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Les meilleures histoires de partys du Nouvel An: des employé.e.s de bars et de restos racontent
Le 31 décembre approche à grands pas, mais il sera encore une fois différent cette année. Pas de gros partys, pas de bouteilles de mousseux éclaboussées sur le dancefloor. Si personne ne peut réellement se dire satisfait.e du fait que ce sera un autre Nouvel An très chill, il y a des gens qui ne sont pas si tristes que ça de ne pas travailler ce soir-là!
Pour certain.e.s employé.e.s de bars et de restos, le 31 décembre est un genre de monstre, un peu comme le boss final d’un jeu vidéo. T’as travaillé fort toute l’année, et pendant une nuit, tu revis tous tes pires (et meilleurs) moments en un seul shift. Demandez à vos proches qui ont déjà passé un Nouvel An derrière le bar ou en cuisine, ils auront assurément une bonne histoire!
Pour célébrer la résilience des travailleuses et travailleurs du domaine de l’hospitalité, et pour nous donner un peu de FOMO des partys qui n’auront pas lieu, voici quelques-unes des meilleures histoires de shift du Nouvel An qu’on a recueillies.
Francis : la torche humaine
« So, ça s’est passé un 31 décembre quand je travaillais comme serveur dans un bar mythique de la ville. Chaque année, quelques minutes avant le décompte de fin d’année, les serveurs distribuaient des feux de Bengale à tous les clients du bar.
Étant donné qu’environ 1000 feux de Bengale, ça fait beaucoup de fumée, je passais mes dernières secondes de l’année à tenir une porte de secours entrouverte pour laisser sortir la fumée. À l’époque, j’avais déjà quelques années d’ancienneté, alors je travaillais au deuxième étage (généralement plus payant).
«Une ambulance a été appelée, et le client a pu skipper la ligne pour le vestiaire!»
C’est entre deux textos de “Bonne année!” que j’aperçois une lumière vive sur le dancefloor au premier étage. Ce qui devait éventuellement arriver arriva : un p’tit coco a eu la brillante idée de toucher la chemise d’un de ses amis avec son feu de Bengale. Un de nos clients, l’espace d’un instant, s’est transformé en torche humaine.
Il aura fallu des brûlures profondes de deuxième degré pour que le bar cesse de donner des feux de Bengale au Nouvel An. Évidemment, une ambulance a été appelée, et le client a pu skipper la ligne pour le vestiaire! »
Calvin : intoxication au champagne
« C’est mon premier quart de travail au Nouvel An. Je suis busboy dans un restaurant cossu, mais pour la soirée, on m’a donné une promotion. Une marque célèbre de champagne a installé un kiosque, et on m’a demandé de m’en occuper. Je n’ai qu’une seule mission, popper des bouteilles et en servir à quiconque en veut, toute la soirée!
Une de nos anciennes collègues arrive, accompagnée de deux de ses amies. Je leur sers une première ronde, puis une deuxième. Un peu avant minuit, elles viennent me voir et me demandent si elles peuvent avoir une bouteille pour la popper quand sonnera le Nouvel An. Je trouve ça drôle, je leur donne et j’y repense pas trop.
Quelqu’un est tombé dehors, il faut vite appeler une ambulance.
Cette bouteille terminée, elles REVIENNENT m’en demander une autre! Aujourd’hui, je me rends compte qu’on aurait probablement dû arrêter ça là, mais j’étais à peine un adulte, je n’avais pas d’expérience, et pour être honnête, j’étais aussi pas mal soûl. Je donne une dernière bouteille à mon ancienne collègue, et elles disparaissent. Une de ses amies revient et s’accoude à mon kiosque. On se met à parler, et je remplis son verre au fur et à mesure.
Ses copines viennent la chercher et elles sortent pour fumer. Je commence tranquillement à fermer le kiosque, quand un autre busboy rentre affolé. Quelqu’un est tombé dehors, il faut vite appeler une ambulance. On aura appris plus tard que l’amie de ma collègue a eu une intoxication à l’alcool, après avoir bu trop de champagne. Elle a dû être admise à l’hôpital et a vite guéri, mais j’ai eu très peur d’avoir tué quelqu’un ce soir-là! »
Julien : Please don’t stop the music
« Un 31 décembre, je suis DJ dans un resto-bar. La gérante essaie vraiment trop de plaire à son crowd hétéroclite et me demande de mettre de la musique “pour tout le monde”.
À un moment donné, elle me demande de laisser une personne brancher son téléphone pour mettre sa propre musique, “parce qu’elle est une potentielle investisseuse dans le resto, qui a des difficultés financières”. Elle commence à faire jouer du deep house baléare/grec. Après 3-4 tounes, elle ne veut pas lâcher.
Je demande à la gérante ce qu’elle veut faire. Elle n’ose rien lui dire parce qu’elle ne veut pas lui déplaire. Je quitte illico les lieux.
Je me suis toujours demandé de quoi la face de la gérante avait l’air une fois qu’elle s’est rendu compte que j’étais parti et que sa soirée allait finir sur fond de mauvais house avec des silences entre les tounes. »
Jean : nez brisé, amour trouvé
« J’avais 18 ans, c’était mon premier party du 31 dans un bar, j’étais busboy. Pour l’occasion nous avions le droit de nous habiller chic, alors pour faire le beau devant l’équipe de barmaids, je m’étais muni d’un nœud papillon noir avec une chemise blanche neuve. Un vrai petit paon.
La place était bondée et contrairement aux soirées habituelles, où le sommet dansant se situe vers 1 h 30 ou 2 h, il était 11 h 30 et c’était déjà l’enfer. On manquait de bouteilles, de verres propres, de glace. Un bordel classique, mais un peu hâtif.
Dans une envolée héroïque, j’ai sauté en donnant un coup de pied joint en plein milieu du dos de l’agresseur.
Puis, quand est arrivé le fameux décompte de minuit, j’étais au bar à hurler avec tout le monde, quand mon regard s’est arrêté sur le backstore, où mon collègue busboy se faisait littéralement marteler de coups par un client. Cet employé était un peu mon mentor, alors sans penser à rien, j’ai couru et dans une envolée héroïque, j’ai sauté en donnant un coup de pied joint en plein milieu du dos de l’agresseur.
Nous nous sommes effondrés au sol ensemble, libérant ainsi mon pauvre collègue de de l’emprise de son assaillant, mais quand je me suis relevé, ce dernier m’a collé une droite parfaite sur le nez qui s’est mis à pisser le sang. Je voyais plus rien alors que j’entendais au loin les centaines de fêtards célébrer le Nouvel An.
Quelques secondes plus tard, un portier et ancien culturiste l’a saisi comme une poche de patates et l’a levé de terre pour le sortir du bar. En quittant, il a réussi à donner un coup de pied fracassant sur un écran de service.
Ma belle chemise blanche était couverte de sang. Les barmaids étaient horrifiées. On n’a jamais su les motifs derrière cet excès de violence gratuite. Mais ce fut un mal pour bien, car ma bravoure n’a pas passé inaperçue et j’étais en couple le lendemain matin. »
Harold : « Papa? Désolé de te réveiller, mais… »
« Un 31 décembre, je travaillais dans un joli restaurant dans la Cité Multimédia, à Montréal. Je m’occupais d’un groupe dans une salle spéciale au deuxième étage, et je faisais le shift avec un de mes très bons amis.
C’était un groupe de 50, dans la mi-vingtaine, et les dépenses ne semblaient pas les préoccuper. Tout ça était très festif, ce qui rendait mon travail un peu plus difficile, et ils étaient assez exigeants.
J’ai imprimé le bill et l’ai amené au client. L’addition s’élevait à 22 000 $; la face lui est tombée.
Vers 4 h du matin, j’ai fait un last call et j’ai demandé les informations de paiement. On m’a dit qu’il n’y aurait qu’une seule facture.
J’ai imprimé le bill et l’ai amené au client. L’addition s’élevait à 22 000 $; la face lui est tombée. Il disait que ça se pouvait pas, qu’il devait y avoir une erreur. Je lui ai expliqué qu’ils étaient 50, qu’ils avaient eu droit à un menu spécial, qu’ils avaient beaucoup bu, et de bonnes bouteilles. Je lui ai aussi rappelé qu’on leur a gracieusement offert certaines choses. Il essayait de s’en sortir, mais je persistais.
Il m’a alors dit que si je coupais la facture en deux, il me paierait en argent comptant. J’ai dû lui rappeler que, dans notre restaurant, tout était comptabilisé et qu’une telle magouille ne serait pas possible. Il a donc essayé de faire la transaction avec sa carte de crédit, mais elle a été refusée. Il s’est mis à devenir baveux avec moi, le ton a levé un peu et ses amis ont tenté d’intervenir. Ils essayaient de payer avec leurs cartes, mais évidemment, aucun d’eux ne possédait ce genre de montant.
Finalement, rendu à 4 h 30, j’ai fini par me fâcher et lui ai donné un ultimatum : il avait 10 minutes pour trouver un moyen de payer, ou ça se réglerait avec la police. Il a donc fini par appeler son père, qui dormait. Celui-ci a dû me donner son numéro de carte de crédit par téléphone pour payer, en s’excusant pour son fils.
Ç’a été mon dernier shift un 31 décembre. »