’Alexi reprennent leur voyage
Ça ne s’invente pas : c’est un vendredi 13, en 2020, que des milliers de Québécois.es ont reçu le courriel qui sonnait le glas pour leurs plans de vacances. Alexi Roy, fondateur des Vols d’Alexi, annonçait qu’il suspendait temporairement ses services.
Il aura fallu attendre plus de 30 mois avant de recevoir une autre de ses offres d’aubaines spectaculaires sur des vols vers certaines des destinations les plus prisées des voyageurs et voyageuses. Ce n’est bien entendu pas lui qui fait les règles, mais pour plusieurs personnes, la reprise du service marque la fin d’une ère qui nous a contraint.e.s à rester chez nous.
La nature reprend ses droits : Alexi reprend ses vols. Mais qu’est-ce que le jeune entrepreneur a fait de sa pandémie?
Pour Alexi Roy, la pandémie a commencé quelques mois avant son dernier courriel. Il observait déjà des tendances d’avertissement aux passagers et passagères quant à un nouveau virus qui circulait, et des vols étaient annulés.
Tout cela ne sentait pas bon pour l’entreprise que le programmeur originaire de Québec avait démarrée un peu moins de deux ans plus tôt, en 2018. C’est sur une plage à Bali, avec peu d’argent dans son compte en banque et 15 jours de vacances devant lui qu’Alexi s’est mis à chercher le vol le moins cher vers une destination excitante. Pour moins de 100 $, son meilleur ami et lui ont trouvé des billets pour Londres. De retour au Québec, Alexi a commencé à programmer des bots qui permettent de repérer ce qui est essentiellement des erreurs des compagnies aériennes.
« Ce n’était même pas censé être une compagnie », se rappelle en riant Alexi, en visioconférence de chez lui, à Québec. « C’est ce que je trouve le plus beau avec l’entrepreneuriat : quand quelqu’un essaie trop d’avoir un certain projet et d’en faire une business, c’est souvent là que ça ne fonctionne pas. Nous, c’était juste un trip de deux gars qui ne savaient pas où aller en voyage! J’ai toujours été comme ça, je suis du genre à sauter de projet en projet, d’idée en idée. Ç’a juste adonné que celle-là a bien résonné avec les Québécois. »
Profiter de la pause forcée
Très vite, la petite idée a grandi. Plusieurs fois par mois, les abonné.e.s Premium aux services d’Alexi reçoivent des alertes pour des billets d’avion à prix ridiculement bas. En moyenne, les client.e.s sauveraient 550 $ par billet d’avion selon l’entrepreneur, ce qui est bien au-delà de la plupart des promotions offertes par les compagnies aériennes. Au-delà de simples baisses de prix, les bots d’Alexi repèrent les erreurs, qui sont relativement communes dans l’industrie.
« Ce qu’il faut savoir, c’est que derrière ces grosses machines-là, les sites de réservation de compagnies aériennes, il y a des humains, souligne Alexi. Peut-être que vendredi soir, ces humains-là sont allés prendre un verre de trop, et le samedi matin quand ils arrivent à la job, ils rentrent 150 $ plutôt que 1500 $. Ils ont simplement oublié un zéro. La plupart des erreurs sont manuelles et humaines. »
Le 13 mars 2020, lorsqu’Alexi a décidé de suspendre ses activités, son infolettre comptait plus d’un million d’abonné.e.s des deux côtés de l’Atlantique, avec des vols à départ de Montréal, Québec et Paris. L’Asie, qui, avant la pandémie, recelait de destinations abordables, était en alerte rouge.
« Au début [de la pandémie], on envoyait moins de vols vers l’Asie, il y avait de plus en plus de destinations où les gens ne pouvaient simplement plus aller, raconte-t-il. Alors j’enlevais des vols de la liste, et ça finissait qu’on rétrécissait un peu trop la banque de destinations. Donc à la mi-mars, avec tous les points d’interrogation, j’ai décidé de mettre le service à pause. »
Cette pause forcée s’est avérée positive pour l’entreprise, qui a grandi très vite et dont les systèmes n’étaient pas à leur summum. Il faut aussi dire que pour l’instant, la survie de l’entreprise dépend entièrement de ses abonnements payants. Elle ne reçoit aucune cote de la part des compagnies aériennes pour ses recommandations.
« Ce que la pandémie m’a permis de faire, c’est de repenser ma plateforme, mentionne Alexi. Changer tous les logiciels, faire des mises à jour. Quand j’ai lancé le service, ç’a décollé tellement rapidement que j’ai dû tourner un peu les coins ronds, en termes de programmation. »
« Je voulais solidifier mon engin, j’ai affuté tous mes outils, poursuit-il. Mon système n’a jamais été aussi puissant, les aubaines que je trouve sont incroyables. C’est trois fois mieux que ce que j’avais dans le temps, parce que j’ai eu le temps de programmer les choses comme je voulais. »
Effectuer un retour en force
En plus d’être bénéfique pour le jeune entrepreneur en série, le temps de répit a été utile pour l’industrie globale du tourisme, dont la plupart des systèmes étaient archaïques selon Alexi. Des mises à jour, des changements de fournisseurs, de nouveaux logiciels : le tourisme s’est refait une beauté! Ce sont surtout ces changements qui ont gardé Alexi occupé durant les deux dernières années.
« Il est arrivé à un moment que tous mes robots arrêtent de fonctionner, parce que tous les moteurs de recherche et les compagnies aériennes ont changé leurs systèmes. Donc il fallait que je fasse une veille constante de ça, pour mettre mes robots à jour. Ç’a pris beaucoup de temps et d’adaptation, je n’aurais pas pu commencer à faire ça un mois avant de relancer le service, parce que ç’a été des adaptations incrémentales. »
Devenu une référence dans le monde du voyage, Alexi s’est rendu disponible pour les journalistes qui avaient des questions sur l’industrie pendant la pandémie. En arrière-scène, son équipe et lui ont aussi continué de répondre aux questions générales que les gens avaient sur le voyage, surtout ceux qui souhaitaient malgré tout voyager. Tout au long de la pandémie, les courriels ont continué de rentrer.
Ce fut aussi deux ans de faux départs. À chaque nouvelle levée de restrictions, l’entreprise se demandait si c’était le bon moment de redémarrer la machine. Et chaque fois, une nouvelle vague de COVID-19 surgissait et faisait tomber à l’eau les plans des Vols d’Alexi. « Là, [récemment], j’avais assez de lumières vertes d’allumées qui me disaient que le timing était bon. Et la réponse est malade, je savais que les gens avaient hâte de retourner en voyage, mais je ne m’attendais vraiment pas à ça. Les retours que je reçois sont tellement positifs! »
Le but premier de l’entreprise dans l’immédiat est de restructurer son fonctionnement et de s’assurer que tout roule bien et que ses systèmes sont optimaux. Ensuite, Alexi souhaite redémarrer son service à Paris, qui est son deuxième plus gros marché, avec autant d’abonné.e.s qu’au Québec.
« C’est complètement différent là-bas, les vols sont tellement une commodité à l’intérieur de l’Europe, il n’y a pas tant de deals. Les aubaines de Paris vers l’international sont toujours populaires. Il y a aussi une question de volume et de visibilité, étant un marché potentiel beaucoup plus gros. Les allers-retours de Paris à [la ville de] Québec sont très prisés, tout comme ceux vers les DOMTOM, puisque ça leur permet en quelque sorte de “rester” en France. »
Les confinements consécutifs ont également fait réfléchir l’équipe aux différentes manières dont l’entreprise pourrait grandir. Un magazine, des assurances-voyages, des partenariats avec des influenceurs et influenceuses; tout est encore possible pour Alexi et ses vols!