En tant qu’adepte de plein air, vous avez sûrement déjà caressé l’idée d’aller planter des arbres dans l’Ouest canadien. Et si ce n’est pas le cas, vous connaissez probablement quelqu’un qui en a déjà rêvé ou même qui y est allé.
De dures journées de labeur dans un décor digne d’un film de Peter Jackson qui se terminent par une belle liasse de billets et un feu de camp en compagnie de ses comparses crotté.e.s de bouette, c’est le genre de scène qu’on s’imagine généralement en pensant à cette expérience. Mais entre le rêve et la réalité, il peut y avoir une forêt de différences.
Afin de vous donner l’heure juste sur cet emploi saisonnier qui en attire plus d’un, on a demandé à Antoine Moses, un Gaspésien de 22 ans, qui est en lice pour battre le record Guinness du plus grand nombre d’arbres plantés en 24 heures, de nous donner ses meilleurs conseils.
Un corps et un moral d’acier pour planter
Bon, c’est sûr que, contrairement à Antoine, il ne faut pas vous attendre à planter entre 7000 et 9000 par jour dès votre première saison. En effet, le Gaspésien est loin d’en être à ses premiers trous de pelle. «Ça fait 6 ans que je fais ça chaque été. J’ai commencé en Gaspésie avec le contact d’un ami et j’ai trippé. J’ai passé les étés suivants majoritairement en Colombie-Britannique et en Alberta», raconte le planteur hors pair.
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«Il faut se dire qu’on doit être assez en forme pour courir au minimum un 5 à 10 kilomètres par jour non-stop. Dans une journée, on perd entre 5000 et 7000 calories, ce qui équivaut à peu près à un 21 kilomètres de course».
S’il a appris une chose au cours de ses centaines d’heures à se pencher à chaque mètre pour reboiser des territoires immenses, c’est qu’une bonne forme physique est de mise. «Il faut se dire qu’on doit être assez en forme pour courir au minimum un 5 à 10 kilomètres par jour non-stop. Dans une journée, on perd entre 5000 et 7000 calories, ce qui équivaut à peu près à un 21 kilomètres de course. On se penche et se relève constamment et on fait des milliers de pas tous les jours. Je ne le cacherai pas, c’est un effort physique extrême», confie sans détour le vingtenaire originaire de Carleton-sur-Mer.
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Outre avoir un bon cardio et une bonne endurance physique en général, Antoine conseille de faire des sessions de «musculation légère» (push-ups, crunchs, squats, etc.) quelques fois par semaine dans les mois précédant le départ pour être au top de sa forme. «De mon côté, je fais quasiment juste du ski hors piste l’hiver et ça me prépare assez bien pour la saison de planting. Ça fait travailler autant le cardio que les muscles des cuisses, les bras et le dos. Cela dit, il n’y a pas de “formule gagnante” quand on fait du planting. Il faut juste laisser le temps à son corps de s’habituer», explique le Gaspésien au bout du fil.
«il n’y a pas de “formule gagnante” quand on fait du planting. Il faut juste laisser le temps à son corps de s’habituer»
D’ailleurs, si certains considèrent leur journée de plantage comme une job éreintante et répétitive, il en est tout autrement pour Antoine. «Mon truc, c’est de le voir comme une épreuve sportive et non un travail. Ça me motive à me préparer adéquatement pour la journée et ça stimule mon mental d’une manière différente. Je me dis que je vais avoir du fun et je me mets des objectifs. Je serais même prêt à dire que ça me donne une longueur d’avance sur les gens qui voient ça comme une corvée», estime Antoine, qui avoue ne pas boire d’alcool, prendre beaucoup de repos, manger et s’hydrater abondamment et même faire du yoga pour détendre ses muscles durant ses mois de planting.
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S’équiper pour planter tard
Vu que planter des arbres dans ces conditions implique de passer des heures et des heures les deux pieds dans la boue, au beau milieu de nulle part et seulement accompagné des bruits de moustiques comme trame sonore, il peut être tentant d’aller à la première friperie venue pour s’équiper en vêtements qui finiront inévitablement en guenilles. Grave erreur, selon Antoine. «Pour l’avoir fait, je conseille fortement aux gens qui souhaitent faire du planting d’investir un peu plus d’argent pour avoir un bon équipement. Quand on atteint un certain niveau de rapidité, du linge cheap peut rapidement irriter la peau et carrément assombrir son expérience».
il peut être tentant d’aller à la première friperie venue pour s’équiper en linge qui finira inévitablement en guenille. Mais c’est une grave erreur.
Comme pièces indispensables, le pro du plantage estime qu’un gilet à manches longues (avec un capuchon de préférence, comme les chandails d’escalade), de bons gants de travail (comme ceux pour le jardinage), un chapeau, des pantalons de randonnée et des bottes de marche de qualité sont de mise. «On passe des centaines d’heures au soleil et on est assailli de bibittes donc c’est important d’avoir la majorité du corps recouvert», complète Antoine, qui conseille également d’appliquer un bon chasse-moustique avant de commencer sa journée même si on est habillé en long.
Un autre achat fort utile selon lui: une tente de bonne constitution si on s’apprête à dormir en nature pendant quelques mois. «J’ai déjà vu des tentes partir au vent durant des tempêtes parce qu’elles n’étaient pas assez solides. Je comprends qu’on ne veuille pas nécessairement investir beaucoup d’argent là-dedans si on ne compte pas faire beaucoup de camping dans une année, mais quand on sait que ça va être notre petit havre de paix pendant des mois après des grosses journées, ça vaut la peine d’augmenter un peu son budget».
Le dernier conseil d’Antoine, mais non le moindre: «Faites attention aux animaux. Dans ces coins de pays, il n’est pas rare de croiser des ours. Il faut être vigilant et être conscient de ce risque en travaillant».
Sur ce, on souhaite bonne chance et bon plantage à tous ceux et celles qui braveront les intempéries de Mère Nature pour renflouer ses stocks en arbres!