Une arrivée trop précoce dans le monde, ce n’est plus ce que c’était. Aujourd’hui, les prématurés de plus de 27 semaines ont plus de 90% de chances de survie. Si les bébés sont nés entre 23 et 27 semaines de gestation, les chances s’élèvent maintenant à plus de 60%. Quand on sait que les bébés prématurés représentent plus de 6 000 naissances par année au Québec, disons que ces statistiques sont plutôt encourageantes.
Ces petits miracles qui surviennent tous les jours, mais qui sont de plus en plus nombreux depuis environ 20 ans, grâce à un travail de collaboration entre chercheurs, et qui a de quoi rassurer les nouveaux parents qui traversent cette épreuve.
Une affaire de technologie
En vérité, les statistiques s’améliorent sans cesse et ce, depuis 10 ans. La raison? Une plus grande collaboration entre les médecins et chercheurs. « Le Québec était dernier de peloton au Canada, mais on est maintenant parmi les meilleurs au monde », se réjouit Bruno Piedboeuf, professeur de pédiatrie et directeur de recherche en médecine néonatale au CHU de Québec.
Le tout est le résultat d’une série de petites avancées, qui, mises ensemble, font toute la différence. Notamment… de meilleurs ordinateurs.
« Les prématurés ont des poumons immatures », explique le chercheur. « Ils sont très petits et contiennent un volume d’air de seulement 2 à 3 mL. Leur respiration est également très rapide : il nous faut donc des ventilateurs très précis et qui peuvent suivre le rythme », poursuit-il. Et qui dit ventilateur précis, dit ordinateur précis. Mais dans les années 1980-1990, alors qu’il fallait 15 minutes pour se connecter à Internet, difficile de trouver un ordinateur capable de s’adapter à la vitesse de ces petits poumons.
Comme quoi, il n’y a pas que nos soirées Netflix qui profitent de l’Internet haute vitesse.
D’autres mesures ont également contribué aux chances de survie des bébés prématurés. En voici quelques-unes :
Les prématurés sont nourris plus rapidement
Avant, l’alimentation parentérale, soit par intraveineuse, commençait à 3-4 jours de vie, et le gavage à 2 semaines. Aujourd’hui, l’alimentation commence dès le premier soluté et le gavage, dès le premier 24 heures.
De plus, avec la création de la banque de lait maternel de Héma-Québec, les prématurés profitent de tous les bienfaits du lait. C’est une différence qui n’est pas si importante pour les enfants nés à terme, mais qui est majeure pour les bébés prématurés.
L’environnement est moins stérile
Les médecins s’assurent de reproduire davantage l’environnement bactérien que l’on retrouve dans l’utérus.
« On a longtemps cru que l’utérus était stérile, mais on sait aujourd’hui que ce n’est pas le cas et on connaît maintenant l’importance des bactéries de la flore intestinale pour la bonne santé des bébés », explique le docteur Piedboeuf.
La coupe du cordon est retardée
La naissance est un choc. Dans l’utérus, le bébé utilise à peine ses poumons et tout change brusquement quand il naît. Pour le bébé prématuré, il est bénéfique de rester un peu plus longtemps connecté au placenta, qui joue le rôle de poumon.
En prime, le placenta envoie une dernière dose de sang qui peut aider le nouveau-né à affronter la vie extérieure.
Les parents sont plus impliqués
Dans certains hôpitaux, il y a des chambres uniques qui permettent aux parents de passer du temps seuls à seuls avec bébé. Les parents vont porter le bébé en kangourou, changer la couche, donner le bain…
« On vise une présence d’au moins 6 à 8 heures à l’hôpital par jour pour les parents. Le plus déterminant, ce n’est pas l’âge, ni le poids, mais la famille dans laquelle le bébé se trouve », conclut le docteur Piedboeuf.