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Les revenus du cannabis sont moins trippants que prévu pour le gouvernement Trudeau

Des projections optimistes qui partent en fumée.

Par
Alexandre Perras
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Le buzz entre le gouvernement fédéral et le cannabis n’est peut-être pas aussi fort que prévu, monétairement parlant.

Le gouvernement s’attendait à récolter 100 millions de dollars revenus avec le cannabis en 2020, mais Ottawa s’est ravisé et estime maintenant que la récolte tournera plutôt autour de 66 millions de dollars.

En 2018-2019, soit le premier exercice financier suivant la légalisation, le gouvernement a pu prélever 18 millions de dollars de revenus sur le cannabis, en dépit de ses attentes de 35 millions de dollars.

Les revenus fédéraux

Les revenus proviennent des taxes d’accise spécifiques aux produits perçus par Ottawa qui correspondent approximativement à 1$ par gramme, ainsi que la taxe fédérale générale sur les biens et services.

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D’ailleurs, avant la légalisation les gouvernements fédéral et provinciaux se sont entendus sur une division des revenus des taxes sur le cannabis de la façon suivante : 75% de l’argent perçu allant aux provinces et le 25 % restants à Ottawa.

La marque de 100 millions de dollars de revenus avait aussi été imposée comme revenu maximum pour le fédéral durant les deux premières années suivant la légalisation.

Mais comme vous avez pu le lire plus haut, ce point n’aura pas servi à grand-chose! Oups.

Alors pourquoi?

Dans le quotidien National Post, l’attaché de presse du ministre des Finances Bill Morneau mentionne que plusieurs facteurs ont pu contribuer à la baisse des prélèvements fiscaux.

« Le volume des ventes et l’offre disponible contribuent aux revenus de la taxe d’accise. Les provinces sont responsables de la distribution, de l’octroi de licences et de la supervision de la distribution et de la vente de cannabis », a-t-il écrit.

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À titre d’exemple, l’Ontario, qui est le plus gros marché canadien pour le cannabis avec un total de 217 millions de dollars en ventes au détail entre octobre 2018 et septembre 2019, n’a ouvert son premier magasin qu’en avril 2019, six mois après la légalisation. Un scénario causé notamment par les difficultés d’accessibilité à la marchandise.

L’Alberta et le Québec ont pour leur part dû réduire les jours d’ouverture en raison des pénuries de cannabis, et ce, pendant plusieurs semaines.

Pis au Québec, les buzzés?

L’arrivée du cannabis légal au Québec a été pour le moins cahoteuse : pénuries, heures d’ouverture réduites, cannabis plus dispendieux que celui illégal, conflits entre les paliers gouvernementaux sur la réglementation…

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L’arrivée au pouvoir de la CAQ, qui affirmait vouloir serrer la vis concernant l’accès au cannabis, n’aura d’ailleurs probablement pas facilité l’envol du marché du cannabis.

Avec son projet de loi 2 adopté en novembre 2019, le gouvernement Legault a interdit la consommation de cannabis dans les lieux publics, repoussé l’arrivée des produits comestibles au 1er janvier 2020 et rehaussé l’âge légal pour sa consommation et son achat de 18 à 21 ans.

D’ailleurs, il était projeté que la décision du gouvernement Legault de limiter la vente de produits comestibles (friandises, chocolats, boissons, etc.) ou topiques (crèmes, huiles, lotions, etc.) allait se traduire par des pertes de revenus annuels de 300 millions de dollars pour l’industrie du cannabis, et par le fait même, des pertes de revenus pour Ottawa et Québec.

À ce jour, 33 succursales de la SQDC sont opérationnelles à travers le Québec. La société affirme pouvoir augmenter ce nombre à 40 d’ici mars prochain. Rappelons qu’en 2018, l’idée était d’ouvrir jusqu’à 150 succursales dans la province en cinq ans.

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Le Québec arrive malgré tout en troisième position pour le total des ventes au détail des magasins de cannabis avec 195 millions de dollars pour le premier exercice financier suivant la légalisation.

La suite

Cette arrivée trouble du cannabis au pays ne se traduit pas seulement par des revenus décevants pour le gouvernement Trudeau. « Plusieurs » entreprises pourraient disparaître d’ici la fin de l’année 2020.

En entrevue avec Radio-Canada, « un associé responsable du secteur du cannabis chez Deloitte Canada, estime que plus d’une douzaine d’entreprises se retrouveront à court d’argent dans les six à douze prochains mois, sans vouloir donner d’exemples précis. »

En décembre, deux entreprises canadiennes se sont déjà mises à l’abri de leurs créanciers. La plupart des autres entreprises ne seraient pas vraiment rentables. Les investisseurs sont plus froids que jamais après avoir réalisé que plusieurs des audits comptables de l’industrie du cannabis étaient trop hallucinants pour être vrais…

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Les producteurs de cannabis voient peut-être une lueur d’espoir en Ontario, où le gouvernement a décidé de supprimer la limite du nombre de magasins de cannabis dans la province et d’alléger les exigences de qualifications pour les potentiels détaillants.

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