C’tait la fête des p’tits. En fin de semaine. On peut encore les fêter en même temps. Un moment donné le deux jours de différence devra ben être respecté. Mais là, on profite encore de leur douce innocence pour concentrer la chose en un moment. Fa’que party de pirates pour tout le monde en même temps, ç’a été.
À chacun de leur anniversaire, j’en ai pour la journée à être beaucoup trop sentimentale et nostalgique et à avoir les lèvres qui ont envie de trembloter sans arrêt. De l’instant où ils débarquent dans mon lit à celui où je les borde dans le leur. Je les regarde pis je les trouve grands avec leurs phrases complètes, leurs idées, leurs revendications, leurs pieds pis leurs mains qui s’approchent des miens, en grandeur. Un jour, même pas si loin, y vont me dépasser en hauteur de corps aie-je eu en pleine face, cette année. Je mesure le temps qui a passé et que je n’ai pas vraiment vu, même si j’y étais. On te répète souvent « Profite s’en, ça passe vite. », tu hoches alors de la tête gentiment avec un sourire poli, tu te dis « Ouais, ouais ». Notamment parce que c’t’un peu flou ce dont tu devrais profiter. Leur sourire, leur odeur, leur drôle, ces fois où tout est plein. L’affaire, c’est que ces choses sont souvent camouflées ou reléguées un peu derrière les cris, les crises, les demandes, la gestion, la répétition. Kessé qu’on mange pour souper avez-vous brossé vos dents il est où ton doudou ton gobelet frappe pas ton frère. Le quotidien quand on le laisse aller, y jette un peu un voile sué affaires. Ce n’est pas mal en soi, c’est juste que par temps de fête, quand ledit voile flacotte because le souffle des chandelles, tu fais un peu le saut. Un beau saut, par exemple.