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Les pauses au travail, quel beau sujet polarisant qui peut causer bien des maux de tête à beaucoup de gens. Des pauses trop longues, trop courtes. Des pauses inexistantes.
C’est pourtant plutôt simple, le concept de la pause.
C’est pourtant plutôt simple, le concept de la pause. Aussi appelée pause-café, repos, moment de relaxation, chillage, pas mal tout le monde est capable d’expliquer ce qui fait qu’une pause est une pause.
Mais dans les faits, comment ça marche, une pause?
Ce que la loi dit
La Loi sur les normes du travail stipule qu’un salarié a droit à une période de repas d’au moins 30 minutes, sans salaire, à la suite d’un bloc de cinq heures consécutives travaillées. Et si vous ne pouvez pas quitter votre poste de travail, cette période doit être payée.
Pour ce qui est des pauses, les plus petites, là, on parle de 5-10-15 minutes, eh bien, elles ne sont pas obligatoires.
Pour ce qui est des pauses, les plus petites, là, on parle de 5-10-15 minutes, eh bien, elles ne sont pas obligatoires. Si votre employeur choisit d’en accorder, il doit vous les payer et les inclure dans le calcul des heures travaillées.
PAR CONTRE, si vous êtes syndiqué, votre convention collective peut prévoir d’autres conditions. Et les règles sont celles qui sont écrites dans l’entente signée entre votre employeur et votre syndicat. Il y a donc une multitude de possibilités.
Pour avoir travaillé dans le délicieux monde du service à la clientèle pendant mes études, le format populaire des environnements syndiqués ressemble à deux pauses de 15 minutes payées par quart de travail de six heures ou plus, ainsi qu’une pause-repas à durée variable.
Mais ce n’est pas comme ça partout.
Ce que ma tête dit
Dans un contexte où l’employeur n’offre pas de pauses à proprement parler, qu’est-ce qui se passe? Ça se peut que votre contrat de travail ne dise rien là-dessus. C’est mon cas.
La plupart du temps, mes pauses (celles que je me permets de prendre) consistent à continuer de travailler.
La plupart du temps, mes pauses (celles que je me permets de prendre) consistent à continuer de travailler et ma pause-repas ressemble étrangement à la définition de mes pauses, décrites ci-haut. Bon, loin de moi l’idée de faire pitié. Rien ne m’interdit d’aller manger ailleurs qu’à mon bureau. J’ai juste un peu de difficulté avec l’idée de décrocher et de respirer.
J’ai aussi le droit d’aller aux toilettes et mon temps passé à régler de gros dossiers à la salle de bain n’est jamais calculé par mon employeur.
J’en profite pour flâner sur mon cell, défiler mes feeds, juger des gens. On ne virera pas fou à propos de mon temps passé aux toilettes.
Mais c’est ça l’affaire, il y a en des gestionnaires qui virent fou pour le temps passé aux toilettes.
Les besoins essentiels
Ouaip. En 2015, les travailleurs des Tim Hortons de Sept-Îles ont été victimes d’intimidation de la part de leur employeur après l’obtention d’accréditations syndicales.
Intimidation qui se traduisait par l’interdiction d’aller aux toilettes, de boire de l’eau. Des besoins essentiels, quoi.
Les employés ne pouvaient s’absenter plus de dix minutes pour ce besoin et ce, trois fois par semaine seulement.
Et en 2016, la direction d’une usine d’abattage de Rivière-du-Loup a adopté une politique plutôt controversée sur les « pauses-pipi ». Les employés ne pouvaient s’absenter plus de dix minutes pour ce besoin et ce, trois fois par semaine seulement.
Une décision qui aurait été prise après avoir constaté des « abus » dans les pauses prises avant et après les pauses-repas et les pauses incluses dans la convention collective. Des employés ont même été pénalisés. Jusqu’à trois semaines de salaires ont été retenues par l’employeur.
Les « pauses-pipi » n’étant pas concrètement abordées dans la Loi sur les normes du travail, il y a place à « débordement ». Autant du côté de l’employeur que des employés.
La pause-clope
Vous devez avoir certains collègues qui fument? Ils ont le droit, aucun jugement ici. Mais disons que pour nos ami(e)s consommateurs de ce petit bâton de vice, le concept de pause est complètement différent que pour leurs collègues non-fumeurs.
Le problème, c’est que la pause-clope n’existe pas.
Le problème, c’est que la pause-clope n’existe pas. Techniquement, les fumeurs québécois peuvent profiter des pauses (repas et autres, si autres pauses il y a) pour fumer. That’s it. La pause cigarette n’est pas encadrée puisque fumer n’est pas reconnu comme un droit au même titre que celui d’aller aux toilettes.
Toutefois, les pauses cigarette sont très fréquentes et elles se prennent la plupart du temps à l’extérieur des pauses « normales ».
Et ça frustre beaucoup de travailleurs. Deux Québécois sur trois sont contrariés par le fait que leurs collègues prennent de nombreuses pauses-clopes.
Dans une entreprise au Japon, le sentiment d’injustice chez les non-fumeurs était tellement élevé qu’il a mené à l’adoption d’une mesure compensatoire pour les employés ne prenant pas de pauses-clopes : six jours de vacances payés supplémentaires.
Et l’impact sur la productivité? Selon une étude datant de 2013, les pauses cigarette coûtent aux employeurs 4000$ en perte de productivité par employé fumeur chaque année.
Les micropauses
Alors, comment prendre des pauses au travail, lorsqu’il n’y en a pas d’incluses dans votre contrat? C’est délicat. Parce que vous n’y avez techniquement pas le droit. Mais renseignez-vous! Même si c’est pas écrit noir sur blanc, les pauses font parfois partie de la culture d’entreprise et vos collègues sauront vous dire ce qui est acceptable ou tacitement convenu dans votre milieu de travail.
Et sachez surtout que les pauses, c’est bon pour vous et pour votre employeur.
Et ici, il n’est pas nécessairement question de prendre de longues pauses comme une marche à l’extérieur du bureau ou flâner dans une salle d’employés.
Pensez « micropauses », ces trucs simples qui permettent de briser les longs blocs de travail avant et après la pause-repas. Cette habitude permet d’être plus productif, de prendre de meilleures décisions et même de stimuler la créativité. Parce que quatre ou cinq heures de travail non-stop n’impliquent pas nécessairement un taux de productivité élevé.
Nos suggestions de micropauses
– Boire beaucoup d’eau pour aller aux toilettes fréquemment.
– Profiter de ces moments aux toilettes pour flâner sur les réseaux sociaux.
– Au lieu de discuter avec ses collègues dans des apps de messageries internes, levez-vous pour aller les voir.
– Faire un tour du carré autour du bureau, cinq minutes max.
– La micropause active : des étirements ou des exercices dynamiques légers.