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Les histoires d’échecs retentissants nous fascinent. Pourquoi donc?
Faites-vous partie du public grandissant qui prend un certain plaisir à regarder les histoires de personnages plus grands que nature catapultés au sommet du succès et qui perdent (presque) tout par la suite?
Depuis quelques mois, des séries comme The Dropout, sur Disney+, et Inventing Anna, sur Netflix, nous font découvrir des escrocs qui ont utilisé un shortcut vers le top avant de se ramasser avec un compte bancaire à 0.
Dans la même veine, la série WeCrashed, diffusée sur Apple TV, nous raconte la montée fulgurante (et le crash subséquent) du cofondateur de la compagnie WeWork, Adam Neumann.
Et que dire du film Norbourg, qui raconte l’histoire bien québécoise du fraudeur Vincent Lacroix?
Qu’est-ce que cette fascination dit sur nous? Sommes-nous guidé.e.s par notre Shadenfreude (le petit plaisir de voir quelqu’un se planter)? Notre cynisme envers les plus puissant.e.s de ce monde? Explorons cette nouvelle fascination!
Que le meilleur perde!
L’un des plus beaux cadeaux (empoisonné) de l’Internet, c’est d’avoir accès à de l’information sur presque tous les lifestyles de la planète. Il y a toujours des gens plus beaux et plus jeunes qui pratiquent le « LIVE, LAUGH, LOVE » au soleil comme job 40 heures par semaine qui se faufilent dans notre feed. À la longue, ça peut abîmer notre ego et nous donner (s’cusez l’expression de 2012), le FOMO!
Voir quelqu’un se casser la gueule est un stimulant pour l’affirmation de soi et pour L’ego.
Ainsi, si vous trouvez un malin plaisir à voir du monde comme Elizabeth Holmes, une entrepreneuse qui a fondé une start-up sur la base de mensonges avant de se faire prendre, vous faites l’expérience de la Shadenfreude. Parce que voir une (fausse) milliardaire qui fait un mauvais cosplay de Steve Jobs se planter n’est pas juste divertissant, ça nous fait aussi nous sentir mieux.
« Si quelqu’un apprécie le malheur des autres, c’est qu’il y a quelque chose dans ce malheur qui est bon pour cette personne », a déclaré Wilco W. van Dijk, un chercheur qui a mené une étude sur la Shadenfreude. En gros, voir quelqu’un se casser la gueule est un stimulant pour l’affirmation de soi et pour l’ego. En gros, quand on se compare, on se console!
D’ailleurs, selon la même étude, les personnes ayant une faible estime d’elles-mêmes étaient à la fois plus susceptibles de se sentir menacées par quelqu’un de surdoué et de ressentir de la Schadenfreude. Ainsi, si vous trouvez fréquemment à apprécier les fails des autres, dites-vous que vos propres malheurs pourraient aussi faire le bonheur des autres!
La morale du Dîner de cons le résume bien : « On est toujours le con de quelqu’un! »
Ça pourrait m’arriver!
En 2022, personne n’est à l’abri d’une fraude potentielle. D’ailleurs, on connaît à peu près tous et toutes quelqu’un qui a été victime de la méga fuite de données chez Desjardins. Ainsi, un documentaire comme celui sur l’infâme Fyre Festival sert de une mise en garde… et l’être humain en raffole!
En consommant ce genre de contenu, nous pouvons apparemment apprendre à mieux identifier les situations frauduleuses.
Selon Pamela Rutledge, directrice du Media Psychology Research Center, nous sommes « biologiquement conçu.e.s pour porter attention au danger », ce qui explique en partie notre fascination collective pour les histoires de fraudeurs et de mythomanes coupé.e.s de la réalité.
En consommant ce genre de contenu, nous pouvons apparemment apprendre à mieux identifier les situations frauduleuses et ainsi développer un meilleur sentiment de sécurité!
Nice guys finish last
Les imposteurs se faufilent au sommet depuis des années, et à la longue, il est facile de devenir cynique face à la réussite. Que ce soit en politique, avec le président Donald Trump, en musique (qui se souvient de Milli Vanilli?) ou même en gastronomie (what’s up Giovanni Apollo?!), il y a toujours une gang qui vit soit dans le déni, soit avec des squelettes dans le placard.
Malheureusement, la culture populaire ne cesse d’alimenter notre cynisme avec du contenu léché qui n’attend que d’être bingé! Par contre, ce cynisme pourrait vous coûter cher sur le plan professionnel. Selon une étude de l’American Psychological Association, le cynisme pourrait avoir un effet négatif sur vos revenus au fil du temps!
En somme, les gens qui pensent que les autres sont des exploiteurs et des personnes malhonnêtes sont susceptibles d’éviter les projets de collaboration et de renoncer aux opportunités professionnelles qui en découlent.
Finalement, il faut en prendre et en laisser et continuer à vivre notre vie sans trop se comparer à ceux et celles qui semblent l’avoir mieux que nous. Après tout, on porte tou.te.s des masques!