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Aujourd’hui, est un matin «Kaïn». J’écoute «Mexico, n’importe quel paradis, Mexicoooooooo». Ça me fait du bien. Je souris.
Pour certains, c’est Éric Lapointe ou Okoumé, moi c’est Kaïn. Une grosse couverture chaude au bord du foyer, une belle assiette fumante de spagat’ aux tomates, un vieux t-shirt qu’on traîne depuis le secondaire. Kaïn c’est ça: du réconfort. Je n’ai pas d’histoire absolument rocambolesque à raconter, mais j’ai envie de vous prendre par la main et vous faire une petite visite guidée de notre quotidien.
Puerto Escondido, Oaxaca (Mexique)
C’est notre deuxième matin ici. Je suis présentement assise à observer la vie qui s’éveille au bord du Pacifique. Les pêcheurs sont au large, leurs familles les attendent sur la plage. Ils reviennent avec des poissons qu’ils font peser chez le poissonnier, derrière chez qui nous sommes «campés» (je mets des guillemets parce que «stationnés» serait plus juste) depuis deux jours.
Poissonnier de plage=une toile verte suspendue accrochée à quatre palmiers, des congélateurs rouillés par l’air marin, cadenassés, remplis de glace et de poissons et une planche à découper qui sert à tout: nourrir les mouches, vider les poissons, préparer les filets.
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Vue directe sur la poissonnerie de plage, odeur et barbelés inclus dans le package.
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Pas le meilleur spot ever.
Hier, on est arrivés à Puerto Escondido après sept heures ardues de routes en spaghettis (mais moins réconfortants ceux-là). Sept heures pour rouler 280 kilomètres, c’est du sport.
«Vous avez dû vous arrêter en chemin pour manger et profiter de la vie, du paysage, rapporter des tas de photos?» Désolée, cher «voyageur-par-procuration-qui-s’approprie», mais on ne s’est pas arrêtés en chemin. On a sacré, on a sursauté, on a gueulé, mais jamais autant qu’on a sué.
Il fait 38 degrés dehors et c’est vraiment super. Il fait 52 à l’intérieur et c’est un peu plus pénible. Merci au moteur non isolé qui fait bouillonner le cockpit jusqu’à m’en brûler littéralement la plante des pieds, si j’accroche la coque en plastique.
On pourrait utiliser la clim’ à temps plein, mais j’ai un malaise à me couper du monde extérieur, les fenêtres levées, comme si on était mieux que les Mexicains qui eux, ont les fenêtres ouvertes 12 mois par année. Déjà qu’on en impose avec John, Mel&Camper, déjà qu’on les regarde de haut (littéralement, le truck est plus haut que leurs voitures) assis dans nos gros fauteuils de gros truck.
Pourquoi je paierais pour un lit double, pas de salle de bain, pas de toit étanche (allô les coquerelles!) et pas de cuisine, alors que j’ai tout ça, dans le truck, en mieux?
Notre arrivée à Puerto Escondido est aussi houleuse que le trajet: on ne trouve pas de place où se parker. Les hôtels qui accueillent normalement des campeurs ne veulent pas de nous. Ils veulent nous louer des chambres, au même prix que nous coûterait le stationnement.
En vérité, les chambres n’accotent pas la van! Pourquoi je paierais pour un lit double, pas de salle de bain, pas de toit étanche (allô les coquerelles!) et pas de cuisine, alors que j’ai tout ça, dans le truck, en mieux?
Gloire à mon lit king size dans le camion. Oui oui, king size! Un phénomène non expliqué fait en sorte qu’il pousse trois bras et quatre jambes à mon chum durant la nuit. Dormir dans un lit double c’est donc se résigner à l’insomnie pour toute la vie.
On leur propose de payer le prix d’une chambre, mais d’utiliser seulement le stationnement. Ils refusent. Yeah. Merci.
On trouve enfin le seul camping de la place, d’où j’écris en ce moment. Quand on finit par se poser, après ce genre de journée, on se sent comme des larves (même texture corporelle, même énergie).
Je devrais, je devrais, je devrais
Hier j’ai passé la majeure partie de la journée et de la soirée en bobettes, couchée dans mon lit king à lire un livre sur Raël (on ramasse ce qu’on peut comme lecture sur la route). Antoine regardait le Canadien à Philadelphie et si je me fie à ses élans de joie, c’est une game excitante (vive les cartes SIM mexicaines).
Mon camion, ma petite bulle de sécurité. Lâche, je ne suis presque pas sortie de la journée. C’est comme ça. Et je ne suis pas super fière. Pas de mon choix de livre, mais de ma journée.
Et là, comme ça, bang, de plein fouet, elle s’abat sur moi: la maudite culpabilité du voyageur. JE DEVRAIS aller courir sur la plage. JE DEVRAIS aller goûter aux vagues. JE DEVRAIS écrire un post sur On est où?, ça fait longtemps que je n’ai pas donné de nouvelles. JE DEVRAIS emmagasiner tous ces moments dans le Pacifique et garder cette précieuse énergie enivrante dans une bouteille vide de kombucha que je snifferais allégrement lors des jours de spleen montréalais.
On n’est pas en vacances, on est en voyage
«Quand t’es à Montréal, vas-tu sur le mont Royal tous les jours? Non? Ben c’est ça.» Voici le genre de raisonnement groundé de mon chum. «Tu termineras ton article pour URBANIA demain, ce soir je te sors, on va en profiter, tu vas voir.»
Sortir à Puerto Escondido c’est aller se promener sur la rue principale, devenue piétonnière le soir venu. Là où tous les vendeurs d’artisanat s’installent et vendent le fruit de leur labeur.
Deux margaritas plus tard, ça va beeeeeeeeaucoup mieux! Je profite de la vie, je profite du Mexique, je profite du village, je profite, je profite, te dire combien je profite!
On en profite pour s’accrocher les pieds dans un bar de trottoir. On observe la scène nocturne. On laisse filer le temps. Deux margaritas plus tard, ça va beeeeeeeeaucoup mieux! Je profite de la vie, je profite du Mexique, je profite du village, je profite, je profite, te dire combien je profite!
On rencontre Julio, artisan du Salvador qui habite maintenant à Puerto Escondido. On lui achète deux bols de terre cuite qu’il a peinturés lui-même. Je lui demande de les signer et il trouve ça bien drôle.
On s’amuse, c’est facile. C’est léger. Pis c’est ben parfait de même.
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Julio qui signe son œuvre.
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Deux bols et deux margaritas. Parfait combo pour remonter le moral.