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Les Ontariens sont plus propres que les Québécois
Avec les chroniques d’un (pas si vieux) « camper van », Mélanie Leblanc vous amène sur la route, la vraie. Des chemins sans filtres Instagram, pas toujours glam, souvent bordéliques, mais ô combien divertissants. À bord de John Mel & Camper, son truck de 21 ans (pas de rouille, pas de trou), c’est un départ vers la liberté… et le chaos.
Première douche à vie en Ontario, merci le Parc de Sandbanks.
Je ne pensais jamais que je serais là, à vous parler d’une douche. Une douche comme dans l’action de se laver, pas comme le féminin de douchebag. Faut comprendre : quand tu roules, tu te débarbouilles plus que tu te laves. J’ai 50 litres d’eau, ça débarbouille pas pire… Mais là, on est ailleurs, côté sanitaire. Next level.
Premièrement, tu peux te laver aussi longtemps que tu veux, gra-tui-te-ment. Au Québec, sur les quatre minutes d’eau que tu as pour un dollar, tu dois en gaspiller deux à attendre l’eau chaude. Au parc de Sandbanks, l’eau est parfaite. Mieux que chez moi. Je voudrais amener toute cette installation à la maison. Tu actives l’œil magique (même pas besoin de gosser à essayer de comprendre la bête), tu balades ta main un peu dans le vide, les yeux plein d’exfoliant et PIIIIICHHH (toute proposition phonétique pour écrire le son de la douche est la bienvenue) : le meilleur feeling qui soit avec, en prime (comme si c’était pas encore assez), la pression d’un jet faisant saliver certaines bornes-fontaines de Montréal.
Le printemps est ontarien
Le printemps, en Ontario (du moins à Sandbanks), c’est pas seulement une découverte pour nous, c’est une nouvelle tradition! Et ce, pour plusieurs raisons :
— Les douches (OK, je pense qu’on a fait le tour);
— L’absence de moustiques (voir l’anecdote plus bas pour comprendre à quel point ce point arrive en TOP de liste. Après les douches, bien sûr;
— Le dude au site 301 et son set-up de cinéma maison [juste pour le juger]. Tsé, quand le ring à feu sert de meuble pour télé plasma 42 pouces?;
— Les vignobles à visiter dans Prince-Edward County [faudra d’ailleurs qu’on m’explique pourquoi les vins sont toujours meilleurs pendant la dégustation que lorsque tu ouvres ta bouteille avec ton carbonara maison];
— L’état des routes [je sais que c’est dur à croire, mais ça existe de l’asphalte dépourvu de nid de poule];
— Les surréalistes cannabis convenience stores présents partout sur le territoire Mohawk et le prix de l’essence;
— Le patriotisme. Il y a quelque chose de beau dans le « proud to be Canadian » qui dure pas juste une journée dans l’année.
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Mettons que le truck n’a pas rechigné à boire pour 30 cennes de moins le litre!
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Ça lui va trop bien des vignes ontariennes, non?
MAIS SURTOUT…
-
- — Le lac Ontario et sa magnificence. Jean Leloup l’avait compris bien avant nous dans sa Ballade à Toronto:
- “
Jamais je n’oublierai les étoiles sur la route de Toronto / Et ce jour sur cette plage du lac Ontario”
Je suis là à vous écrire quand apparaît ceci, dans ma face.
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Set-up zéro pinterest et zéro instagrammable, mais c’est beaucoup ça la vie de vaners. Même le foie gras a pas l’air si appétissant sur une planche à découper éternellement sale, à côté d’un vieux bol de guacamole défraîchie et une gourde, sur une nappe carrautée (elle aussi sale en permanence). Bourgeois? Oui et totalement assumés. Ben semi, le pain, c’est un pain à hot-dog…
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Petit feeling de bord de mer pas désagréable du tout.
Le printemps en camper, ce n’est pas toujours parfait non plus…
Printemps 2017. Parc du Mont Tremblant, secteur de La Diable.
Il s’est passé quoi, partout au Québec, au printemps 2017? Des inondations. Il se passe quoi en période d’inondation? Des millions de copulations d’insectes qui se transforment en milliards d’oeufs de bibittes prêts à éclore au moment même où je décide de poser le pied sur notre site de camping.
Notre routine est toujours la même: quand on arrive quelque part, je sors du truck, je guide Antoine et il stationne la machine. C’est donc ce que j’ai tenté de faire, juste avant que les moustiques reniflent la chair fraîche débarquée en terrain vierge: MOI.
Évidemment, mon chum a fait son brave : “Arrête donc, c’est pas si pire que ça, les petites bibittes mangent pas les grosses… Blablabli blablablark.” Et après, il est allé pisser dans le bois. Puis j’ai entendu un doux : “Ven voyons tabarnac, y’a deux moustiques qui viennent de me piquer le pen!” retentissant derrière un sapin. Ça allait être quatre belles nuits. Oui. Quatre! Antoine partait sous peu pour six semaines de cyclotourisme en France et voulait tripper une dernière fois en camper van avant son départ. Je devrais plutôt dire “dans” le camper van.
Ça faisait 10 minutes qu’on était arrivés et si je m’étais écoutée, je serais déjà repartie. Mais je suis restée. C’est sans doute une des plus grosses preuves d’amour de toute notre relation.
La première soirée, alors qu’on comptait nos bouchées de soupe ne contenant pas de maringouins, le gardien de parc est venu nous voir:
- – Ça fait 25 ans que je travaille ici, ça fait 60 ans que j’habite la région et je n’ai jamais vu ça. Je vous trouve braves.
– C’est super gentil, mais on dirait que ça ne m’encourage pas, que je lui réponds.
– Un moment donné, tu vas péter ta coche, ton chum aussi. Mais pas en même temps. Dites rien et attendez que la coche passe. C’est ce qu’il y a de mieux à faire. Même moi je me cache dans mon pick-up dans ce temps-là. Bonne chance.
– Vous pouvez pas nous laisser comme ça! Dites-nous au moins que ce sera moins pire demain matin, genre?
– Si tu savais. Bonne soirée à vous deux.
Et j’ai su.
J’ai su que le secteur de La Diable du Mont Tremblant compte au moins trois espèces de moustiques piqueurs qui ont chacune leur petites mignonnes habitudes de vie de marde.
Il y a d’abord les maringouins qui ne prennent jamais de break. JA-MAIS. Feu pas feu, watkins pas watkins, y’a rien à leur épreuve. Mais bon, tu réussis à t’en débarasser dans le truck, une fois le temps de dormir, pis tout va bien. La nuit se passe donc sans grand souci. Jusqu’aux premières lueurs du jour…
Je peux vous confirmer qu’au printemps 2017, le soleil s’est levé à 4h17 au moins quatre matins de suite. Comment je sais ça? À cause des FUCKING brûlots, gros comme un grain de sel, qui réussissent à passer AU TRAVERS DES MOUSTIQUAIRES. Je dis “brûlots”, mais je devrais plutôt dire petites-crisses-d’étincelle-de-feu-qui-te-brûlent-la-peau-sans-merci.
Après avoir mangé tout ce qu’elles pouvaient manger, les petites merdes laissent ta peau aux mouches noires, qui elles, ont réussi à trouver avant nous les failles du truck. Mouches noires, ou, leur synonyme latin: petites-crisses-de-cannibales-qui-CROQUENT-dans-ton-épiderme-en-repartant-avec-une-bouchée-grosse-comme-leur-corps. Fières de leur coup, les petites-crisses-de-cannibales-etc ont vite montré le chemin du bon sang aux maringouins.
J’ai cru dormir en plein insectarium pour la première et dernière fois de ma vie, quitte à ne plus jamais remettre les pieds dans les Laurentides. Quitte à recouvrir le truck au grand complet au duct tape. Le duct tape, meilleur ami du vaner…
Mais ça, c’était AVANT de connaître Sandbanks, le printemps à Sandbanks, l’absence de moustiques à Sandbanks, etsurtout, les fabuleuses douches ontariennes (OK ma yeule).
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On a beau avoir deux ronds au propane, un BBQ, un petit four, un micro-ondes et trois ronds au butane, y’a rien de plus “mâle” que de faire la cuisson direct sur le feu. «En plus, tu devrais me remercier, ça éloigne les moustiques», qu’il m’a dit. L’expérience lui fait maintenant dire que NON. La fumée n’éloigne pas les maringouins! Un bref regard à ses pieds permet de réaliser à quel point il a eu mal “aux piqûres” dans ses petites chaussures de vélo trop serrées, pendant les semaines qui ont suivi.