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« Les conseils pour économiser à l’épicerie ont leur limite », déplore le nutritionniste urbain

Le chroniqueur Bernard Lavallée partage ses pires et ses meilleures dépenses (en en profitant pour faire une montée de lait sur l’inaction de nos gouvernements).

Par
Florence La Rochelle
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Vous vous esclaffez devant ses memes viraux sur Instagram, vous l’écoutez son émission On s’appelle et on déjeune sur Ohdio et vous lisez son dernier livre, À la défense de la biodiversité alimentaire  : le nutritionniste urbain, alias Bernard Lavallée, est devenu une figure incontournable au Québec quand il est temps de réfléchir à notre rapport à l’alimentation.

Dans le contexte d’inflation alimentaire actuel, difficile de parler de bouffe sans parler d’argent. Je me suis donc entretenue avec lui pour comprendre comment il gère son portefeuille– et son panier d’épicerie.

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Es-tu plus dépensier ou économe?

Économe! Je me sens mal de dépenser de l’argent. J’aime pas ça. Pourtant, je suis chanceux, j’ai jamais manqué d’argent dans ma vie.

Cela dit, il y a des trucs pour lesquels je ne me sens pas mal de dépenser. Je ne me suis jamais empêché d’acheter des livres, par exemple. Là-dessus, je dépense sûrement pas mal plus que la moyenne des gens.

Quel est le dernier achat dont tu ne peux plus te passer?

Y a un achat que j’ai fait il y a plusieurs années, et encore aujourd’hui, je me dis : « mon Dieu que c’est un bon achat! » C’est mon Soda Stream. C’est rare que je dise ça, mais tous les jours, je l’utilise, et tous les jours, je suis heureux de l’utiliser. Je sais que c’était vraiment une bonne dépense.

Je suis contre l’achat de bébelles pour la cuisine.

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Souvent, je parle du fait qu’on se fait avoir par le marketing, qu’on n’a pas besoin de tous ces accessoires pour faire tout ce qu’on veut, mais cet accessoire-là en particulier, mon Dieu qu’il me procure du bonheur.

Quelle est la dernière dépense que tu as regrettée?

Dernièrement, j’avais un mariage, et j’ai acheté un vêtement neuf. Je l’ai mis une fois au lavage et il est tout délavé.

C’est tellement cheap, les vêtements, aujourd’hui! Je ne suis pas habitué à ça parce que tout ce que j’achète, c’est des vêtements des années 1990. Je peux les laver et ils ne seront pas détruits. À la base, le fast fashion, c’est contre mes valeurs.

Une dépense rêvée, mais hors de prix?

Je voyagerais vraiment plus souvent, si j’avais plus d’argent. Je serais toujours parti!

Quelle est la plus grande leçon que tu as apprise sur l’argent?

La seule chose dont mes parents m’ont parlé, par rapport à l’argent, c’était qu’il fallait que j’en mette de côté.

Quand j’ai eu 18 ans, ils m’ont ouvert un REER et ont mis de l’argent dedans pour moi. J’avoue que ça m’a marqué et que ça a teinté ma façon de voir les choses.

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Qu’est-ce qui se retrouve systématiquement dans ton panier d’épicerie?

Mon épicerie est vraiment de base : des fruits, des légumes, des grains. J’achète des sacs de légumes congelés, du fromage, du tofu, mais pas des plats déjà préparés – je n’achète aussi pas beaucoup d’aliments transformés. Souvent, je suis un peu déçu quand j’en achète. Tant qu’à ça, je préfère faire le plat moi-même ou aller au resto.

Ce qu’il faut savoir, aussi, c’est que j’aime pas tant cuisiner. Je pense que c’est important de cuisiner pour ne pas être dépendant de l’industrie agroalimentaire, mais je ne me dis jamais : « Yes, je vais essayer une nouvelle recette! ». Souvent, je cuisine des trucs de base, des « raccourcis » qui ne vont pas me coûter trop cher, qui vont être bons pour ma santé et qui ne seront pas trop longs à cuisiner.

Quels sont tes trucs pour économiser sur l’épicerie?

La plupart des trucs pour économiser sur l’épicerie, on les connaît tous. Dans le contexte économique actuel, les gens les utilisent depuis déjà un bon moment.

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Moi, j’ai changé de chaîne d’épicerie depuis un bout de temps. Beaucoup de gens ont switché de bannière pour payer moins cher. Après tout, il y a une limite aux trucs pour économiser à l’épicerie.

Qu’est-ce qui te frustre le plus par rapport au prix des aliments?

On est dans un contexte économique difficile, les aliments coûtent cher, les salaires ne suivent pas et l’insécurité alimentaire est en hausse. On ne répond plus à la demande et les conseils pour économiser à l’épicerie ont leur limite. Quand tu fais déjà tous les trucs, on ne peut plus tirer sur l’élastique.

Il y a une injustice à dire aux gens : « Arrêtez de manger au resto! Mangez végé seulement! Prenez des coupons rabais! Cuisinez tous vos repas! »

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C’est une charge mentale immense qu’on leur met sur les épaules. Puis, même si on les applique tous, on n’y arrive pas.

Le problème, ce n’est pas qu’on n’arrive pas à économiser. C’est pas nous, le problème. C’est le système agroalimentaire qui est brisé, qui fait qu’on n’est pas capables de répondre à un besoin fondamental : le droit à une saine alimentation. Ça, c’est la faute de nos gouvernements. Cest eux qui doivent mettre la main à la pâte. Nous, on en fait déjà assez.

Quel aliment ou produit coûte trop cher, mais tu ne peux pas t’empêcher de l’acheter?

Des boules de mozzarella fraîche. Ça, ça coûte vraiment cher. Mais c’est un truc que j’aime avoir parce que je peux facilement l’utiliser pour me faire une salade ou une pizza. Et puis, c’est juste vraiment bon.

Le prix n’a aucun sens, mais ça reste un aliment qui est un peu de base pour moi, parce que c’est une source de protéine dans mon alimentation. Alors j’avoue que ça, je ne m’en passe pas.

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Le resto montréalais avec le meilleur rapport qualité-prix?

J’aime beaucoup le Quartier chinois. Il y a là un resto qui s’appelle Chez Chili. (Tant pis si c’est un secret qui ne sera plus gardé!) C’est vraiment, vraiment, vraiment bon et selon moi, le rapport qualité-prix y est vraiment excellent.

La diète la plus dispendieuse que tu connais?

Il y a des compagnies qui vendent des jus de fruits et de légumes frais (tout simplement) pour des centaines de dollars par jour. Ça, c’est complètement ridicule. Toutes les diètes qui impliquent de consommer beaucoup de fruits et de légumes frais, souvent, coûtent vraiment cher, parce que tu gaspilles la moitié de l’aliment pour le transformer en jus.

Les diètes sont un peu une façon de se distinguer socialement. Certaines sont inaccessibles pour bien du monde, et donc, c’est juste les riches qui y ont accès.

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